Nathan Drake et ses compagnons d'(in)fortune sont de retour dans un quatrième et dernier opus afin de conclure leurs aventures commencées il y a bientôt 10 ans sur PS3. Après 4 ans de développement et un changement d’équipe en cours de route, c’est avec brio que la série touche à sa fin.
Indiana Croft McLane
Premièrement, pardonnez-moi pour le jeu de mot du titre, mais j’ai épuisé toutes mes ressources dans mon test de The Nathan Drake Collection. Ensuite, disons-le tout net, j’attendais cette suite avec impatience. Pourquoi? Mais pour Neil Druckmann voyons! Chef de projet, il s’est absenté de la série pendant Uncharted 3 pour aller réaliser un petit jeu passé quasi inaperçu… The Last Of Us, ça vous dit quelque chose? Sarcasme mis à part, le manque s’est cruellement ressenti. Alors que le 2ème volet des aventures de Nathan fut pour beaucoup le meilleur des trois, le 3ème était plus en demie-teinte. Le talent narratif de N.D. (Druckmann, pas Drake) étant indéniable, voyons voir ce qu’il nous a préparé pour ce volet.
Pour ceux qui, comme moi encore récemment, n’auraient jamais joué à un Uncharted, vous contrôlez Nathan Drake à la 3ème personne. A mi-chemin entre Lara Croft et Indy, Nate est un voleur, un explorateur, un petit rigolo, mais surtout un sacré poissard. Chaque jeu vous emmène sur les traces d’explorateurs célèbres, généralement pour retrouver leur(s) trésor(s). Cette fois-ci, Nathan sort de sa retraite pas si dorée pour aider son frère à retracer la vie du pirate Henry Every et les 400 millions qu’il aurait dissimulé avant sa mort. Qui dit pirate dit environnements paradisiaques, et vous serez servis. Je préfère minimiser les spoilers et vous laisser découvrir, mais comme d’habitude avec les Uncharted vous serez baladés aux quatre coins du monde…!
L’effet wow
La première chose qui saute aux yeux, c’est les graphismes. Quoi?! Ma PS4 est capable de prouesses pareilles? C’est beau, mais c’est beau! J’avoue avoir passé quelques minutes à me promener dans les hautes herbes pour admirer chaque brin animé individuellement, pendant que les cheveux de Nathan font pareil. Quand j’avais vu les premières images du jeu, la petite voix sceptique au fond de ma tête n’avait pu s’empêcher de me souffler un «ouais mais c’est pré-rendu, et toute façon ils font sûrement tourner ça sur des PC pleins de stéroïdes pour nous appâter». Hé bien non, c’est vraiment superbe. Les environnements sont grands et la végétation est luxuriante, on sent bien l’influence de Last Of Us de ce côté là. D’ailleurs, quel plaisir de retrouver la voix de Joel, Troy Baker, en la personne du frère à Nathan (en tous cas dans la VO, dans la VF c’est Lionel « Parker Lewis » Tua qui s’y colle).
Un effort a été fait pour toujours laisser au joueur le choix entre plusieurs chemins pour arriver à la même destination et donner ainsi un sentiment de liberté. C’est anecdotique, mais justement L’équipe du studio Naughty Dog a le souci du détail et ça se ressent. Ce jeu ne devrait vraiment pas se faire rapidement et mérite d’être apprécié! De la faune qui fuit sur votre passage, au mobilier ultra détaillé des ruines que vous parcourez, en passant par les civils qui semblent tous avoir une histoire, rien n’a été copier-coller et c’est toute cette myriade de petits riens qui rendent l’aventure immersive au possible. Un exemple: alors que je me perdais sur un marché exotique, je rentre dans un bâtiment officiel avec des gens qui font la queue pour obtenir un visa. En bon chasseur de trésors que je suis, je décide de faire le tour de la salle pour voir s’il n’y a pas quelque chose à ramasser. J’essaye donc de passer au travers de la file pour ne pas avoir à faire le tour, et c’est à ce moment-là qu’un civil me repousse et me dit de faire la queue comme tout le monde. Du détail certes, mais ce n’en est qu’un parmi tant d’autres qui rendent le jeu incroyablement vivant!
Naughty Dog a essayé de varier les plaisirs au maximum et les phases de shoot, qui constituaient la majeure partie du gameplay (avec les phases d’escalade) dans Drake’s Fortune (le 1er donc), ne sont plus qu’une maigre partie des réjouissances. Dans la veine du 3ème, les combats à mains nues ont pris bien plus d’importance, pareil pour les passages en véhicule et l’exploration. Heureusement, au fil des sorties, les phases de shoot se sont grandement améliorées et sont maintenant assez agréables. L’infiltration, elle aussi toujours présente, est en revanche parfois pénible. Dans toute la surenchère et la grandiloquence des Uncharted, je trouve ces phases furtives parfois un peu forcées, mais ça n’engage que moi. Si vous êtes un impatient, vous allez vite vous retrouver à dégommer tout le monde en courant partout comme un petit fou, bien que cela rajoute une certaine difficulté en faisant apparaître plus d’ennemis.
Parmi les petits plus, toujours la présence d’un mode photo qui fera ressortir en vous le photographe que vous n’avez jamais été, ainsi qu’une pléthore de modificateurs disponibles après avoir fini l’aventure une première fois. Ceux-ci offrent une certaine rejouabilité grâce à la possibilité d’habiller les personnages comme bon vous semble ou de changer le jeu en 8-bit, juste pour le délire. Certains sont plus utiles comme les munitions infinies et permettent d’apprécier le jeu différemment ou simplement d’avoir une aide bienvenue.
En terres inconnues : le film
Impossible ne pas comparer A Thief’s End à un film, que ce soit dans la narration ou l’image, les phases de gameplay étant très régulièrement entrecoupées de cinématiques. Après avoir fait les trois premiers, certains retournements de situation deviennent certes un peu téléphonés, mais on ne devine souvent qu’une partie et la surprise est toujours présente. Cependant, rarement un jeu ne vous aura «collé au fond de votre siège» (pour reprendre une expression de cinéaste) comme peut le faire ce volet: certaines scènes sont tout bonnement impressionnantes, que dis-je épiques d’intensité, et sauront vous décrocher la mâchoire comme seuls quelques films ont su le faire avant.
Le problème d’un film, c’est que ça dure (souvent) 1h30 à 2h et que c’est une expérience, a priori, passive. Le jeu étant un medium interactif (hein David Cage?), le joueur se retrouve bien plus impliqué dans l’histoire et ses personnages. Tellement impliqué que la moindre faute d’écriture est dure à pardonner. Je comprends bien l’intérêt de rendre ce nouvel opus accessible aux nouveau-venus, mais la façon dont le personnage d’Elena a été traité m’a fait grincer des dents. Dans Uncharted 2, Elena est LA définition d’une fille qui n’a besoin de personne pour prendre soin d’elle. Au début du 4, on la retrouve en petite femme au foyer pleurnicharde. On pardonnera cet écart à Naughty Dog qui semblent être des grands féministes et on les remercie d’être parmi-ceux qui proposent régulièrement autre chose que la femme potiche, qui ne sert qu’à valoriser le héros.
La foire de l’empoigne
Le multijoueur est, comme on a pu le voir avec Founet dans la beta, très jouissif. Mis à part les mille et une manières de personnaliser son avatar – et faire sonner des vrais sous au passage, grâce aux acheteurs compulsifs – le machin est vraiment sympa et bien balancé. Vous avez droit à un magasin en jeu qui vous permet d’acheter pouvoirs et compagnons contrôlés par l’IA, tout ceci avec l’argent virtuel que vos frags vous rapportent. À vous ensuite de pondérer vos dépenses pour massacrer l’ennemi. Lorsque vous vous créez un paquetage personnalisé, chaque élément vaut un certain nombre de points et il y a un total à ne pas dépasser pour garder un certain équilibre, donc pas moyen de se balader avec un RPG, un lance-grenades, 4 compagnons et 3 pouvoirs spéciaux… Mais vous pouvez quand même privilégier certains aspects (armes lourdes plutôt que pouvoirs par exemple), au détriment d’autres si cela correspond plus à votre style. Bien vu! Le multi a beaucoup à offrir et l’effort fourni se fait de nouveau ressentir: en ligne j’ai toujours préféré les jeux en vue subjective (j’avais complètement zappé cette partie dans le 3ème volet, honte à moi), mais j’avoue que les petits gars de Naughty Dog ont réussi à mettre en place quelque chose de prenant qui vous occupera un bon moment.
Le Mad Max : Fury Road du jeu vidéo
Vu les parallèles indéniables (si si) que j’ai pu tirer entre le cinéma et la franchise, j’enfoncerai le clou en comparant Uncharted 4 au dernier Mad Max (le film, pas le jeu). Après une longue absence, leurs papas respectifs sont revenus donner une leçon à tout le monde sur «comment qu’on fait de l’action qui poutre». Qui aurait cru à l’époque que Naughty Dog, les créateurs de Crash Bandicoot, délivreraient parmi les histoires les plus prenantes du jeu vidéo quelques années plus tard? Je reviens encore et toujours sur Last Of Us qui m’a marqué pour une vie et me rend nostalgique chaque fois que j’y repense (sérieusement, allez le faire tout de suite si ce n’est pas encore fait). Uncharted est à l’autre bout du spectre avec de l’action intense et de la légèreté, mais toujours cette envie de rendre l’aventure vivante, d’embarquer le joueur dans une course folle et de ne pas le lâcher. Chose que vous ferez également avec votre manette pendant 10 à 15 heures!
Uncharted 4 est beau, prenant, intense, et les superlatifs me manquent. Je ne vois pas vraiment quel reproches on pourrait lui faire si ce n’est peut-être que la durée de vie et la rejouabilité sont limitées, mais c’était soit ça, soit le jeu ne serait pas le joyau qu’il est. En conclusion : merci Naughty Dog de nous rappeler une fois de plus pourquoi nous sommes fans de jeu vidéo, et vivement leurs prochains titres.
9 Palmes d’or sur 10.
Jeu disponible uniquement sur PS4.