Qu’est-ce qui se passe si on mélange la franchise des Fire Emblem avec Harry Potter et Game of Thrones ? Pas de Chocapics, mais Fire Emblem: Three Houses. Ce qui n’est pas si mal, parce que ça risque de nous occuper plus longtemps qu’un bol de céréales.
Pratiquement inconnue il y a dix ans en Europe, il est désormais impensable qu’un suppôt de Nintendo n’ait pas entendu parler de la série Fire Emblem. Entre les récents remakes (Echoes), les hors-série (Heroes, Warriors), les caméos (série des Smash Bros.) et les opus officiels (Awakening, Fates), difficile de passer à côté. Pour son retour sur console de salon, Fire Emblem: Three Houses nous propose – tout comme dans Fates – de choisir son camp dès le début du jeu et d’influencer le déroulement de l’intrigue. Grande nouvelle, trois maisons sont à choix pour l’achat d’un seul jeu, contre trois factions pour trois jeux dans la série Fates… Appelons ça un progrès.
Les trois maisons en question sont en fait des alliances entres familles nobles qui se partagent le continent, toutes en paix au début de l’histoire. Tous les clans envoient leurs héritiers à l’Académie des officiers, à la fois école et place forte de l’Église de Seiros. Cette dernière, en charge de l’enseignement, est en réalité la quatrième puissance du continent, par son influence sur ses sujets. C’est donc par un concours d’événements à la Fire Emblem que notre avatar, avec sa voix dans sa tête, se retrouve propulsé professeur à l’académie et doit faire le choix de la classe qu’il va guider. Classe qui représente l’une des trois maisons, faudrait pas se mélanger non plus. C’est après avoir choisi « Serdaigle » que j’ai pu apprécier les nouveautés du jeu.
Rentrée des classes
Si la série intègre depuis longtemps déjà un système de classes et de soutien entre personnages, Three Houses pousse le concept un peu plus loin. Chacun des élèves de la classe peut s’essayer à n’importe quelle arme disponible et même tenter un peu de magie, après une formation suffisante. En tant que maître de classe, le rôle du joueur est aussi de décider quelles matières enseigner à ses étudiants, soit pour qu’ils progressent dans leur domaine favori ou deviennent plus polyvalents. On peut donc tenter d’enseigner la magie à notre paladin, même si ça prend du temps [NdFounet: La puissance de la pédagogie moderne]. L’accès à de nouvelles classes s’obtient après un examen sur les bancs d’école. Chaque unité peut ensuite changer de classe à volonté une fois celle-ci maîtrisée.
Le monastère est aussi le lieu des activités extra-scolaires, qui permettent en général d’augmenter le soutien entre personnages ou d’améliorer les capacités de notre avatar. Toutes ces activités demandent des points de temps, dont la quantité est limitée. De plus, certains divertissements, comme partager un repas ou du thé avec ses étudiants, demandent de connaître leurs goûts pour se lier d’amitié plus rapidement. Non seulement c’est un simulateur d’école, mais doublé d’un jeu de gestion d’équipe ! Moi je veux juste taper !
École de la micro d’argent
Sur le champ de bataille, le cœur du jeu tout de même, la situation est beaucoup plus classique… Quoique, certains changements majeurs ont fait leur entrée dans cette stratégie au tour par tour! Le plus notable est la disparition du fameux triangle des armes – marque de fabrique des Fire Emblem ! – système qui définit quelles armes ont l’avantage sur d’autres et domine de nombreux choix stratégiques. Toutes les armes sont donc équivalentes, sauf évidemment pour leur statistiques, les haches étant par exemple moins précises, mais plus puissantes que les lances. La mécanique de soutien a été revue elle aussi. Il n’est désormais plus possible d’apparier des unités pour un bonus de statistiques et tous les affrontements se jouent à un contre un. Par contre, ce sont les combattants qui pourraient attaquer la même cible qui soutiennent l’assaillant avec un boost des statistiques.
Les capacités ont fait leur apparition, techniques de combat très puissantes mais qui usent les armes prématurément, ainsi que les escouades. Ces dernières sont des petits groupes de soldats à disposition des unités, qui peuvent soit attaquer à leur place, soit leur fournir un léger modificateur de statistiques. Au fil du jeu, ces escouades gagnent elles aussi en expérience, ce qui permet d’améliorer leurs effet ou de limiter leurs faiblesses.
C’est l’heure de la récré
Le niveau de difficulté est réglable entre normal et difficile et on a aussi l’option de garder ou pas les héros tombés au combat – ce qui fait justement tout le charme de la série. En outre, notre avatar peut remonter le temps trois fois durant chaque bataille, par exemple pour corriger une erreur et éviter un assaut fatal. Dans ces conditions, la difficulté peut-être très modérée ou élevée; manque alors un niveau plus intermédiaire. Pour être honnête, il faut vraiment avoir une très mauvaise stratégie en niveau normal pour subir des pertes, à moins de choisir la fameuse tactique des groupes de un.
Les concepteurs ont choisi de continuer à suivre la ligne tracée par Awakening, à savoir édulcorer un peu la difficulté de base par rapport aux premiers titres japonais et rajouter un tas de fonctionnalités en dehors des batailles, permettant plus d’immersion. Three Houses est donc un opus dans lequel on peut passer pratiquement autant de temps à se balader dans le monastère à effectuer des quêtes secondaires, que de temps sur le champ de bataille. Pour ma part, la curiosité d’explorer le monastère dans ses moindres recoins et accomplir des quêtes pour mieux connaître ses occupants et leurs motifs l’a emporté sur enchaîner des batailles à la suite.
Le scénario est comme toujours bien écrit, bien qu’un peu difficile à suivre par moments à cause des nombreux noms exotiques, mais laisse planer le mystère sur les vraies motivations de chacun des clans et leurs dirigeants. Ce Fire Emblem est un peu comme ton groupe de musique préféré. Le style évolue à chaque nouvel album, certains fans y trouvent toujours leur compte, tandis que pour d’autres « C’était mieux avant. ». Et à chaque sortie, il y a de nouveaux admirateurs.
De mon côté, je suis tout à fait conquis par cette mouture. L’aspect d’exploration des lieux et de découverte des personnages est tout à fait dans le ton de la série. Ça donne envie de connaître les protagonistes et de les faire évoluer. Visuellement, le cadre médiéval-fantastique rajoute de l’épique aux événements et le doublage de toutes les conversation renforce encore l’immersion. Le scénario demande de faire des choix cruciaux à plusieurs reprises et il n’est pas possible de parcourir toutes les options en une seule partie. Intelligent Systems nous offre effectivement trois jeux en un.
Note: 9 maisons Stark sur 10