Gotta burn ’em all [Fire Emblem Heroes, Android]

Ne vous laissez pas impressionner par le thème musical de l’écran titre, tout droit sorti d’un karaoké tokyoïte, et lancez-vous dans l’aventure, parce qu’il y en a sous le capot.

Le flan Pokémon Go étant retombé et la mayonnaise Super Mario Run n’ayant que moyennement pris, Nintendo tente sa chance dans la cour déjà bien peuplée des jeux de stratégie sur smartphone. C’est Intelligent Systems qui s’y colle, studio qui a développé de nombreuses franchises à succès pour l’amuseur nippon, dont les Fire Emblem. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cet univers, c’est une série de jeux de rôle tactique. Jeu de rôle parce que les personnages évoluent au fil des affrontements, ont généralement une personnalité plus ou moins développée et ne servent pas (que) de chair à canon. Et tactique parce que, comme chacun sait, y jouer rend plus intelligent.

 

Ca va saigner!

Rien de tel qu’un super saiyan avant de décapiter son adversaire.

On retrouve tous les ingrédients qui donnent du goût à la série, amenés petit à petit grâce aux tutoriels du mode histoire, également nécessaires à débloquer les autres fonctions. Dès les premières parties, on se rend rapidement compte de la richesse du jeu par le biais des nombreux mécanismes de combat, signature de la franchise. On y retrouve la plupart des armes de la série, avec leurs forces et faiblesses associées, et tous les moyens de transport usuels: poney, pégase ou à pieds. La formule est tout de même bien moins punitive que d’habitude: les unités vaincues au combat sont simplement retirées de la carte en cours et ne gagneront pas d’expérience, au lieu de disparaître jusqu’à la fin du jeu… Cela ouvre d’autres options stratégiques, comme le « bain de sang », puisqu’il est possible de remporter une bataille avec un seul héros encore debout. Les puristes du genre diront que c’est une hérésie de supprimer la « permadeath », mais il faut savoir que cette option était déjà disponible dans Awakening (2013) et que la Terre tourne toujours depuis. Le côté aléatoire des combats est lui aussi passé à la trappe: fini les improbables activations de capacités et les frappes critiques fortuites, tout se déroule comme sur du papier à musique. Les techniques spéciales se déclenchent après un certain nombre d’affrontements, ce qui permet de prévoir précisément le déroulement des duels. Plus proche d’une partie d’échecs, mais aussi bien adapté au rythme des courtes batailles.

 

Joyeux Noël

Attends, il se bat vraiment avec un sapin?!

Tout comme les monstres de poche, l’application est gratuite et il est possible de profiter de la totalité du jeu sans bourse délier. La seule contrainte est de ne pas pouvoir jouer plus d’une dizaine de cartes d’affilée, car chaque partie coûte de l’énergie qui prend quelques heures à se recharger. Par contre, aucun souci si on y joue par sessions de 10 à 15 minutes plusieurs fois dans la journée. L’interface de jeu est très bien adaptée aux écrans de smartphone, avec des cartes réduites où s’affrontent une dizaine d’unités au maximum. Les personnages sur la carte et durant les animations de combats sont plutôt dans le style chibi (esprit de Metroid Prime: Federation Force, sors d’ici!), ce qui donne au moins l’avantage de pouvoir reconnaître facilement les protagonistes, mais n’est pas tellement dans la tradition. Par contre, de nombreux artistes japonais ont contribué aux illustrations des fiches personnages, ce qui rajoute de la richesse visuelle à ce petit jeu déjà bien étoffé. Cela vient avec son lot de bonnes et de moins bonnes surprises, par exemple des versions anorexiques de personnages, qui sont pourtant en pleine forme sur les artworks originaux. On ne peut pas non plus passer à côté de la progression rampante du fan service, mais qui n’est sans doute pas pour déplaire aux joueurs mâles.

 

FE Heroes

Petit mais costaud : tout le champ de bataille tient sur un seul écran

A côté du jeu de stratégie se cache également un « collect’em all ». Le recrutement de nouveaux héros ne se fait pas en progressant dans l’histoire, mais en utilisant les récompenses obtenues pour invoquer des personnages, qui peuvent venir de n’importe quel autre opus de la série. Il n’y a presque aucun contrôle sur le processus et tout n’est question que de probabilités. C’est là en quelque sorte le point faible du jeu, car obtenir tous les héros disponibles, surtout les « 5 étoiles » et leurs versions spéciales, demande énormément de temps et de patience, sans compter la durée d’entraînement desdits héros jusqu’à un niveau correct. Par contre, aucun problème pour obtenir douze fois d’affilée le même héros de basse catégorie. Malgré tout, il y a de nombreux événements spéciaux plutôt corsés qui permettent d’obtenir à coup sûr un personnage rare et la possibilité d’échanger des héros contre des objets utiles. La progression d’une carte peut être sauvée à n’importe quel moment, ce qui retire toute pression sur le rythme de jeu. Pas de mode multijoueur direct, mais la possibilité de créer une équipe que d’autres joueurs pourront affronter aléatoirement selon le mode de jeux et leur niveau.

 

FE Heroes

Mange ma hache, sale chibi!

Le scénario assez insipide sert juste de prétexte à pouvoir réunir les protagonistes des différents opus de la série, qui débarquent ensuite de leur « monde » respectif. Évidemment, ce jeu fait surtout office de vitrine pour Nintendo, qui depuis la sortie d’Awakening en 2013, réédite les anciens titres ou exclusivités nippones sur consoles modernes ou virtuelles. Sachez que la série des Fire Emblem était pratiquement sur le déclin jusqu’à Awakening, qui a permis à la franchise de revivre et surtout de se faire connaître en Occident. Depuis, Nintendo n’a pas lâché le morceau, comme en témoignent les nombreuses apparitions des personnages de Fire Emblem dans les très populaires Smash Bros. et les nombreuses rééditions d’exclusivités japonaises. Tout cela serait-il un habile coup de marketing pour préparer un prochain titre sur la Switch? Vous l’aurez compris, Fire Emblem Heroes est un très bon jeu de stratégie portable, avec une mécanique très bien huilée et de nombreux éléments qui vont vous faire accrocher, pour autant de ne pas être hermétique au genre.

Note : 9 pégases sur 10

Disponible également sur IoS

Author: Vertigo

Un jour de départ à la Gamescom, une gastro foudroyante avait terrassé pratiquement l’ensemble de la rédaction de Semper Ludo. C’est donc sur un quai de gare que fût recruté Vertigo, à titre de stagiaire porte-gobelet. Il aurait pu s’appeler Augustin, mais non. Le pérégrin sillonnait la région, à pied nus, bien dans ses baskets, en quête d’une pauvre âme à soulager d’un fardeau, d’un prochain à aider ou d’une veuve à dés-éplorer. Sa 3DS ne quitte jamais sa poche et il est doté d’une connaissance de la culture japonaise éclairée et d’une sagesse mystique lorsqu’il s’agit de refuser les petits fours d’un éditeur véreux (ceux aux anchois). Il boxe dans la catégorie Nintendo depuis la NES, mais ne rechigne pas à tâter du PC et sait lire dans les étoiles les mouvements de ses adversaires sur Towerfall. Vertigo a ainsi embrassé (avec la langue) la cause semperludienne et a su prouver sa valeur en gagnant ses galons de chroniqueur. Certaines rumeurs et Paris Match affirment qu’il est capable de parler aux yoshis les soirs de pleines lunes et qu’il les rejoindra lorsque le moment sera venu. En attendant, on lui demande juste de rendre ses textes.

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