Le tigre et la chouette de guerre – Un conte néolithique moderne. [Far Cry Primal, PC]

Zyvon devoir tester Far Cry Primal. Zyvon être maître des bêtes. Pour sauver gentil peuple de Zyvon, lui devoir tuer tous les autres. Car tous les autres être méchants. Adorateurs du soleil suivre dieu cruel, Zyvon doit tuer eux. Cannibales manger les amis de Zyvon, lui devoir tuer eux. Mais plus tard… d’abord Zyvon doit pas mourir dans griffes de méchants tigres. Et devenir fort. Manger beaucoup de viande. Et tuer des animaux. Et construire des armes et tuer des animaux. Et tuer des gens. Et sauver sa tribu en tuant des méchants.  Tuer être très important. Ah et aussi prendre drogues frelatés pour avoir hallucinations magique. Chaman bon avec Zyvon, lui donner beaucoup drogue magique et après Zyvon pouvoir devenir ami avec les animaux. Et quand Zyvon demande Chaman pourquoi devoir prendre potion magique qui fait voir des choses pour devenir plus fort, lui toujours répondre une réponse chamanique que Zyvon pas comprendre : « T’es dans un Far Cry Coco, la drogue chelou c’est dans le cahier des charges ».

Bref, je viens, en guise d’introduction, de vous faire faire le tour complet du scenario du dernier Far Cry (et oui, les « hommes des cavernes » s’expriment vraiment comme ça… Ok sauf peut-être le Chaman, et encore). On parle bien ici de la franchise qui nous avait offert une histoire de fou (c’est le cas de le dire) dans Far Cry 3 et un contexte plutôt stylé dans Far Cry 4. Dis comme ça, effectivement, le sentiment initial à ce sujet n’est pas formidable. Mais assez rapidement, il est possible de passer outre, car les développeurs ont étonnamment tenté d’offrir quelque chose de nouveau à cet univers. Alors, comme je vais vous le présenter plus loin, ça n’a pas été sans mal, mais c’est suffisamment rare dans le monde des jeux-qui-sortent-tous-les-ans.

Quel beau soleil... oh look! A Tiger!

Quel beau soleil… oh look! A Tiger!

« Patience est mère de vertu » – Kévin-Taïlone, stagiaire chez Ubisoft

Chez Semper Ludo, nous ne sommes pas des sprinters. En effet, nous pratiquons plutôt le test de longue haleine. J’ai donc commencé à jouer au jeu « day one » (comme on dit chez les jeunes), pour « terminer » mon test juste récemment. Et je peux moi vous dire qu’une fois de plus j’ai eu bien raison (laissez moi croire ça, s’il vous plaît, les jeux vidéo étant un domaine dans lequel je ne croise pas ma femme, grâce à Dieu). Car cette itération de Far Cry a terriblement évolué entre son lancement et aujourd’hui.

Mais je réalise que je vous parle d’une multitude de choses hormis du jeu. Je vais donc vous le présenter  tel qu’il est sorti, puis comment les patchs ont transformé une citrouille en carrosse.

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » – Abu Al-Aramass, Terroriste en formation postgrade

Comme dans tout Far Cry qui se respecte, le joueur se retrouve largué dans une « situation » (in English please) avec moins que rien et le début de partie se présente sous une forme habituelle de tutoriel. Ici, en bon cro-magnon, bibi doit apprendre à faire du feu et à jouer à la franchise (ramasser du bois, des caillasses, tuer des zanimaux dans le but de se construire des armes, du soin, etc). Premier constat : que la nature est belle! Ce n’est pas une nouveauté dans la série mais y a pas à tortiller, ils sont sacrément doués pour créer des environnements naturels réalistes, cette équipe. Bon, réalistes… hum… y a douze bestiaux au mètre carré, mais à part ça, on a souvent l’impression de se promener dans de vrais sous-bois ou en montagne.

« Pour le meilleur et pour le pire » – Jean-Pierre, PDG chez  Tinder

Là où Primal commence à diverger pour le meilleur de ses ainés, c’est que, néolithique oblige, les armes proposées au joueur sont pour le moins rustiques (arc, lance et gourdin, plus quelques bombinettes cocktailmolotoviennes). C’est rafraichissant, et mine de rien ça change énormément la dynamique (genre quand tu croises un ours ou une sorte de berserker ennemi et qu’il n’est pas possible de sortir une traditionnelle sulfateuse)… jusqu’au moment où on commence à apprivoiser les grosses bêbêtes. Une fois qu’on possède la panoplie du Petit Prince, le jeu passe en mode Pokémon : « Dents-de-sabres ! Attaque lame-éclair ! ». Et ne nous mentons pas, si le principe est vraiment chouette et bien implémenté, le challenge lui, disparaît très rapidement, d’autant que vos compagnons à poils (on se comprend hein, bande de sales) sont soignables à la volée et qu’il est possible de les ressusciter (#JesusInside) avec du matos qu’on trouve tous les deux mètres. Et encore j’ai omis de parler de la chouette qui, une fois correctement updatée (oui oui), se transforme en B52 et peut partir « napalmer » la zone depuis les cieux, tel son alter ego US dans le ciel rougeoyant du Vietnam (comme dirait Tonton «c’était mieux avant » Roger).

« Et la c’est le drame » – Véronique de la compta qui a renversé son café sur son clavier

La suite devient classique : montée en puissance incontrôlée, le joueur devient le roi de la jungle. C’est massacre à la tronçonneuse avec Diego dans le rôle de la machine à débiter de l’arbre. Bref, on passe d’un univers de « survival » plutôt badass, à de la soupe générique en sachet servie dans une superbe assiette de porcelaine. Alors ce n’est pas affreux hein, ça se laisse même manger à la pause de midi, mais dans un restaurant AAA après une tartine de caviar en entrée (les deux premières heures de jeu), « c’est de la merde » comme dirait feu Jean-Pierre Coffe. Entendons nous bien, je n’ai pas trouvé le jeu désagréable, au contraire, mais je sentais bien qu’on était passé à côté de quelque chose de vraiment mieux et que ça sentait la charogne de potentiel gâché.

« Tout vient à point à qui sait attendre » – Hans-Youri, Champion du monde de speed-dating

Et pour notre plus grande joie à nous, joueurs de fond (comme coureurs de fond, suivez un peu, merde), il semble qu’il y avait quelques types dans le département développement qui pensaient la même chose. Au moment où tout le monde parlait déjà d’autre chose, paf, voilà qu’un patch sort et offre un mode survie qui remet le train de la loose conformiste et casual sur les rails du succès et de la classe. En vous le donnant sous forme d’énumération, ça donne ça :

  • Exit la faune et la flore pléthorique, va falloir chercher votre matériel comme un vrai chasseur-cueilleur, bitch!
  • Le tigre dents-de-sabre OP badass qui clean la carte pour vous est mort ? C’est ballot, va falloir chasser au clébard maintenant. Oui, mort c’est mort. Gamin, bienvenue chez les adultes.
  • La guerre froide est terminée, on a désarmé les « chouettes de la mort » qui ont tué tant de méchants terroristes du néandertal. Elles peuvent encore servir comme drones de reconnaissance cependant.
  • Notre héros aux mains calleuses se fatigue dorénavant. Plus possible de traverser la map en courant puis de défoncer un camp de méchants cannibales en slibard dans la neige. Va falloir dormir et se couvrir correctement, le froid faisant vraiment mal maintenant.
  • Tu veux adopter un chiwawa parce que c’est grave trop stylé? Ben va falloir ramer. Le coup du combo bout de viande-caresse sur la tête c’est fini. Maintenant faudra lui apprendre la vie à coup de sagaie, avant de pouvoir lui mettre cette joli petite liquette pour chien prévue pour rendre vertes de rage vos BFF.
  • Désactivation du fast-travel. T’es en mode survie mec, on a pas encore inventé la téléportation et marcher quelques minutes dans une forêt virtuelle te changera de ton quartier de tours en béton.

Et là les cocos, Far Cry prend son envol. On se surprend à ramper dans la jungle en priant pour ne pas se faire repérer. On balance des cailloux pour attirer les sentinelles et on pose de pièges, deux options qui étaient disponibles dans le jeu dès le début, mais qui ne servaient à rien ou presque. Dès que la nuit tombe, c’est la recherche d’un abri fissa, parce que le feu c’est bien pour faire peur aux meutes de loups, mais par contre ça a tendance à attirer les ennemis. Choisi ta mort camarade! Bref, enfin le jeu est comme il devait être.

« L’important c’est de participer » – Founet après une partie de jeu vidéo multijoueur

Et voici maintenant le moment de la remise des médailles. Ne nous voilons pas la face (c’est bientôt un motif d’expulsion du territoire), Far Cry Primal revient des enfers et il s’en est fallu de peu pour qu’il finisse assassinscreedé par votre serviteur. Mais non, au moment où on le voyait plonger la tête la première dans les abîmes de l’échec, les développeurs, sans doute pris de remords devant tout ce beau travail gâché, lui ont fait faire un retourné spectaculaire. A mon avis, en termes de gameplay pur, on tient sûrement le meilleur Far Cry. Pour conclure, je terminerai en tirant doublement mon chapeau à Ubisoft pour d’abord avoir tenté quelque chose de neuf avec une licence et ensuite pour avoir su corriger prestement le cap d’un bateau qui était parti pour s’échouer…

8 peintures rupestres /10

Jeu également disponible sur Xbox One et PS4

Ah et sinon ça reste un jeu Far Cry Ubisoft, on y trouve donc une minimap qui nous indique pleins de chenis à ramasser (collection de trucs), de missions secondaires à faire et de défi à relever. C’est comme d’habitude bien fait mais assez générique et à moins d’être un fan absolu, ou simplement de n’avoir que cela à faire, ça reste assez dispensable. Et bien sur, il est également impossible de passer à côté des fameuses tours à escalader pour enlever le brouillard de guerre, si cher à l’éditeur. Ce coup ci, il faut allumer des bûchers…

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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