Îles flottantes à la sauce samouraï [Mahokenshi]

Sorti le 24 janvier dernier, Mahokenshi est un jeu de stratégie se déroulant dans un genre de Japon médiéval-fantastique. Savant mélange de vidéo ludisme et de mécaniques de jeux de plateaux, il a été développé par Game Source Studio et édité par Iceberg Interactive. Founet vous en avait déjà parlé dans sa rétrospective de la Gamescon 2022. Voici donc mon avis définitif (et très en retard) sur cet opus.

 

Émile et E-mages

Le terme mahokenshi du titre désigne en fait des mages samouraïs qui vivent sur des îles célestes au-dessus des nuages (donc pas vraiment au Japon, ou une version fantasmée de celui-ci, ou alors on m’a menti). Cet archipel volant est protégé par quatre clans ou maisons. En effet, des hordes de créatures démoniaques se répandent sur les îles à toute allure et votre devoir est de les arrêter. Des sorciers machiavéliques aux onis très en colères en passant par des troupeaux de gobelins, vous aurez fort à faire. Heureusement, les clans ont envoyé leurs champions qui seront à votre entière disposition pour accomplir les missions qui vous seront confiées. Vous serez notamment amené à protéger des villages, sceller des fosses à démons, occire des boss ou éradiquer tous les ennemis expatriés sur un territoire donné, parfois avec un nombre de tours limité.

 

J'avoue avoir quelque peu zappé la valeur et l'humilité...

Oh, le bel arbre de compétences !! Il est commun aux quatre maisons.

 

Carte à vous !

Le gameplay de Mahokenshi se déroule au tour par tour. Les niveaux sont formés de tuiles hexagonales qu’il vous faudra parcourir afin d’atteindre vos objectifs. Vous disposerez de points d’actions qui vous permettent de vous déplacer et/ou d’utiliser des cartes. Car oui, le gameplay est principalement lié au deckbuilding. Chaque mission débute avec des cartes de bases (attaques et déplacements rapides). Ensuite vous pourrez, en vous déplaçant sur des cases « pioche » ou « village », enrichir votre jeu et donc vos possibilités. Certaines cartes sont communes, d’autres rares, voire même uniques. Lorsqu’un personnage monte d’un niveau, des artefacts, des équipements ou de nouvelles cartes sont disponibles et peuvent être ajoutés à son deck lors des prochaines parties. Les cartes peuvent être améliorées dans les « dojos », ce qui augmentera grandement leur efficacité. Vous pourrez également augmenter les caractéristiques de votre samouraï pour la run en cours sur les tuiles « autel ».

 

Les choses s'annoncent mal...

Une journée classique sur les îles célestes…

 

Concernant la bagarre, c’est assez classique. Vous devrez répartir vos points d’actions entre vos déplacements sur l’île et vos attaques. Certaines cartes permettent des dégâts de zone ou des coups puissants, d’autres vous octroieront des armures ou des soins. Vous serez également en mesure d’appliquer toutes sortes d’effets aux ennemis comme à vous-même (poison, faiblesse, vol, force, etc.) qu’il s’agira d’optimiser. Toutefois, les antagonistes les plus puissants pourront ajouter des cartes corrompues à votre deck, entravant vos actions et vous blessant au passage. Les sanctuaires vous permettront de vous débarrasser de ces pénalités gênantes, moyennant finance. Vous pourrez également les déchirer au prix d’un point d’action par carte. Gérer votre butin s’avérera crucial, entre l’achat de cartes, leur optimisation et leur destruction. Notons enfin que les cartes apparaissent aléatoirement, que ce soit dans votre deck ou dans les points de collectes.

 

Louis la brocante approuve ce message

Les reliques sont des artéfacts puissants qui peuvent changer le cours d’une partie. Elles sont disponibles dans les châteaux.

 

Kamé house

Chaque maison a ses spécificités. Le clan Rubis, représenté par Ayaka, est axé sur l’attaque. Sa capacité de vol et ses cartes très offensives vous permettront de frapper vite et fort. Elle est le personnage avec lequel vous commencerez le jeu et peut sacrifier des points de vie pour augmenter sa puissance. Vous débloquerez ensuite Kaito, de la maison Saphir. Son deck est avant tout basé sur la défense. Véritable forteresse vivante, il a tendance à provoquer les ennemis autour de lui. Il est très agréable à jouer, notamment en début de partie. Vient ensuite Sota de la maison Jade, expert dans l’art de l’infiltration et de l’usage du poison. Il peut créer des leurres pour tromper ses adversaires. Enfin, Misaki, envoyée par le clan Topaze est experte en magie et en déplacements. Chaque clan possède son propre deck ce qui modifie considérablement le gameplay.

 

Fuyez, pauvres fous !!

Parfois, la mission consiste principalement à fuir quatre onis de très mauvaise humeur…

 

De la connaissance du terrain

Visuellement, le jeu est très engageant. Sans être de la 4k photoréaliste de l’IA du futur, tout est clair et propre. Les animations sont fluides et les cartes très stylisées. La musique saura sans peine vous mettre dans l’ambiance, à la fois épique, martiale et orientalisante. Toutefois, je l’ai trouvée un peu répétitive, peut-être à force de rester bloqué longtemps sur la même mission et de la réessayer en boucle. Le sound design est satisfaisant, mention spéciale aux grognements d’oni qui font froid dans le dos. La direction artistique de Mahokenshi est un atout indéniable. Le concept des îles célestes est également très bien pensé. En plus de rappeler tout un imaginaire relativement lié aux mangas, il permet de circonscrire l’action dans un périmètre réduit de manière tout à fait logique.

 

Y'a pas de mauvais outil, comme disent les patrons...

Vos guerriers peuvent transporter de l’équipement qui leur servira de bonus en combat.

 

La voie du samouraï se trouve dans la mort

Mahokenshi est direct, dans le sens ou on ne se tape pas des cinématiques pendant trois quarts d’heure avant de pouvoir commencer, et très accessible. J’ai passé les quatre premiers niveaux du premier coup sans forcer, les mécaniques sont claires tout comme les objectifs. Toutefois, certains pics de difficulté ont freiné mon avancée (ainsi que mon test) à un degré que je n’avais pas vu venir. J’ai véritablement perdu espoir pendant la mission « érudit de la corruption », tant ce pourri de sorcier semblait prendre un malin plaisir à pourrir mon deck avant de m’achever. Néanmoins, piqué à vif dans mon orgueil et curieux de ce que le jeu avait encore à offrir, je me suis accroché à mon slip et j’ai persévéré. Le côté Roguelike-RPG permet d’améliorer vos avatars et leurs decks, même lors de parties perdues. Ce qui vous tue aussi vous rend plus fort apparemment.

Pour toutes ces raisons, et d’autres encore, je ne saurais que trop vous recommander de donner sa chance à ce jeu. Son gameplay innovant et sa direction artistique soignée sont prenants, pour ne pas dire addictifs. Les pinailleurs lui reprocheront le manque de possibilités de sauvegarde en run, ce qui le rapproche d’un roguelite selon moi. L’équilibrage est possiblement discutable, mais reste très correct. Comptez une quinzaine d’heures pour terminer le jeu. Si vous n’êtes pas encore tout à fait convaincu, jetez un coup d’œil à cette vidéo où David Cicurel, le game director de Mahokenshi présente les mécaniques et la version (presque) définitive.

8 katanas magiques/10

 Disponible sur PC uniquement

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

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