Un nouveau chapitre des tribulations du plus patriotique des espions américains. Cet épisode est teinté d’un anniversaire, d’un deuil et de lunettes fluo qui rendent invisible en brillant dans le noir.
Un anniversaire pour commencer, puisqu’en 2012 nous fêtions les dix ans de la licence Splinter Cell. En sept jeux, notre ami Sam Fisher aura parcouru les quatre coins du monde pour le sauver, le monde, ou en tout cas le monde américain. Le scénario de ce Blacklist présente un groupuscule extrémiste exigeant que les USA rappellent leurs troupes des différents pays dans lesquels leur armée est engagée. Ce point de vue est certainement partagé par beaucoup de monde dans la réalité, mais nous découvrons assez vite qu’il ne s’agit que d’une diversion. Ah bah oui, les terroristes doivent quand même rester des vrais méchants, non mais! L’histoire prend donc une tournure très « 24 heures chrono-esque » et le gars Fisher reprend du service pour entretenir ses rotules en courant partout accroupi.
Deuil ensuite, puisque l’auteur Tom Clancy est décédé peu de temps après la sortie du jeu. Le côté très patriotique du scénario de Blacklist n’est pas à mettre du côté des défauts. C’est un produit estampillé Tom Clancy, c’était sa marque de fabrique. Nous savons donc, avant même de lancer le jeu, que le « Stars and Stripes » flottera fièrement. Certainement que Monsieur Clancy était autant impliqué dans ses licences reprises par Ubisoft que moi dans la culture de la bettrave et nul doute que cette disparition n’aura pas d’impact sur de prochaines sorties potentielles.
Ce n’est donc pas le scénario, les clichés éculés et l’ambiance qui me dérangent. C’est une constante impression de non-fini. Tout semble « pas trop mal », mais chaque élément souffre d’un gros point noir qui gâche le tout. A commencer par des graphismes qui oscillent entre le tout à fait corrects et le diablement moches, comme par exemple les visages dans les vidéos qui semblent systématiquement avoir été finis à coup de parpaing pour aligner les yeux. Pratiquement tous les décors sont gris, on explore donc toutes les teintes de gris possibles (« Ah, ce qui explique le titre de l’article! »). Les doublages français collent bien, mais la moitié des gardes se met à parler en anglais à différents moments du jeu! Une intelligence artificielle qui tient la route mais avec des ennemis qui se retrouvent à tirer dans les murs pendant qu’on les approche « discrètement » par derrière et qu’on marave en appuyant sur carré. D’ailleurs 90% du gameplay se résume à se cacher derrière un mur, attendre le garde et hop l’assommer avec carré. Contrairement à la richesse de possibilités proposées par Hitman, par exemple, ici les choix se limitent à choisir lequel des conduits de ventilation utiliser. Je termine par ma plus grosse déception: les gadgets d’une inutilité totale. J’ai fini le jeu en n’utilisant pas le quart de ce qui est à disposition. Le summum du ridicule étant la customisation du matériel grâce à laquelle nous pouvons changer la couleur des lentilles des lunettes de vision nocturne du vert au rose, en dépensant l’argent gagné en cours de partie… Vraiment, des couleurs de lentilles?!
Vous avez bien compris, ce jeu me laisse une impression de bâclé. Il est sauvé de la catastrophe par une poignée de mission à la réalisation solide et prenante.
Allez Sam, merci pour tes nombreux services rendus, mais prends ta retraite.
Note: 5 téléphones de Angela Merkel sur 10
NdA: Titre d’article librement emprunté d’une conversation avec le collègue Jorris de Fellowsheep.ch, avec qui nous n’avons jamais réussi à nous connecter à une partie multijoueurs…