J’ai longuement hésité avec d’autres titres, comme: « Fais ton devoir, petit homme » ou « Un jeu avec du Kevin dedans ».
Dépaysement garanti, faites de nouvelles rencontres! On vous apprendra à vous camoufler en boules de neige.
La sortie annuelle d’un Call of Duty est un peu comme un rituel. A chaque fois, nous avons droit à une première vidéo avec de la dubstep et des trucs qui pètent à l’approche de l’E3, ensuite une annonce tonitruante lors de ce même E3, dans laquelle on nous certifie que ce sera le plus grand CoD de toute la saga, un stand avec de la dubstep et des files d’attentes interminables pour trois minutes de jeu à la GamesCom et finalement, des piscines de dollars dans lesquelles Activision fait la planche, en se disant que, quand même, quel beau métier ils font. Cet événement annuel s’accompagne toujours d’un autre rituel, celui du test. Il se compose généralement des éléments suivants: d’abord on teste le mode solo, on dit que c’est archi-linéaire, que le niveau du scénario vol très bas, que c’est bourré de clichés et de patriotisme américain-fuck-yeah, puis on explique que, en fait, ce n’est pas le solo qui intéresse les gens mais le multi, on décrit ce dernier comme complet et efficace, mais ne révolutionnant pas grand chose, puis on conclue en lui collant entre 5 et 7 sur 10, en disant que bof bof voilà et on retourne se faire frager la tronche par des ados de 14 ans quelque temps, avant de passer à autre chose, laissant champ libre à Kevin pour qu’il marque la postérité de ses performances. De bleu, que cette phrase était longue.
Le système de création de classe multijoueurs a été revu et propose maintenant tout un tas de détails à modifier. Pas seulement les couleurs.
Et là attention, je suis un grand malade, je vais renverser les codes, bouleverser les routines et ruer dans les brancards, je vais commencer par le multi! Bam, oui je suis comme ça moi. J’entame donc par ce qui fait notoriété de la franchise avant de m’attarder un peu plus sur le mode histoire. Premier constat, la présence bienvenue d’un mode d’entrainement, permettant de se faire la main sur les mécanismes de jeu et de découvrir les cartes. Je suis certainement le seul à être passé par cette case, mais ça aura, au moins, eu le mérite de booster un peu mon ego, avant que celui-ci ne se soit catapulté violemment contre le mur implacable de la honte, lorsque je me lançais en ligne. Comme d’habitude, je ne fais pas long feu et je tombe chaque fois en me disant que j’aurais du choisir une autre arme. Le contexte futuriste dans lequel prennent part les batailles permet des changement de gameplay intéressants. Outre les flingues du futur qui tire des rayons, on a notamment la possibilité de lancer des esquives rapides sur les côtés, grâce aux exo-squelettes. Grande surprise pour moi, en tentant de maîtriser cette compétence, je me rend compte que je meure moins souvent et je peux MÊME abattre quelques ennemis!
Malheureusement ceci arrive encore assez fréquemment. Mais toujours moins que sur Origin…
L’émotion me submerge. J’ai l’impression que le matchmaking est nettement mieux calibré qu’auparavant, ce qui permet de se retrouver entre inhabiles et lève un brin le manteau cruel de la frustration. J’en arrive même à trouver ça fun! Ça faisait vraiment longtemps que ça m’était pas arrivé sur un CoD (depuis Modern Warfare premier du nom, pour être précis). Les cartes sont dynamiques, les différents modes de jeux variés et c’est plus nerveux que d’habitudes (notamment grâce au principe de double saut). Comme à l’accoutumée, on est très vite récompensé par des nouvelles armes, capacités ou tenues lorsque l’on glane quelques points. Par contre, nom d’un petit bonhomme en mousse compensée, quelle surdose d’incitation à la dépense! A chaque lancement du jeu, un message me rappelle que le DLC est disponible dans la boutique, ainsi que des équipements, des habits inutiles, des cartes, le nouveau mode zombie, etc, il y a un onglet « boutique » pratiquement partout! Argh mes yeux me coulent par les oreilles. ACHÈTE! ACHÈTE!! ACHÈTE!!! Ce climat de capitalisation à outrance à sérieusement tendance à flinguer mon appréciation du jeu, malheureusement.
En multijoueurs, des points débloques des objets aléatoire en fin de partie. Une mitrailleuse double qui s’appelle « Bière et Bretzel »? Je signe où?
ʘ SUIVRE LE SOLO. Sortons donc du mode multi très fun mais tout pollué pour parcourir la campagne. En 2050, on incarne Harris… ou Collins… A moins que ce soit Mitchell, je sais plus, mais wouateveur, vous êtes une jeune recrue dans l’armée américaine et vous partez délivrer la Corée du Sud d’une attaque de celle du Nord. #DemocratyIsComing. Manque de bol, votre meilleur pote de la vie meurt sous vous yeux et vous perdez un bras dans l’opération. Pas manque de bol, le père de votre meilleur pote de la vie travaille sur l’amélioration de l’humain/soldat par la technologie et la robotisation. ʘ SUIVRE ATLAS. On vous bricole alors un nouveau bras à la Steve Austin et vous rejoignez les rangs de la société privée d’interventions militaires Atlas. Hop, direction les quatre coins du globe, pour des missions où même l’Oncle Sam est dépassé. Vous allez notamment traquer un terroriste notoire appelé « Hades », jusqu’à ce que celui-ci lance une frappe nucléaire de grande envergure, entrainant un conflit quasi mondial.
Les points de compétences à répartir dans la campagne. Bon je dois dire que j’ai vu aucune différence avec ou sans…
ʘ SUIVRE KEVIN SPACEY. Le patron d’Atlas s’appelle Jonathan Irons et il est incarné par Monsieur Kevin Spacey. Toute la campagne marketing du jeu tournait d’ailleurs là autour et je dois dire que ça se comprend. Un sacré travail de motion capture a été fait et le résultat est plutôt bluffant. On se demande parfois si les cinématiques ne sont pas filmées… ce qui laisse quand même ouverte la question de l’utilité de refaire de l’infographie si c’est pour retrouver un résultat si proche du réel. Enfin bref, on peut donc profiter du jeu d’acteur de Kevin Spacey et du détail de tous les pores de sa peau en HD. C’est pratique d’avoir des pores ouverts pour un jeu qui se joue en ligne…
Corridor + Gideon = 80% de la campagne.
ʘ SUIVRE GIDEON. Niveau charisme, on ne peut pas dire que votre personnage et son co-équipier, Gideon, aient profités de la même distribution au casting. J’ai d’ailleurs eu un peu de mal à prendre au sérieux, l’objectif « suivre Gideon » qui apparaît souvent. Tellement souvent. Trop souvent. ʘ SUIVRE SUIVRE. Ce n’est qu’en ayant terminé la campagne, après un peu moins de 10 heures, que je me suis rendu compte à quel point la quasi totalité des objectifs de mission étaient précédés de « Suivre ». Bien sûr, les CoD sont plutôt réputés pour leur aspect « corridor », mais je crois que je n’ai jamais eu autant l’impression d’être sur un rail, même dans les niveaux extérieur.
On prenez parfois le contrôle de véhicule du futuuuur! Avec des armes du futuuuur dessus.
ʘ SUIVRE LA TECHNOCRATIE. Pourtant je dois reconnaître que je me suis bien amusé dans ces cette campagne. Le côté futuriste-gadget-qui-fait-piou-piou, donne un côté moins sérieux que les précédents épisodes. Cela permet une, courte, prise de distance avec un contexte réaliste et ça m’a plu. Mais attendez une minute. J’ai comme une impression de déjà vu. Mais oui c’est ça, en allant consulter nos archives, je vois que j’avais déjà utilisé l’argument des gadget futuristes dans le test de Black Ops 2! Damned! ʘ SUIVRE LA ROUTINE. Mais alors pourquoi ai-je quand même plus croché cette fois-ci? Je pense que cela vient de la narration, stéréotypée et pleine de clichée comme à l’accoutumée, mais mettant en exergue les dérives de notre façon de concevoir la guerre et ses ramifications économiques. Pour une fois l’ennemi n’est pas un énième gouvernement oriental, mais il vient de l’intérieur.
Une mission vous demande d’être un peu moins bourrin et de jouer la carte de l’infiltration.
ʘ SUIVRE LE SPOILER. On le devine facilement, mais l’ami Irons n’est pas tout blanc. Il positionne son entreprise comme seule et unique solution contre les guerres futiles et sans fin, qui gangrènent notre planète depuis des décennies. Je ne peux donc pas être complètement en désaccord avec lui. Ce qui amène certainement un côté moins manichéen que ce à quoi nous avons été habitué. ʘ SUIVRE MICHAEL BAY. Sur fond de mythologie grecque rudimentaire, « Atlas » comme seul être à pouvoir soutenir le poids de la voie céleste, donc seul solution à un effondrement total et « Hades » comme le Dieu héritant de l’enfer, qui ne l’a donc pas choisi, la mise en scène tient bien la route. La bande son avec ses bruitages particulièrement exagérés pour vous en mettre plein les tympans, associée au sentiment de puissance fourni par les capacités des exosquelettes, créent une ambiance bien charpentée qui se laisse suivre avec plaisir. ʘ NE PAS SUIVRE LA CADENCE. Finalement, c’est ça le secret: Que ce soit film, série, livre, jeu vidéo, ça fait du bien de parfois désactiver son cerveau et de se laisser couler dans le divertissement. Advanced Warfare est particulièrement efficace pour ça, à condition de ne pas suivre le rythme, de ne pas acheter le produit chaque année. Je n’avais pas croché à Black Ops 2, mais le temps laissé entre Modern Warfare (2007) et Advanced Warfare (2014) est suffisamment long pour que je me sois amusé dans ce dernier. Outre l’ironie d’avoir vu Kevin Spacey jouer au précédent Call of Duty dans la première saison de House of Cards, puis de le retrouver dans Advancd Warfare, je relève cette discussion entre deux PNJ parlant de voitures, captée lors d’une mission d’infiltration, et se plaignant que les nouveaux modèles soient fabriqués sans âme, en visant le plus petit dénominateur commun du grand public, alors qu’avant, c’était des gens qui les construisaient. Quelque chose vous semble familier?
Note: 6 drones sur 10 pour son fun si, comme moi, vous n’avez pas joué à un CoD depuis environ 7 ans. Enlevez lui 2 points si vous êtes sensible aux dérives du capitalisme moderne. Trop de boutique tue le fun.
