À bateau rompu [Swordship]

Cet été, alors que la corvée des vacances se dessinait sous nos latitudes, accompagnée de son cortège détestable de soleil, festivals, cocktails, plage et autres apéros, je cherchais un jeu à emporter dans mes bagages. La corvée, oui car pour nous les patrons, les vacances représentent une période que nous avons en horreur. Tout ce temps libre, cette oisiveté dégoulinante. Nous, nous aimons que les choses soient précises, efficaces, rapides et rentables.

Swordship voilà un jeu de patron! On y pilote un bateau utra véloce, ce qui m’évite de sortir le yacht de la marina et prendre le risque de tomber sur des pirates (les vrais, pas les cools de Sea of Thieves). Notre mission est de collecter des containers pour les livrer ensuite. Comme autant de prolétaires cherchant à détruire le capitalisme, des tas d’engins de mort tentent de stopper notre fuite effrénée. Ils seront sans pitié, le moindre impact est fatal à notre fringant coursier jaune. Ce qui tend à me rappeler comment La Poste est devenue bien plus efficace depuis qu’elle n’est plus un service public, elle poursuit sa route toujours droit devant.

 

Swordship PC début

Par défaut, tout ce qui est rouge est dangereux. Comme en politique patronale.

Livraison à deux missiles

Le meilleur dans tout ça, c’est qu’on va déléguer le boulot aux autres. Nous n’avons pas d’armes à disposition pour défendre notre précieuse cargaison. Il faut alors compter sur les adversaires et ajuster son timing pour éviter les tirs au dernier moment et laisser les ennemis se détruire mutuellement. Incroyable, on leur fait croire que nous sommes vulnérables, ils ne voient que nous et ne remarquent même pas que nous les montons les uns contre les autres. Ils sont alors les instruments de leur propre destruction. Destruction qui a, en plus, le bon gout de nous rapporter des points. C’est beau.

 

Swordship PC containers

A la fin de chaque ligne, nous est proposé le choix d’augmenter notre score (pour débloquer de nouveaux bateaux à la fin du run) ou de les garder pour augmenter ses vies ou acheter une amélioration.

Rasez les Alpes qu’on voit la mer

Derrière Swordship se trouve le studio Digital Kingdom à Vevey. C’est un produit issu de l’esprit entrepreneur local ?! Mais c’est la cerise sur le pompon de la montagne de caviar. On leur devait déjà Invisiballs, qui avait servi d’étalon pour s’approprier les codes du marché et l’architecture Switch. C’est donc une production « bien de chez » nous qui s’exporte par le biais de l’éditeur suédois Thunderful Games. De toute façon les Américains confondent déjà tout le temps la Suisse et la Suède. Un trailer montré à la Gamescom 2022, une présentation par Mark Hamill et des tests par des grands médias internationaux comme IGN (ou Semper Ludo); c’est beau de voir le fleuron de notre industrie scintiller de la sorte. On va la relancer cette économie!

 

Swordship PC décors

Les ennemis sont différents dans les trois villes. Les comportements de chacun nous forcent intelligemment à construire de nouvelles stratégies et prises de risques.

C’est un fameux trois-maps

Indépendamment de ces points, la force de Swordship réside dans son gameplay savoureusement nerveux. Qualifié de « dodge ’em up », il met l’accent sur une fluidité grisante. S’échapper au dernier moment d’une explosion (ponctuée d’un ralenti hyper classe) en devient exaltant. C’est également facilement accessible, même pour des personnes ne titillant pas régulièrement la manette. En revanche, Swordship est assez punitif. Il y a trois niveaux, constitués de trois « lignes » chacun. Mais si on épuise ses vies, on recommence depuis le tout début. Heureusement, le score atteint dans le run précédent permet de débloquer des améliorations du bateau. De l’échec naît la réussite, j’en ai les larmes aux yeux.

 

Swordship PC run

L’écran qu’on voit régulièrement (ou moi en tout cas), résumant nos performances et donnant un aperçu des améliorations à équiper avant d’y retourner, rapidement.

 

Au mois de juin, une grosse mise à jour (1.1) a apporté pas mal de changements selon les retours des joueurs et joueuses. Notamment, en ajustant la manière dont la progression est représentée et les conditions à remplir pour débloquer la suite, en améliorant la visibilité du bateau quand il plonge sous l’eau et en adaptant la difficulté aux plus novices également.

 

Naviguer à vue

Un jeu de vacances disais-je, car il tourne assez facilement sur mon ordinateur portable et on peut en faire une petite partie avant de reprendre le suivi du SMI. On lui reprochera peut-être d’être un peu court, mais sa rejouabilité est quasi infinie puisque chaque nouveau départ est l’occasion d’améliorer ses techniques d’esquive. Les trois niveaux font apparaître des ennemis spécifiques qui demandent de renouveler les stratégies et réinventent agréablement le gameplay.

 

Swordship PC explosion

Même quand c’est le bronxe total et que ça explose dans tous les sens, la lisibilité reste étonnamment très claire. Cet écran-ci est encore assez peu fourmillant.

 

Juste frustrant ce qu’il faut, Sworsdhip réussit habilement à construire un environnement de jeu autour de mécaniques de gameplay solides, captivantes et gratifiantes. L’utilisation brillante des jeux d’intensité de couleur et du sound design pour identifier instinctivement les menaces, dynamisent la fluidifié de manière quasi organiques. Pas besoin de récompenses cosmétiques superficielles, le plaisir d’avoir mené sa barque au bout de la ligne est bien assez valorisant. Soyez comme Swordship et devenez le capitaine de votre propre succès.

Note: 9 Potemkine sur 10

Testé sur PC. Également disponible sur Switch, Xbox One & Series X|S et PS4 & 5. Une démo est d’ailleurs disponible sur Switch.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *