La Gamescom c’est un univers très particulier. Si tu n’y prends pas garde, toi qui pénètre ici, les flots de Kölsch peuvent te faire perdre ton sens de l’équilibre et les discours « amazing-niens » des attachés de presse faire chavirer la passion qui te sert d’embarcation. En d’autres termes, ça pourrait presque te dégouter du monde des jeux vidéo. Alors le soir, quand on rentre au port, on échange des histoires de marins avec ceux qui ont aussi bravé les sept mers.
Le soleil se couche gentiment sur Cologne. La journée de pêche aux news se termine et nous nous regroupons à la taverne du coin. En attendant nos rations de Wienerschnitzel, une grande mousse à la main, nous comparons nos cicatrices à la lueur de chandelles dansantes. Au fond, la vieille Lutgard entame la complainte lancinante de Rondoudou. Au milieu des rumeurs, des déceptions amoureuses et des lueurs d’espoirs, une clameur me parvient entre deux crachats de chique: « Au moins avec Nintendo, tu sais à quoi t’attendre. Alors tu peux pas être déçu« . Par Neptune, que ce solide compagnon a raison!
Trop pris que nous avons été par le plaisir de jouer, nous avons oublié de prendre des photos. Cet article sera donc illustré par des chatons… et des muffins.
Les rendez-vous Nintendo à la Gamescom, c’est toujours la grande classe. Alors que chez d’autres on croit avoir un accès privilégié mais on se retrouve à faire, encore, la queue pour joueur 10 maigres minutes, voire qu’on nous sucre simplement nos rendez-vous, ici on nous reçoit, on se pose dans le canapé, on empoigne le gamepad, on joue, on discute entre connaisseurs, on est comme à la maison. Alors je vous vois, derrière vos écrans (un peu plus à droite, moins loin, voilà là c’est bien), vous allez sûrement m’accuser de « pro-Nintendisme » et je vous répond: cénobite. Parce que je clame haut et fort que quand on se fout pas de ta gueule c’est quand même plus agréable pour se faire une idée du produit. Les jeux qu’on a pu tester chez Big N n’étaient pas tous excellents et ne révolutionnent pas forcément le genre. Toujours est-il que c’était du solide et qu’on a pas vu le temps filer.
On a commencé avec un Kirby and the Rainbow Curse. Dans un monde en pâte à modeler on dirige la petite boule rose en traçant des lignes sur… le gamepad! Ça y est, Nintendo s’est rappelé qu’un périphérique spécial est livré avec sa console! On dessine des courbes pour accélérer, on se rattrape in extremis en esquissant une plateforme. C’est assez enfantin mais on se prend au jeu. J’avais le gamepad en main tandis que Mush et les gars de Fellowsheep me hurlait des directions pour récupérer des bonus dispersés dans le niveau. Ils me criaient aussi des insultes, haha qu’est-ce qu’on a rit…
On a enchainé avec Yoshi’s Wooly World. Vu l’impression assez affligeante que m’avais laissé Yoshi’s New Island, j’ai regardé ces nouvelles aventures du dinosaure vert d’un regard suspicieux. On peut y jouer à deux simultanément et le décors, entièrement en laine, est vraiment très joli. On avait eu Mario Metal et Kirby laine par le passé, maintenant on a Kirby pâte à modeler et Yoshi laine. On peut supposer que Nintendo s’empare du tableau périodique des éléments et décline ses licences sous tous les matériaux. Pas le plus excitant mais reste très correct et à conseiller aux plus jeunes.
J’ai eu une période de ma vie où mes amis m’appelaient Toad. Petite taille et coupe de cheveux, je crois. J’ai toujours eu une affection particulière pour ce personnage depuis lors. Il a maintenant son propre jeu: Captain Toad Treasure Tracker. En reprenant le concept des niveaux bonus de Super Mario 3D World, notre vaillant champignon doit trouver différents trésors apparaissant quand on pivote la caméra. Il y a aussi un petit côté Fez dans ce puzzle-game, indéniablement mais ce concept me tente plus que les deux jeux de plateformes évoqués ci-dessus.
Dans les halles, le stand Nintendo affichait clairement l’envie de se faire une place sur la scène du jeu compétitif.
Je crois que je peux passer très vite sur le très attendu Smash Bros. WiiU, pas parce qu’il est mauvais, au contraire, mais parce que c’est un Smash Bros. Innovant dans son classicisme et garantissant des soirées entre potes délirantes. On y a d’ailleurs joué assis par terre, à l’ancienne, gamin! Ce qui est intéressant à relever, c’est que Nintendo lorgne du côté de l’e-sport avec la sortie de ce nouvel opus. C’est bon de voir Nintendo s’ouvrir au 21e siècle!
En parlant de soirée délirantes, voilà clairement l’un de nos coups de coeur du salon: Splatoon. Deux équipes s’affrontent dans une arène et celle qui repeint le plus de surface gagne la partie. Cette configuration a donné lieu à des affrontements d’anthologie entre Fellowsheep et Semper ludo. C’est simple, ils ont dû nous attirer avec des muffins pour que nous lâchions les manettes. Prise en main simple, accessible à tous mais non dénué de stratégie. Soirées Splatoon-bières-pizza en approche!
Je pourrais encore parler des titres 3DS qui semblaient prometteurs, dont le Fantasy Life de Level5 qui sort à la fin du mois. Mais Splatton nous a tellement enserré dans ses tentacules de poulpe que nous n’avons pas eu de temps à consacrer à la 3DS.
Ce moment gênant où je confonds ouvertement « Amibo » avec « Akimbo »… (Photo thejoypad.ch©)
Avant de sombrer dans un sommeil à peine réparateur, rempli de tempêtes, de sirènes traîtresses et de vagues gigantesques, je fermais les yeux en repensant à la vision que m’avait donnée la Gamescom l’année dernière. J’avais alors comparé Sony et Microsoft à deux immenses monstres marins s’épuisant à dominer l’autre, alors que Nintendo traversait tranquillement le tumulte sur son canoé. L’édition de cette année confirme cette impression. On est pas dans la surenchère ou dans le renouveau absolu, mais le sol est ferme et le ciel toujours clément sur cet îlot. On sait toujours à quoi s’attendre…. et une bouteille de rhum.
