Si le jeu vidéo permet de s’échapper de son quotidien, mes collègues rédacteurs de Semper Ludo, assurant vaillamment leur rôle de pères, peuvent certainement être reconnaissants que je me sois chargé du test de ce simulateur de baby-sitting.
On a sûrement tous rêvé de conduire des bolides, de pouvoir maîtriser la magie, de découvrir des trésors perdus, mais de s’occuper d’un bébé pleurnichard, j’en doute. Ce n’est en tout cas pas ce genre d’espérances qui devaient habiter les yoshis* dans le premier épisode sorti sur Super Nintendo. Après s’être débarrassé du marmot en le restituant à la cigogne, voilà que cette gourde se plante et livre Mario et Luigi aux mauvais parents. Et qui-qui c’est qui va rapporter le beau bébé? Hein, c’est qui? C’est qui-qui?
Le ton gouzi-gouzi est donné direct. Dans les menus, les musiques et surtout les graphismes, soignés, tout choupinous avec leur finition Instagram « coloriée au crayon ». Cette technique, déjà employée à l’époque de la Super Nintendo, crée un contexte « pitit n’enfant » pour un jeu de plateformes assez exigeant. Sauf qu’on se rend rapidement compte que Yoshi’s New Island a succombé aux travers de la casualisation. De bonnes idées, mais à peine exploitées qu’elles disparaissent et une difficulté quasi-inexistante. On verra donc, sans surprise, apparaître cette put… de paires d’ailes qui nous vient en aide lorsque l’on meurt deux fois de suite et qui a la fâcheuse tendance de se retrouver dans pratiquement toutes les dernières productions Nintendo.
Paf, cette ambiance qui servait de cadre devient alors centrale. Tout se révèle être trop enfantin. Quand on termine le premier monde avec 42 vies, on sait que la suite ne s’annonce pas bien. En tout cas pour moi, car c’est un produit qui s’adresse définitivement aux enfants. Aux enfants flemmards. Je n’aurais pas trop de mal à le recommander à un jeune joueur qui découvre les joies de la plateforme. La maniabilité est plutôt bonne et on appréciera que les ennemis soient toujours disposés de manière réfléchie. Si ce gugus est là c’est certainement qu’il y a une fleur qui va apparaître si je fais telle ou telle chose. On comprend alors très rapidement des mécanismes qui se répètent. Pas sûr que la rejouabilité soit très attractive.
Mis à part quelques boss intéressants mais n’offrant que peu de défi, je me suis demandé de quoi d’autre je pouvais vous parler. Je me suis donc questionné sur la situation démographique de la population yoshi de cette île. Que savons-nous sur cette race de dinosaure? Pour commencer, je me suis demandé ce qui pouvait différencier un mâle d’une femelle? Car il serait bien trop misogyne de supposer que le yoshi rose est une fille. Nous sommes au 21e siècle, que diable. D’autant plus que gober des ennemis suffit à pondre des oeufs. Tous les yoshi fonctionnant de la même manière (on aurait d’ailleurs aimé des compétences particulières par couleur de yoshi, soit dit en passant…), on peut donc en déduire que le mode de reproduction est asexué. Il n’y aurait alors pas de madame yoshi?! Le personnage de Yoshi – avec une majuscule cette fois – étant dépeint comme masculin, les mêmes caractéristiques sont étendues à ces autres congénères par translation. A contrario d’un personnage comme Birdo considéré comme féminin dans la mythologie de Nintendo… mais qui crache aussi ses oeufs quand on y pense! Existe-il alors quelque part une « Birdo’s Island » ?!
En résumé, Yoshi’s New Island est une métaphore de l’homme célibataire qui préfère rester peinard avec ses potes sur son île et se débarrasser au plus vite du bébé, en le refilant à son voisin, ou de l’oeuf fraichement pondu en l’envoyant valser. Enfin, si j’ai bien compris…
*Avec une minuscule, donc, puisqu’il ne s’agit pas du personnage mais de la race animalière.
Note: 3 pampers sur 10