Étal filant [ Astro Bot ]

La marque PlayStation n’est pas vraiment réputée pour ses jeux adaptés aux enfants. Pourtant, l’exclusivité Astro Bot vient de pointer le bout de ses pixels et enchantera facilement petit et grands. C’est un véritable festival de bonnes idées.

Disons-le tout de suite, Astro Bot c’est fantastique. Comme ça les choses sont claires dès le début. J’ai adoré ce jeu et je l’adore encore puisqu’il me reste un dernier quart à parcourir. Je me dépêche d’ailleurs de taper ce texte, parce que j’ai hâte d’y retourner. C’est festif, éclatant et chaque situation est une nouvelle proposition de gameplay. C’est de la bonne humeur en pixel sur une vingtaine d’heures. L’équivalent de Lego the Movie et sa chanson Tout est super génial, mais dans le registre du jeu vidéo?

 

ASTRO BOT bonne ambiance PS5

Une bonhomie permanente. Un jeu pour les enfants et les enfants intérieurs des adultes. [NDTeiki : Si notre enfant intérieur préfère massacrer des tyranides, c’est grave Dr?].

 

Astro Bot est un jeu de plateformes-action en 3D. On y contrôle un petit robot en plein « star trip » à bord d’un vaisseau spatial en forme de PS5 avec ses congénères Bots, lorsqu’ils sont attaqués par une vile créature de l’espace qui démonte le vaisseau et envoie valdinguer tout ce beau monde à travers cinq galaxies. Chacune d’entre elles est sous le joug d’un animal géant faisant office de boss final. Il s’agit donc maintenant d’explorer ces galaxies pour retrouver les pièces du vaisseau démantibulé, ainsi que les 300 autres Bots.

 

ASTRO BOT alien xbox

Bien évidemment, le fait que l’alien méchant soit vert-couleur-Xbox est un hasard complet 😉

Licorne d’abondance

Chaque niveau est très court, mais ils représentent surtout des univers bien spécifiques (plage, jungle, manoir hanté, immeuble en construction, etc.), avec des décors superbes, fourmillant de détails. La difficulté n’est pas très poussée et les joueurs ou joueuses les plus aguerris mettront une petite dizaine d’heures à en voir le bout. Cependant, l’intérêt réside aussi dans l’exploration minutieuse de ces décors, puisque les comparses d’Astro sont bien cachés et il faudra parfois faire preuve de ténacité pour les débusquer.

 

ASTRO BOT ken ps5

« Un doux Ken » de retrouvé !

 

Ce qui donne le sentiment de parcourir un parc d’attractions avec Astro Bot c’est d’abord ses mécaniques de jeu qui se renouvellent sans cesse lorsque l’on découvre de nouvelles capacités. Celles-ci sont mises à contribution pour résoudre des énigmes environnementales et progresser vers la sortie. Mais également ses multiples clins d’œil aux licences iconiques de la marque PlayStation et à l’histoire du jeu vidéo en général.

 

ASTRO BOT grimpe ps5

Pratiquement chaque niveau propose un gadget qui transforme Astro et lui donne une aptitude unique. Par exemple, celle-là il m’a fallu un moment pour comprendre qu’il fallait utiliser le gyroscope pour grimper.

Jeu t’aime

Cette année, PlayStation fête ses 30 ans et Astro Bot est une lettre d’amour enflammée à cette page d’histoire, à sa culture et sa créativité. L’inspiration puise chez les plus grands. Pensez Super Mario Galaxy ou Rayman Legends, par exemple. C’est le genre de jeu qui me fait immédiatement me rappeler pourquoi j’aime les jeux vidéo. Tout y est coloré, dynamique, enjoué, drôle, malin et festif. Le jeu se veut accessible pour les plus jeunes, mais les parents auront eux plaisir à retrouver toutes les mascottes des jeux de leur enfance.

 

ASTRO BOT boss

Des Boss viennent ponctuer la plupart des niveaux. Pas de gros challenges en vue, mais une utilisation intelligente du pouvoir acquis peu avant.

 

C’est simplement jouissif et je suis soulagé de voir que Sony ne s’est pas contenté d’aligner toutes ces mascottes et de remplir les trous avec du vague contenu jouable. C’est même l’inverse. On tient là un gameplay ultra solide, un jeu passionnant et prenant qu’on saupoudre de clins d’oeil venant flatter la nostalgie. De Metal Gear Solid à Horizon Zero Dawn, en passant par Street Fighter, Resident Evil et PaRappa the Rapper, l’effet de découvrir chacun de ces Bots déguisés colle un grand sourire niais, mais tellement plaisant.

 

Astro bot mario galaxy ps5

OK, ma capture d’écran est un peu forcée, mais le ressenti est bien là. Hommage ou copie, chacun jugera, mais le fun lui est indéniable.

Un robot pour les gouverner tous

J’ai lu un article de Kotaku parlant du fait que Astro Bot n’était pas vraiment une prise de risque pour Sony qui ne proposait pas quelque chose de réellement nouveau. En y jouant, j’ai effectivement eu le sentiment de revivre d’autres passages de jeux (surtout les niveaux bonus où la difficulté se corse).

Mais l’article de Kotaku évoque aussi un sentiment pouvant être inconfortable d’ultra fidélisation. Comme si jouer à Astro Bot était une manière de prêter allégeance à la marque PlayStation qui nous caresse dans le sens de la nostalgie, alors que cette même marque ne prend justement plus de risque comme autrefois. Prendre des risques serait ainsi synonyme d’une plus grande gratification du joueur ou de la joueuse. Flatter notre sentiment d’appartenance à la grande famille du jeu vidéo, sans chercher à innover, aurait ainsi tendance à déséquilibrer une balance hypothétique entre ce que l’industrie et ses utilisateurs et utilisatrices se doivent mutuellement.

 

ASTRO BOT japon et musiques

Les thèmes musicaux calent directement l’ambiance des différents contextes, mixage parfait.

 

Je trouve l’approche du journaliste de Kotaku intéressante. Tout en espérant qu’elle ne soit pas uniquement une démarche aux relents élitistes de descendre quelque chose que tout le monde encense (principe très à la mode sur les internets…). Toutefois, cette fameuse balance réciproque consommateurs-industrie n’est, d’après moi qu’une construction sociale chimérique. Une marque, ou un studio, ne « doit » rien à ses consommateurs même les plus investis (pour ne pas dire « les fans »). On nous propose un produit, un concept, une idée et si cela ne nous convient pas, libre à nous de ne pas accepter aveuglément une modalité, comme un prix d’achat par exemple. Je vais donc profiter de cet encart, que j’ai moi-même ouvert ici t’inquiètes même pas je fais ce que je veux, pour faire un lien avec un point qui me questionne effectivement: l’annonce de la PS5 Pro.

 

ASTRO BOT bonus ps5

Les niveaux bonus sont beaucoup plus punitifs.

Prendre le robot par les cornes

Juste avant la sortie d’Astro Bot, Sony a annoncé en grande pompe l’arrivée de sa console Pro pour le 7 novembre (mais les précommandes sont déjà ouvertes, lolilol, bien évidemment). Autant j’ai annoncé tout de suite la couleur en disant que je raffole d’Astro Bot, autant là je vais être moins câlin. Les caractéristiques techniques annoncées incluent un processeur graphique plus rapide améliorant le rendu, la technologie Ray Tracing avancée pour des réfections et réfractions plus dynamiques et une mise à jour de la résolution comblée par IA. En gros: ce sera plus joli.

 

ASTRO BOT galaxie complète

C’est un appel à finir le jeu à 100%.

 

Avec un prix annoncé à 800 CHF (environ) et sans lecteur de disques (pour lequel il faudra rajouter 200 CHF environ), cette PS5 n’a strictement aucun intérêt. Elle ne rendra pas nos jeux meilleurs, mais juste plus beaux. Alors qu’Astro Bot, au demeurant fort joli jeu, nous rappelle justement que le jeu vidéo c’est s’amuser avec parfois peu et en mettant le gameplay au centre. L’existence même de cette PS5 Pro est une absurdité. J’avais dit que je ne serais pas tendre. Bien entendu, ce n’est pas première fois que ce genre de situation « mid-gen » se présente. Les PlayStation précédentes avaient également eu droit à leurs versions « Pro », mais pour chacune d’entre elles l’intérêt est très discutable.

 

Ps5 version 30 ans

Pour fêter les 30 ans, Sony a aussi annoncé une variante de ses produits aux couleurs de la première Playsation. C’est cool, je le reconnais. Mais vous la voyez la limite de la nostalgie là, non?

Robots sociaux

À un moment où il n’a jamais été aussi facile et accessible de jouer aux jeux vidéo de manière générale, mais également à une époque où l’inflation pique sévère, cette surenchère à l’armement graphique est inutile. Ainsi, je désespère de voir « les gens » se plaindre du prix sur les réseaux sociaux (ainsi que dans les discussions au café du commerce) comme s’ils étaient condamnés à devoir acheter la nouvelle console. Il n’est jamais trop tard pour le rappeler, mais nous n’avons aucune obligation d’achat. Vous avez déjà une PS5? N’achetez pas la Pro. C’est aussi simple que ça. Vous n’avez pas de PS5 et vous en voulez vraiment une? Achetez la version actuelle.

 

ASTRO BOT sony hommage ps5

Le sentiment d’appartenance au groupe est fort, mais nous conservons le choix des modalités.

 

 

ASTRO BOT ps5 construire

À moins que le message du jeu ne soit « Apprenez à construire votre PS5 vous-même pour ne plus devoir acheter la nouvelle »?

 

Ne soutenons plus ce genre de démarche. Surtout arrêtons ce discours larmoyant du fan frustré à l’annonce de cette PS5 Pro. Sony ne viendra pas vous mettre un couteau sous la gorge pour acheter sa nouvelle console. Le marketing sait comment activer notre sentiment de vouloir ce qui est nouveau et de faire partie du groupe. Mettons en œuvre notre sentiment d’appartenance en n’étant pas les pigeons d’un système qui cherche le rendement et pas le fun. Pour le fun, jouez à Astro Bot sur votre PS5 « normale ».

Note: 10 sur 10 des étoiles plein les yeux

Testé et uniquement disponible sur PS5.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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