Si l’on regarde en arrière, on s’aperçoit que les deux jeux de la série Horizon sont initialement sortis dans un contexte légèrement défavorable, en face de mastodontes du jeu vidéo qui concourraient dans la même catégorie. Le premier, Zero Dawn, est sorti quelques jours avant Zelda Breath of the Wild (aïe), alors que Forbidden West, sa suite, est quant à elle arrivée une semaine avant Elden Ring (aïe aïe aïe). C’est dommage, car bien que les jeux de Guerrilla Games souffrent de la comparaison, ils n’en restent pas moins des expériences très plaisantes, bien qu’utilisant la formule désormais classique du jeu d’action teinté de RPG en monde ouvert. Ce n’est donc pas une si mauvaise chose que les versions PC soient sorties avec quelques années de décalage, permettant à toute une frange de joueurs d’être peut-être plus disponible pour découvrir les aventures d’Aloy. La sortie sur Steam et sur l’Epic Games Store de Horizon Forbidden West est donc l’occasion de nous replonger dans son monde post-post-apocalyptique rempli de machines.
À l’Ouest, pas grand-chose de nouveau
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit disclaimer s’impose : cet article n’a pas pour vocation d’être un test complet du jeu ; Horizon Forbidden West avait en effet déjà été testé sur le site à l’époque de sa sortie sur PS5. Cette Complete Edition y est identique en termes de contenu (le DLC Burning Shores est inclus, mais n’a malheureusement pas pu être essayé, faute de temps).
Autre précision à mon sens primordiale : comme la plupart des jeux PC, les performances dépendent bien évidemment de ce qui se trouve dans votre bécane. Horizon Forbidden West est un jeu relativement gourmand ; les impressions qui vont suivre sont donc à relier à ma config, à savoir un processeur quelque peu vieillissant (un AMD Ryzen 5 3600X) accouplé à une carte graphique plus que capable (une AMD Radeon RX 6700 XT). Le tout sous une résolution ultrawide de 3440×1440, comme en attesteront les captures d’écran.
C’est loin, mais c’est beau
Évidemment, une des forces d’une version PC par rapport au même jeu sur console, c’est la pléthore d’options graphiques disponibles. Horizon Forbidden West ne déroge pas à la règle, et permet d’ajuster bon nombre de paramètres sur plusieurs niveaux (de « très faible» à « très élevé»). Tous n’auront pas le même impact sur les performances ; la qualité des textures est logiquement ce qui ira le plus grignoter dans les ressources de votre GPU, mais la plupart des options de « détails » (les ombres, la qualité de l’eau, etc.) n’entravent pas drastiquement la fluidité du jeu. Une bonne nouvelle pour les personnes qui aiment mettre les potards à fond, une moins bonne pour celles souhaitant gagner de précieuses images par secondes en rognant sur les fioritures.
Et tant qu’on en est à parler du framerate, il convient de noter que contrairement à la version PS5 qui proposait uniquement du 30 ou du 60 fps (si l’on résume grossièrement) avec ses modes « Qualité » et « Performance », c’est ici beaucoup plus modulable, et ne sera limité que par la puissance de votre machine, ou le taux de rafraichissement de votre écran.
Au rang des améliorations visuelles, il en est une sur laquelle j’aimerais m’attarder le temps de quelques mots : l’augmentation du champ de vision (ou FOV). Comme à l’époque de portage PC de Zero Dawn en 2020, ce réglage est pour moi la star des options graphiques. En l’augmentant jusqu’à son maximum, la caméra, qui d’ordinaire est collée de près à notre personnage, se voit reculée et permet ainsi de profiter encore plus des décors que le jeu nous propose. C’est évidemment encore plus vrai si l’on possède un écran ultra-large, mais la différence se fait nettement ressentir même sur un format 16:9 classique.
Un portage de bon Aloy
On ne va pas se mentir : avec ses textures haute résolution et son fourmillement de détails et de particules, Horizon Forbidden West est un jeu très gourmand. Il n’y a qu’à regarder les configurations minimales et recommandées pour comprendre qu’un minimum de matériel récent est requis si l’on veut profiter du jeu dans d’excellentes conditions. Mais heureusement, deux paramètres permettent de « tricher » un peu : la mise à l’échelle adaptative couplée aux technologies d’upscaling. Le premier privilégie la fluidité : le jeu baissera automatiquement la résolution d’affichage afin de garder un framerate constant, ce qui aura forcément des conséquences sur la qualité graphique.
L’upscaling, quant à lui, repose sur les technologies propriétaires des fabricants de cartes graphiques (Nvidia et AMD proposent désormais chacun la leur), qui consiste à utiliser une intelligence artificielle pour simuler les pixels manquants, et donc afficher une résolution « virtuelle » plus haute que la résolution native. Ces deux paramètres activés ensemble permettent, dans la plupart des cas (et encore une fois, avec l’expérience que j’en ai eue), de maintenir à la fois une qualité graphique et un framerate constant, ce qui est très appréciable. Évidemment, on n’échappe tout de même pas à quelques ralentissements ici et là, surtout dans les zones très chargées (les villes, notamment), ou simplement lors de la première entrée dans une zone ouverte, le temps que le jeu charge tout correctement.
Titanium Aloy
Une autre bonne surprise de ce portage, c’est la rapidité des temps de chargements. Il est évidemment fortement recommandé d’installer le jeu sur un SSD (eh oh, on est en 2024 quand même), et une fois les shaders (ou « nuanceurs » comme ils sont ici appelés) compilés, une dizaine de secondes suffit pour charger une sauvegarde ; ce qui est relativement court pour un jeu à monde ouvert de cette envergure. Un soulagement quand on pense à certains jeux d’il y a quelques années, dans lesquels charger une sauvegarde précédente tenait du cauchemar (c’est toi que je regarde, Witcher 3). Enfin, petit détail, mais suffisamment rare pour être mentionné : les fonctionnalités de la manette PS5 (retour haptique, gâchettes adaptatives) sont prises en charge par le jeu. Si vous aussi vous voulez forcer un bouton à chaque fois que Aloy encoche une flèche sur son arc, c’est une possibilité sur cette version PC.
Rage Against The Machines
Un petit mot pour les possesseurs d’un Steam Deck : le jeu tourne, bien qu’assez péniblement, c’est-à-dire à 30 fps grand maximum (et pas toujours constants), et avec tous les réglages vers le bas. C’est tout de même déjà impressionnant qu’un jeu de ce calibre puisse être fait sur une machine portable, mais il est difficile de le recommander, tant on y perd en confort visuel. Si jouer à Horizon Forbidden West dans votre plumard est une nécessité profonde, autant le streamer via un PC de bureau et Steam Link, ou éventuellement streamer la version PS5 sur un PlayStation Portal ; pour autant que la connexion internet suive.
Cette Complete Edition se révèle donc être un très bon portage. Afin d’en profiter, il sera toutefois nécessaire de disposer d’une bonne configuration, surtout pour les personnes en faisant l’acquisition dans le but de dépasser le niveau technique de la version PS5. Dans tous les cas, Horizon Forbidden West reste un très bon jeu, parfois un peu trop vaste pour son propre bien, et avec une héroïne qu’on pourrait qualifier d’attachiante, et cette version PC y fait honneur.
Note : 900 cannes de rivage / 1000 places dans l’inventaire
Testé sur PC (Steam)