Who you gonna call? (Luigi’s Mansion 2, 3DS)

Nous savions déjà qu’il ne faut jamais, jamais, croiser les flux parce que c’est mal. Nous savions également que Mario a tendance à monopoliser le devant de la scène. Mais voilà qu’on nous propose une méthode, semble t-il, moins dangereuse que celle de SOS Fantômes et que le second plombier le plus connu du monde peut également tenir le premier rôle.

 

D’ailleurs, c’est toute la « psychologie » de Luigi qui crée une réflexion autour de ce titre. Avant de vous dire à quel point j’ai aimé retrouver les aventures de ce chasseur de fantôme trouillard – car oui, j’ai aimé – j’aimerai me lancer dans une analyse un peu plus poussée du contexte de ce jeu. S’il était question de porter secours à Mario dans le premier épisode sur GameCube, il est cette fois-ci totalement absent du jeu, ce qui ne manquera pas d’étonner plusieurs des personnages rencontrés à travers les différentes missions. Mais contrairement à son frère, toujours prêt à se lancer sans arrêt à la rescousse de la princesse Peach, Luigi ne donne jamais l’impression d’avoir envie de jouer les héros. Il subit les événements et les tâches qui lui sont imposés maladroitement par le professeur K.Tastroff.

Le survolté professeur K.Tastroff, un maniaque du contrôle...

Le survolté professeur K.Tastroff, un maniaque du contrôle…

Au fil des années, Mario m’apparaît comme une sorte de robot, qui ne se pose pas de questions, ne semble pas avoir d’émotions et fonce, tête baissée et acrobatiquement, à travers toutes sortes de tableaux. A l’inverse Luigi, anti-héros caractérisé, est ici continuellement « habillé » par une émotion: la peur. Le professeur communique avec Luigi via une console DS modifiée. Ce qui peut sembler un simple clin d’oeil de game design peut être poussé plus loin jusqu’à y voir une mise en abîme du jeu, un jeu dans le jeu. En effet, Luigi est sans arrêt bousculé par le professeur qui n’a de cesse de lui dire ce qu’il doit faire et où aller (ce qui, au passage, est assez frustrant pour le joueur de plus de 12 ans…). De la même manière, le personnage de Luigi réponds aux contrôles opérés par le joueur, gauche, droite, aspire, cours, etc. En tant que joueur, nous sommes tout autant contraint de suivre les directives du professeur. Ce tour de passe-passe nous confère une position plus proche de Luigi que nous n’en avons jamais eue vis-à-vis de cette page blanche qu’est Mario. De plus, pour tenter de se rassurer, Luigi fredonne des passages de la musique d’ambiance du jeu. C’est une façon de jouer avec le fameux 4e mur (au théâtre c’est ainsi qu’on désigne le public par opposition aux 3 autres qui encadrent les comédiens) et de rapprocher encore plus Luigi et le joueur.

Un peu d'humour et une référence à Psycho

Un peu d’humour et une référence à Psycho

En plus de cela, le jeu est très plaisant! J’avais qualifié le premier épisode de « Resident Evil pour enfants » – les références y sont d’ailleurs toujours présentes – j’utiliserais aujourd’hui plutôt le terme de « pour âmes sensibles », afin d’éviter le côté dénigrant de cette première appellation. Même si le jeu n’offre pas un challenge d’exploration très élevé, notamment dû aux interventions frustrantes du professeur, certaines énigmes demandent tout de même un temps de réflexion. La longévité du jeu est artificiellement prolongée grâce aux « quêtes secondaires » consistant à débusquer les fantômes Boos et à récupérer des gemmes disséminées à travers les manoirs. Paradoxalement, la recherche des Boos ne pourra se faire qu’en comptant sur la persévérance, aucun indice visuel ni sonore ne viendra nous aider, ce qui décadre complétement avec le reste plus que dirigiste.

Très bonne animation, graphisme colorés, musique et effets sonores créant une ambiance « horrifique », un très bon moment que ce Luigi’s Mansion 2!

Note: 8 Casper sur 10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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