30 millions. Ce chiffre astronomique n’est pas celui du prochain tirage du Loto, mais pourtant il s’agit aussi d’un gros lot. Il correspond au nombre de copies vendues de Player Unkown’s Battlegrounds. Alors forcément vous connaissez quelqu’un qui y joue. Retour sur une « success story ».
Il existe des légendes dans le milieu du développement de jeux vidéo. Toutes les nuits de pleine lune, les solstices bissextiles d’année impaire, un mythe se crée, se ventile sur Internet, se déforme au fil des tweets, s’embellit au détour des reposts et inscrit un jeu dans l’histoire. Vous avez, par exemple, probablement déjà entendu l’histoire de Minecraft, le « jeu moche développé par un type tout seul dans son garage, mais qui s’est vendu à des millions d’exemplaires ». Player Unkown’s Battlegrounds, que l’on abrège PUBG dans les soirées mondaines et dans les articles limités à 2500 signes, est donc de ce genre de fable contemporaine. Le conte auréole également sa création. De l’homme seul à l’origine du jeu, au fait que tout aurait été copié d’autres jeux (DayZ et H1Z1), qui, eux-mêmes, avaient tout piqué au film Battle Royale, lui-même ayant inspiré Hunger Games. Toujours est-il que PUBG est un succès colossal. Depuis le lancement de sa version « anticipée » (donc non terminée, mais qu’on achète si l’on souhaite soutenir le développement), le nombre de joueurs n’a cessé de croître, venant même jusqu’à détrôner les tenants du podium du nombre de vues, sur Twitch. Y atteindre des sommets est une promesse d’un bond dans les ventes. Bien sûr, nous on y joue depuis mai dernier, avant que ça ne devienne un truc à la mode, m’voyez. Et rarement un jeu n’a suscité autant d’engouement dans les joueurs de notre entourage. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les jeux auxquels jouent les membres de nos « listes amis » Steam pour déceler comme un schème.
Cent pour sang
La clé du succès ? Proposer un concept simple : 100 joueurs parachutés sur une île, dont la superficie se rétrécit progressivement, des armes cachées un peu partout qu’il faut se dépêcher de dégotter, une tension quasi non-stop pendant les trente minutes que dure chaque partie et de franches rigolades quand on parvient à être parmi les derniers survivants (ou quand on n’a pas compris d’où est venu l’ennemi qui nous a terrassés). La version finale du jeu vient tout juste de sortir et se permet le luxe d’ajouter une seconde carte, plus désertique, alors que la première avait des faux airs de campagne d’Europe de l’Est.
Un peu plus de trente francs en accès anticipé, on trouvait ça cher. Aujourd’hui, cette version finale les vaut complètement. Même en n’y jouant pas pendant des semaines, on retrouve rapidement ses marques. Le jeu reste un jeu de tir (donc à ne pas mettre entre toutes les mains), mais se détache de tous les artifices d’un Call of Duty ou d’un Battlefield. On ne s’occupe pas de classe, ni de personnalisation, ou d’expérience à gagner, chaque partie remet tous les joueurs au même niveau, tout le monde commence de la même manière : à poil. Il est possible de gagner des éléments de customisation (uniquement esthétique), mais surtout de les revendre ! Si, si, vous avez bien lu. Ce petit haut gris, déniché au sein d’une loot box, pourra se monnayer via le menu de Steam contre de l’argent réel, qui pourra être dépensé pour acheter des jeux. Mais quelle époque on vit, Lucette !
Le bon chasseur, il voit passer une escouade, ben il tire.
La question n’est donc pas tellement de pourquoi y jouer, mais plutôt comment ? L’une des particularités de PUBG est que chacune de ses parties de trente minutes portera son lot de tension et pourra se gagner en jouant agressif, ou en se cachant patiemment jusqu’au dernier moment, pour atteindre un climax de gunfights, dans un quasi-dé à coudre. Et on recommence ! On y revient, qu’on ait gagné ou perdu, on expérimente souvent le syndrome « allez, on en refait juste une petite dernière ». Sauf lorsque l’on se retrouve seul. Le jeu perd alors beaucoup d’intérêt. La version finale du jeu ajoute d’ailleurs un système de matchmaking qui regroupe uniquement des escouades du même nombre de joueurs. Jouez à trois et abattez un ennemi, soyez donc sûr que ses deux copains ne sont pas loin. Chacun son style, pour ma part j’évite de jouer trop longtemps avec les sensibles de la gâchette qui snipe au fusil à pompe (sic.) en invectivant la génitrice de leurs adversaires. Par contre, je suis plus à l’aise couché dans l’herbe à discuter patiemment du sens de la vie en laissant les autres s’entre-tuer.
Rarement on aura vécu des moments de jeu si intense. Mourir ne signifie pas complétement la fin de la partie, puisque la caméra spectateur permet de suivre ses coéquipiers et de partager leur décharge d’adrénaline. Il n’est pas rare de se mettre à chuchoter dans ces moments-là, car on croit avoir entendu des pas, ou que l’on confond un buisson au loin avec un ennemi. Certains se plaignent encore de bugs et il est vrai que cette « version 1.0 » aurait mérité encore un coup de vernis, mais la sortie sur Xbox One (exclusivité console) a probablement précipité les conditions de finition. PUBG fait partie de ces phénomènes qui marquent le monde du jeu vidéo. Comme Minecraft, ou League of Legends, par exemple, il y aura clairement un avant et un après. On ne s’étonnera donc pas de voir de gros éditeurs proposer leur propre « Battle Royale » prochainement, mais certainement avec un train de retard tout de même. Les dernière news font d’ailleurs état du nombre de joueurs de Fortnite, le concurrent direct, qui aurait dépassé celui de PUBG. N’oubliez pas de cliquer sur « prêt », on attend pour relancer.
Note: Avec des potes, 9 Katniss sur 10; seul, la note chute drastiquement
Également disponible sur Xbox One.