Qui ne connaît pas, ou pire n’apprécie pas, Le Seigneur des anneaux ? Un récit qui a marqué plusieurs générations, sur papier comme en film, avec son monde fantastique rempli d’orcs, de nains, d’elfes, et de loot boxes. Ben oui, vous croyiez qu’il l’avait eu où son équipement légendaire, le Gandalf ?
Autant le dire tout de suite, le système de combat est le cœur du gameplay de L’Ombre de la Guerre. Le jeu propose parfois d’autres choses comme des puzzles ou de l’exploration, mais la majeure partie du temps se passe épée à la main, face à une foule d’Uruk-hai en colère. Les animations sont fluides, les coups procurent une vraie satisfaction, et faire monter la jauge de combo est jouissif. Pour citer une 150e fois la série des Batman : Arkham, on s’approche de la même dose de fun et de flow (je place des mots en anglais, je suis trop cool, je sais). Vous jouez un ranger qui est lié au fantôme d’un Seigneur elfe après avoir été maudit dans le premier jeu. Vous possédez donc des pouvoirs hors du commun, comme le fait de pouvoir revenir d’entre les morts. La lourde tâche qui vous incombe est de stopper Sauron et ses armées grâce à un anneau que vous avez forgé, puis perdu comme une merde en 5 minutes. Le jeu se passe plus ou moins à la fin de Bilbo le Hobbit et tente d’expliquer ce qui a occupé Sauron autant de temps (toute une vie de hobbit), avant les événements de La Communauté de l’Anneau.
Je ne détaillerai pas en entier le système de combat parce que ça prendrait cinq paragraphes. Il est somme toute assez classique de premier abord et se rapproche de ce que l’on voit régulièrement à la troisième personne, avec ses aides visuelles permettant de parer ou esquiver. L’arc permet de rentrer dans un court mode slow-motion, favorisant l’utilisation en pleine mêlée. Il permet également de se téléporter dans un feu de camp pour le faire exploser (cherchez pas). Les montures ennemies peuvent, quant à elles, être chevauchées après avoir été fatiguées, à grand renfort d’épée dans le flanc.
Votre éventail de coups est limité au début, mais le système de progression qui vous récompense régulièrement possède une flopée de pouvoirs et autres habilités à débloquer. Et c’est là que le combat devient intéressant. Ces upgrades sont parfois à choix et vous ne pouvez pas tout activer en même temps, mais les possibilités pour défoncer de l’Uruk-hai deviennent très variées, entre les exécutions et les sorts de zone. Les ennemis aussi sont diversifiés: du simple orc à l’archer, en passant par le berzerker, les soldats montés et les dragons (bon ok, techniquement c’est des dracs). Les contrôles sont réactifs et le déplacement généralement correct. Vous resterez quand même bloqué dans un coin d’escalier de temps à autre et la caméra n’est pas toujours coopérative. Heureusement que l’interface est entièrement personnalisable et vous serez obligés d’enlever quelques infos une fois familiarisés, sinon c’est le spam permanent et l’écran devient trop chargé.
Le jeu est structuré autour du loot. Lorsque vous faites tomber des membres de l’armée de Sauron, ils lâchent de l’équipement. Équipement que vous pouvez utiliser et améliorer en réalisant certains défis, ou simplement recycler pour du mythril. Cette thune peut être dépensée dans la boutique contre des coffres contenant de l’équipement ou d’autres récompenses comme des sous-fifres de plus ou moins haut niveau. Recyclez ce que vous avez reçu et recommencez autant de fois que nécessaire, c’est passionnant. Il existe une autre monnaie que vous ne gagnerez que parcimonieusement ou que vous acquerrez à foison avec la quête secondaire « Visa Mastercard » disponible à la banque de Minas Ithil. Maintenant, on paye pour pouvoir baisser la difficulté, c’est beau. Non pas qu’il n’y ait pas de mode facile pour les moins téméraires d’entre nous, mais la difficulté du jeu est bien dosée et vous mourrez probablement maintes fois.
Il y a bien une histoire, mais elle est vite relayée au second plan, face a l’immensité du boulot que représentent tous les objectifs secondaires. Sérieusement, vous pourriez jouer dix heures sans avancer l’histoire. Ce qui peut être un bon point, mais c’est dommage de ne pas plus exploiter une licence comme celle-ci. Je ne demande pas à croiser des hobbits ou voir Legolas (même si l’histoire possède quelques caméos), juste un peu plus de narration. Je suppose qu’un système open-world force à mettre l’accent sur le gameplay. Si malgré tout vous crochez (c’est quand même l’univers du Seigneur des anneaux ma p’tite dame), la trame principale réserve quelques surprises comme des boss.
Le système némésis est intéressant et bien foutu comme on dit chez nous. Je m’explique : l’armée des Uruk-hai possède une hiérarchie avec ses chefs de guerre et ses capitaines, et chaque région possède son armée et sa forteresse. En gros, chaque orc possède certains attributs et habilités générés aléatoirement : des forces, des faiblesses, des immunités, des talents. On en apprend plus sur ces capitaines en interrogeant certains orcs marqués sur la mini-map. Le panel de surprises que vous réservent les capitaines est fourni et les choses se passeront rarement comme vous l’aviez prévu, surtout si vous ne vous êtes pas renseignés avant.
À vous de semer la terreur parmi les rangs ennemis en décimant les gradés ou en les recrutant de force. Une fois ces derniers soumis à votre volonté, vous pourrez les commander et les envoyer tuer d’autres capitaines, les prendre comme gardes du corps, ou les envoyer infiltrer un seigneur de guerre ennemi. Certains viendront vous embusquer en plein combat avec un autre capitaine, alors que d’autres décideront de ne pas vous achever pour vous humilier et prendre du grade. Si par malchance, ou par manque de talent, vous veniez à décéder, le temps avancera. Concrètement, votre meurtrier prendra du niveau et probablement un surnom ridicule, tandis que de nouveaux gradés feront leur apparition pour remplacer les morts. Et voilà qu’apparaît une mission spéciale pour vous venger de votre assassin. Vous l’aurez compris, ça ne se finit jamais vraiment. Même lorsque vous aurez pris la forteresse après avoir soumis la moitié de l’armée, vous pourriez être trahi par un de vos seigneurs de guerre.
Ou par un autre joueur. Le défenseur envahi ne perdra rien, mais l’attaquant peut gagner de l’xp et des récompenses. Cette portion du jeu est passive et le résultat dépendra beaucoup du niveau de votre garnison. Des missions de vendetta sont également disponibles et vous pourrez venger Bogossdu93 en exécutant le capitaine qui a causé sa mort. Un petit plus sympathique qui n’amène pas grand-chose, si ce n’est d’éventuellement visiter des régions inconnues et amener sa pierre à l’immense édifice de missions secondaires.
Au final, on tient ici un excellent jeu. C’est beau, c’est fun, c’est fidèle. Cependant, il ne remplira quand même pas les attentes de tout le monde. Si vous avez remporté tous les trophées des Assassin’s Creed et que les Far Cry sont vos jeux préférés, jetez-vous dessus. Pour les autres, sachez que presque tout tourne autour du combat, et le jeu reste un immense grind permanent, presque à la manière d’un MMO. Le pari de donner vie au Mordor est réussi et on se perd des heures à chevaucher des dracs pour aller exécuter ce capitaine qui vous a tendu un piège plus tôt, pendant que vous cherchiez un artefact. À faire pour son gameplay, pas pour son histoire, noyée dans une foule de quêtes annexes et autres trucs à collecter.
16 anneaux de pouvoir sur 20.
Disponible sur PC, PS4, Xbox One.