Tunic & Knuckles [ Tunic ]

« CE QUI NE VA PAS AVEC TUNIC« . Voilà ce que vous auriez lu si nous étions sur YouTube. Avec une superbe photo de moi, grimaçant, devant un artwork du jeu. Mais nous n’y sommes pas, alors je vais me contenter de vous expliquer le potentiel de ce jeu et pourquoi il a les défauts de ses qualités.

Si l’habit ne fait pas le moine, la tunique ne fait pas le Zelda. Ce n’est pas parce que le petit renard sur l’image promotionnelle reprend la posture et la dégaine de Link, que nous sommes face à un clone. L’inspiration est là, indéniablement, mais l’écart se creuse rapidement. Mais nous y reviendrons plus en détail. Ce paragraphe m’a déjà permis de place mon premier jeu de mots avec Tunic. On se met bien.

Tunicorrecte exigée

Ils sont sympas au studio Finji, ils pensent à nous qui devons nous creuser les méninges pour trouver des jeux de mots toujours plus élaborés. Eux ils nous servent tout sur un plateau quand ils conçoivent le nom de leur production. C’est un univers de possibilité qui s’ouvre devant moi!

 

Tunic monde

La carte maîtresse de Tunic, c’est son level design. Tout cela fourmille de passages dissimulés sous notre nez et qu’on ne découvre souvent que lorsque l’on ressort du chemin.

 

Mais Tunic ce n’est pas que de la forme, c’est aussi du fond. Il s’agit donc d’un jeu d’action en vue isométrique, dans lequel on joue un petit renard dans une forêt et… Et c’est tout? Oui, au début on en sait pas plus. C’est un sentiment assez étrange que de débuter un jeu – et d’en explorer un long bout – avant d’avoir une quelconque idée de ce qui s’y trame. En même temps, pas besoin de longues explications: il y a des ennemis qui me menace à droite, il me faut donc certainement une arme. Tiens, voilà un bâton à gauche. Des buissons bloquent le chemin et un panneau indique une icône d’épée? Il y a fort à parier que je devrais prendre cette direction. L’influence du grand frère Zelda n’est donc pas loin.

 

Tunic marchand

Lui, il est flippant. Mais en fait, il vous vend des trucs. Si vous tombez sur lui.

 

J’ai trouvé cela particulièrement grisant de décider d’explorer ce que je voulais, comme je le voulais. Ma progression est alors intelligemment dirigée par le placement d’éléments de jeu (par exemple des ennemis plus puissants). Et non pas par des murs invisibles ou des points à épingler sur la carte. D’ailleurs, ici la carte et le « tutoriel » prennent la forme d’un vieux mode d’emploi dont on découvre les volets progressivement. Comme à l’époque de la NES (encore ce clin d’oeil à Zelda, entre autres) où nous lisions quinze pages de manuel en boucle pendant les heures où nous n’avions pas le droit de jouer et en imaginant ce que pouvait bien signifier le contenu des illustrations. La plupart du temps, on comprend les mécaniques de jeu par essai-erreur.

 

Tunic porte

Quand on joue en cloud sur son téléphone, c’est pas pratique pour faire des screenshots, alors certaines illustrations, dont celle-ci, sont issues du service de presse. Mais en vrai, c’est très proche visuellement!

Auto-tune-ic

Aucune indication (ou presque) signifie également que le jeu « délègue » la tâche au joueur de savoir où il en est dans son exploration. La carte ne se dévoile pas progressivement. Il paraît qu’Elden Ring a aussi choisi cette approche de ne pas prendre les joueurs par la main, vaguement. Faudra que j’y joue un jour, mais j’aime mieux les directions artistiques colorées et n’induisant pas une dépression chronique. Mais ce n’est pas que la progression libre que Tunic a emprunté à From Software. Il y a aussi la difficulté.

Il est tout choupinou ce renardinou, mais alors qu’est-ce qu’il prend cher. On meurt beaucoup et souvent. Et quand ça arrive, on reprend au dernier point de sauvegarde (une flamme devant laquelle on s’est recueilli). Ce cycle demande de faire preuve d’une grande maîtrise de ses nerfs. Il arrive, en effet, fréquemment que l’on se retrouve encerclé ou que la roulade salvatrice ne remplisse pas son office. Par l’odeur du seum alléché, je lui tins à peu près ce langage: « @*$#§~! ».

 

Tunic carte

La carte! Ou du moins une partie du fameux « manuel à l’ancienne » qu’on débloque si on en trouve les pages

L’anneau Tunic

C’est là qu’on découvre le revers de la médaille. J’ai adoré explorer en suivant mon instinct, guidé par des indices intelligemment placés. Mais quand on meurt souvent et de manière assez frustrante, vient un moment où une pause est bienvenue. Le hic, c’est que laisser le jeu dans son coin pendant quelques jours implique de ne plus du tout savoir ce qu’on avait comme objectif, à moins de l’avoir noté à côté [NDZyvon: Serait-ce un problème de goupil?].

J’ai expérimenté le jeu en mode nomade, puisque j’ai profité du cloud du Game Pass. Tunic étant peu gourmand en ressources, il s’y prêtait très bien, même sur un téléphone. Mais ce côté spontané (courte période de jeu) renforce la difficulté à s’y orienter. À plusieurs reprises, j’ai dû regarder une vidéo walkthrough pour retrouver un point de repère et savoir où aller. Cocasse donc que cet élément de game design soit à la fois un point positif et négatif.

 

Tunic grotte

On alterne entre monde extérieur et profondeur. Spoiler: c’est mieux de trouver la lanterne d’abord.

 

Tunic? Pas ce soir, j’ai la migraine

Le saviez-vous? L’équipe de Finji est basé au Michigan. Voilà. Tunic n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Rapport à son concept, pas du fait qu’il vienne de l’État des Grands Lacs, hein. Sous ses petits airs mignons se cache un univers impitoyable qui mettra vos nerfs à rude épreuve. Néanmoins, je pense que c’est un jeu à recommander aux plus jeunes pour se faire les dents. À condition d’avoir un espace de débriefing de la frustration à côté.

 

Tunic exploration

Mais on est d’accord que ça donne envie d’explorer, non? La musiquer onirique de l’artiste taïwanais Lifeformed y contribue avec enchantement.

 

Fanfan la Tunic

C’est une chouette production que nous propose là le (tout petit) studio Finji. Et leur proposition est bien plus profonde et rafraichissante dans le paysage actuel qu’elle n’en a l’air au premier abord. Tunic a clairement profité d’un effort de mise en avant de la part de Microsoft, en étant annoncé à l’E3, puis bénéficiant d’une disponibilité day one dans l’offre du Game Pass. C’est une excellente chose, puisque ce coup de pouce lui a conféré une popularité indiscutable, prouvant ainsi qu’il y a de la place pour des jeux tentant des choses nouvelles. Rien que pour ça, je vous suggère de vous y essayer et ce sera ok si vous n’allez pas jusqu’au bout.

Note: 6 Tunak Tunak sur 10

Testé sur Xbox Cloud (PC, Xbox One), disponible dans le Game Pass ou également sur Steam.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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