« They’re taking us back to Germany » – [Papers please, PC]

Un graphisme rétro laid aux couleurs ternes, des animations quasiment inexistantes, une musique oppressante et un gameplay stressant et répétitif, et vous dites que ce jeu est brillant ?

Papers Please, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas un simulateur de WC au bout du rouleau. En fait, cette simulation propulse le joueur dans la peau d’un pauvre citoyen, « heureux gagnant » ­ à la loterie nationale ­ du poste envié de douanier à la frontière de la glorieuse République d’Artzoska !

Le fonctionnement de base du jeu est extrêmement simple, il faut décider si les gens qui se présentent à la frontière possèdent le droit d’entrer dans la mère patrie. Chaque « client » traité rapporte un petit pécule et à la fin de la journée, il faut utiliser cet argent pour payer le loyer, la nourriture et le chauffage à sa femme, son fils, son oncle et sa belle­-mère.

C'est moche peut-être mais IL Y A DES FEMMES NUES (et des hommes, on est pas raciste hein).

C’est moche peut-être mais IL Y A DES FEMMES NUES (et des hommes, on n’est pas raciste hein).

Le jeu dure un mois… ou moins si le travail de ce brave fonctionnaire, rouage de notre grand système administratif, est assez mauvais pour avoir des conséquences dramatiques comme  la déportation de toute sa famille en camp de rééducation, ou sa mort dans une attaque terroriste.

Pendant cette période, le joueur est constamment sous la pression conjointe du temps qui s’écoule en temps réel, de l’obligation de ne pas faire d’erreur durant les contrôles et des gentils voyageurs qui ne demandent qu’à rentrer alors même que leurs papiers ne sont pas toujours en règle.

Et  c’est là que réside tout le sel de ce jeu ; la prise de décisions sous pression, les conséquences dramatiques à court, moyen et long terme de chaque décision pour lui ou pour ses « clients » et le renouvellement régulier du gameplay.  En effet, ce dernier est régulièrement étendu par l’ajout de contraintes gouvernementales qui corsent le travail quotidien de notre brave citoyen­-douanier.

A noter que le jeu comporte une vingtaine de fins différentes, dont deux globalement positives et une seule qui peut débloquer le mode « infini » (ce qui permet de continuer à jouer sans la limite des 31 jours du mode de base).

Va falloir faire des choix, on va pas pouvoir sauver toute la famille.

Va falloir faire des choix, on va pas pouvoir sauver toute la famille.

Il est clair que ce n’est pas le jeu du siècle, mais il est brillant dans les mécanismes mentaux qu’il met en branle chez le joueur. De plus, il ne coûte vraiment pas cher et se termine rapidement en offrant néanmoins une rejouabilité plus que sympathique avec de vraies fins multiples.

Bref, à l’heure où le marché nous pond à tour de bras des Appel du devoir 12, des Vole de voitures 6 et autres Histoire de l’assassin 8, ce genre de jeu concept à petit prix procure une bouffée d’originalité qui réconcilie avec le jeu vidéo dans sa forme « pour les joueurs » et pas forcément « pour les clients ».

 

Note: 9 tickets de rationnement/10

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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