Spéléojolie [Metroid: Samus Returns]

Le tofu n’a pas de goût.

Un remake c’est forcément nul.

Star Wars 7 c’était quand même une grosse blague.

Au minimum l’une de ces lapalissades n’en sera plus une à la lecture de cet article.

Le retour du fils protégé par copyright

Metroid 2 Game Boy

Metroid 2: Return of Samus sur Game Boy (1991)

Dressons le contexte de la naissance de Metroid: Samus Returns. A l’origine sorti sur Game Boy en 1991, sous le titre de Metroid II: Return of Samus (subtile!), il fait suite au premier volet sorti sur NES en 1986. La série s’était un peu essoufflée avant l’arrivée de Metroid Prime sur GameCube, qui redéfinissait les codes du genre en faisant passer la vue à la première personne et en étoffant la mythologie du jeu. Suivent deux épisodes également développés par Retro Studio (dont le dernier sur Wii), avant que la saga ne se compromette complètement avec Metroid: OtherM. Sans mentionner tous les épisodes, résumons la situation en disant que ça sentait pas vraiment bon. En 2016, nous fêtions donc les 30 ans de l’héroïne Samus Aran et de son interminable chasse aux Metroids, ces créatures parasites tentaculaires qui prennent le contrôle de leurs hôtes en se ventousant sur leur tête et en aspirant leur énergie. Trente ans, c’est pas rien! Ça se fête! Surtout que les fans chérissent cet univers. Il est important de sortir un monument, un jeu qui marquera le coup et l’Histoire! Un jeu dont on parlera encore trois décennies plus tard!! Ce jeu; ce jeu fût donc… le très dispensable Metroid Prime: Federation Force. Grosse déception chez les fans et on les comprend. Alors des petits malins se mettent en tête de cuisiner eux-même le gâteau d’anniversaire et d’y mettre un maximum de chocolat, du coulis de fraises, des smarties, des mashmallows et de gigantesques bougies. Ainsi sort, de manière tout à fait non-officielle et gratuitement, AM2R (Another Metroid 2 Remake) et c’est efficace, bien développé, en reprenant ce qui a fait le succès des bons épisodes précédents et en y ajoutant des musiques de qualité, entre autres. Même sans être exempt de bugs et malgré une maniabilité un peu rigide, tout le monde applaudit. Tout le monde? Non, les avocats de Nintendo n’ont pas été conviés au goûter d’anniversaire et n’ont pas reçu leur sac de bonbons souvenir, alors ils agitent la notion de propriété intellectuelle de leurs petits poings néanmoins menaçants. Le jeu est donc retiré en mois de 48 heures, mais il a eu le temps de devenir viral, tout comme son succès populaire. C’est donc complètement par hasard, mais alors complètement, c’est fou ça, hasard du calendrier, que sort une année plus tard un remake officiel. L’argent n’a pas d’odeur, mais on le flaire facilement, non?

AM2R PC

AM2R sur PC (2016)

Range ta chambre, ça m’use

Metroid Samus returns 3DS melée

Oh mon Dieu; il nous fonce dessus!

Nous voilà donc avec un jeu d’action 2D, comme au bon vieux temps. Après s’être échappée de la planète des Metroids, Samus Aran est sollicitée par la Fédération Galactique pour y retourner et nettoyer tout le bazar qu’elle y a laissé et éviter que ce fléau ne se propage au reste de la galaxie, ce qui serait quand même un peu embêtant. Samus est une excellente chasseuse de prime, mais alors qu’est-ce qu’elle est désordonnée. A chaque début de jeu, elle se repointe avec ses gadgets éparpillés aux quatre coins de la planète. Alors forcément, quand elle arrive face à ce mur qui ne peut être détruit qu’avec un type de missile et que celui-ci est caché trois niveaux plus bas, il faudra revenir une fois qu’on aura remis la main dessus. Ce principe de va-et-vient, même s’il ne se justifie jamais vraiment à travers le scénario d’un jeu à l’autre, est une mécanique fondamentale que l’on retrouve également dans les Castlevania. Le hasard faisant quand même bien les choses, il se trouve que Samus Returns est développé par le studio espagnol MercurySteam. On leur doit les trois dernières aventures de la famille Belmont, dont une incursion sur 3DS également avec Castlevania – Lords of Shadow: Mirror of Fate, qui n’a pas forcément marqué les esprits en bien, soit-dit en passant. Heureusement, ce sont les points positifs qui sont repris ici, puisque l’on sent une influence dans l’animation des personnages et la mise en scène, toutes deux très réussies. Parmi les nouvelles capacités de Samus, il y a la possibilité de donner un coup défensif avec son bras/canon lorsque les ennemis lui foncent dessus, ce qui les paralyse et nous donne le loisir de les arroser de projectiles à énergie. Cette mécanique était déjà présente dans Mirror of Fate.  Elle bénéficie d’un effet de style soigné faisant trembler l’image donnant l’impression d’un réel choc. On note également la nouveauté permettant de tirer sur 360°.

Metroid Samus returns 3DS objets

Il est possible de marquer sur la carte les endroits où un objet particulier est nécessaire, afin d’y revenir plus tard.

 

Metroid Samus returns 3DS boss

Les boss manquent un peu de diversité, mais demandent une bonne dose de dextérité.

La prise en main n’est pas super aisée. Il m’a fallu une bonne heure pour me familiariser avec ce système de combat. J’ai trouvé que cette possibilité de calmer les ardeurs des ennemis en les assomant rendait les choses un peu trop répétitives, puisqu’elle est efficace avec presque tous les types de nuisibles. De la même manière, viser en maintenant le bouton L m’a valu plusieurs fois de foncer tout droit alors que je voulais m’arrêter pour tirer. Je précise également que ma prise en main s’est faite sous l’ombre du credo « les remakes c’est de la merde », ainsi que d’une première impression toute récente lors de la Gamescom, qui nous avait un peu laissés de marbre. Ma carapace d’obstiné a pourtant été d’abord entamée par la fluidité de mouvements et la qualité des décors. Il s’agit probablement de l’un des plus beau jeux 3DS auquel j’ai eu l’occasion de jouer. Même si l’on reste toujours dans des environnements caverneux, les arrière-fonds varient et recèlent des détails très vivants, ou permettant une profondeur de champ assez impressionnante. Marrant ça, de la profondeur, on aurait presque l’impression de pouvoir s’enfoncer dans ces grottes de cristal ou cette jungle luxuriante. Quel dommage qu’on ait pas inventé un moyen de faire ressortir ces décors. Il y a un bouton « 3D » sur la console vous dites? Hé oui, tout le monde l’a oublié car personne ne l’utilise jamais. C’est d’ailleurs en suivant un conseil avisé que je l’ai ré-enclenché et, pour la toute première fois, j’ai vu l’intérêt de la fonction. Joli, très joli. Le level design joue à la fois sur l’horizontalité et sur la verticalité ce qui donne lieu à des niveaux labyrinthiques tout à fait dans l’esprit de la série. On perd malheureusement en visibilité et il n’est pas rare de se prendre de plein fouet un ennemi situé une case au-dessus ou au-dessous et qui n’apparaît que lorsque l’on change d’écran.

Metroid Samus returns 3DS environnements

Pour une fois, les captures d’écran fournies sont moins flatteuses que ce que le jeu propose.

Metro, beau boulot, pas dodo

J’ai donc aimé me perdre sur la planète SR388. J’ai parfois dû chercher assez longtemps comment passer certains obstacles. Si le fait d’avoir perdu le téléchargement de carte au profit d’une sorte de sonar qui permet de dévoiler les alentours pourrait paraître comme une solution de facilité, pourtant son utilisation s’intègre bien dans la progression par l’exploration. Et je suis mort souvent! Oui! Un jeu qui a son petit seuil de difficulté, que c’est bon! La sauvegarde se fait via des stations réparties sur la carte, on réfléchit donc à deux fois avant de foncer tête baissée. Devoir se retaper tout un pan du dédale est une conséquence non-négligeable. Et fichtre, ce remake c’est du bon. Il ne me reste plus que onze Metroids a dégoter après une bonne douzaine d’heure et j’ai hâte de m’y remettre. Il y a quand même une ombre au tableau: le manque quasi-total de musique. L’ambiance en devient pesante, ce qui est une bonne chose, mais la saga Prime et même AM2R avaient pu proposer la même chose avec de superbes arrangements. Un dernier conseil: jouez-y sur une 3DS XL, ou gare aux crampes de pouces. Qu’on approuve ou non la façon de faire de Nintendo très (trop) rigide vis-à-vis du contenu produit par les passionnés, il faut reconnaître que ce qui résulte de cette histoire est bon, cette fois-ci. Il s’agit sûrement là d’une manière de préparer la piste d’atterrissage, chez les fans mais aussi les nouveaux venus, pour la soucoupe géante en approche: Metroid Prime 4, annoncé sans aucune fioriture lors du dernier E3. Ah tiens les fioritures, ça me fait penser que c’est ce qui donne du goût parfois, notamment au tofu, par exemple.

Note: 8 phasma sur 10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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