Si on en croit les récentes données du très sérieux Institut de Statistique de ma Propre Opinion, il semblerait que la majorité, environ, des gens qui n’ont pas pu sortir de chez eux dernièrement, aurait très envie de changer d’air. Moving Out propose justement de déménager. L’occasion également de réfléchir à comment cette activité, tout comme celle du jeu vidéo, peut amener stress et tensions.
Le studio Team 17 a marqué les esprits de deux générations, puisqu’on leur doit la série des Worms (dès 1994) et plus récemment les excellents Overcooked et Overcooked 2. Si dans ces deux derniers jeux il fallait collaborer afin de cuisiner des plats dans des situations désopilantes, on conserve dans Moving Out l’état d’esprit en se lançant dans les déplacements de meubles. Avant de les lancer eux-mêmes directement, d’ailleurs.
Expérimenté tout seul, Moving Out n’a que peu de saveurs. C’est dans la collaboration qu’on mesure son plein potentiel (de deux à quatre, en local ou en ligne). Chaque joueur dirige un déménageur en herbe et ensemble il faut vider des habitations le plus rapidement possible. Bien entendu, certains meubles ne passent pas partout et il faudra en porter certains à deux. Force est de constater que la sauce prend un peu moins bien que pour Overcooked. Je peux tout de même, sans trop hésiter, vous recommander de jouer à Moving Out en famille. Mais il me permet néanmoins de mettre en lumière un phénomène qui peut parfois déboucher sur un conflit.
En effet, pour ajouter un peu de piment (et de difficulté) au jeu, les développeurs ont rendu la maniabilité des personnages un peu hasardeuse. Comprenez qu’il est difficile de marcher en ligne droite. Ceci est alors justifié visuellement par le look décalé et un brin ahuri de nos avatars. Maintenant, demandez à deux personnes de porter un frigo sans pouvoir se déplacer de manière fluide, c’est rigolo au début. Mais rapidement les membres de la famille qui ont moins l’habitude de la manette risquent de perdre patience.
Le phénomène est donc le suivant : une activité qui semble identique pour tous les joueurs prend une saveur totalement différente selon l’expérience préalable de chacun. Les plus expérimentés doivent être très attentifs à ce qui se passe aussi en-dehors de l’écran chez les plus novices. Pour adopter un rythme adéquat, la communication est essentielle de base (pour savoir si on s’occupe d’abord du frigo ou du canapé). Mais il faut en plus se méfier de ce qui est implicite. Le ressenti en fait partie.
Prenons un exemple concret. Avant de relancer une nouvelle partie, il vaut probablement la peine de prendre un moment pour discuter d’une part la stratégie à adopter (« on commence par les gros meubles à deux, ou les petits? », « On commence chacun par une pièce différente ou la même? »). Mais également d’échanger sur la manière dont chacun s’est senti efficace dans son rôle. « Je perds patience quand j’arrive pas à tourner au bon moment », « Ça m’énerve d’être à la traine derrière », « Je supporte pas quand tu m’attends pas », etc. Telles pourraient être des points d’accroches pour entamer une discussion et voir comment les plus habiles pourront aider les apprentis.
Une pratique du jeu vidéo harmonieuse doit ainsi se faire en intégrant les difficultés de chacun et en faisant preuve de patience. Sous peine de faire passer plus que le canapé par la fenêtre.
Note: 6 garde-meubles sur 10
Disponible sur Playstation 4, Nintendo Switch, Xbox One et PC