Me voilà en vacances, allongé sur un transat entre deux trempettes dans la piscine. Je lève les yeux de mon livre pour observer les autres usagers qui profitent des aménagements pour se rafraichir un peu. Et me revient alors soudainement la vision du détective Hercule Poirot en vacances, lui aussi. Zut, il semblerait que je n’ai pas fini d’écrire mon test avant de partir. Fasse à cette inéluctable déduction, je ressors mon ordinateur d’une main et flatte ma moustache de l’autre.
Hercule Poirot donc, plus grand détective du monde dit-il, est un de ses personnages qu’on ne présente plus, tant il occupe l’espace culturel depuis des décennies. Ce qui en fait donc un élément facile à intégrer dans un jeu vidéo. On pourra ainsi aisément s’en servir à la fois comme prétexte pour des mécaniques de jeu, mais également en faisant appel à un univers connu et donc facilement identifiable par le public. The London Case fait suite à The First Cases, déjà développé en 2021 par les Écossais de Blazin Griffin pour le compte de Microids. On y incarne le détective belge à moustache, « before it was cool » et avant que sa renommée ne le précède partout. Il est jeune, il est fringant, il porte un costume rose et il escorte un tableau de valeurs jusqu’à Londres.
Les pépouzes travaux d’Hercule
C’est peut-être dû au fait que sa moustache ne soit pas encore totalement développée, mais il est pas très doué en escorte l’Hercule. Patatras, voilà t’y pas que le tableau disparaît dès la cérémonie d’ouverture de l’exposition. Comme dans les romans d’Agatha Christie, le crime se déroule en huis clos. Le voleur ou la voleuse se trouve donc forcément parmi les invités présents ce jour-là.
Il faudra donc interroger tout ce beau monde, être attentif à ce que chacun déclare pour repérer d’éventuelles inexactitudes, chercher des indices sur les scènes de crimes et formuler des hypothèses. Les scènes, car le vol ne sera pas le seul larcin commis durant cette enquête. On se trouve là dans la pure tradition du jeu d’enquête type point and click. On dirige Hercule avec la souris, on clique sur des éléments du décor ou des personnages, on interagit et surtout on oublie pas de faire fonctionner ses fameuses « petites cellules grises ».
Chauffage à déduction
J’avais fait une série de streams sur le jeu et on s’était plutôt bien marré en suivant cette aventure. Je qualifie The London Case de jeu « introductif ». C’est-à-dire qu’il conviendra assez aisément à un public non familier avec ce genre de jeu (ou de joueurs très occasionnels de manière générale). La difficulté n’est pas vraiment corsée et il existe un système d’indice si on juge être bloqué. Option que j’ai directement désactivée pour ma part et je n’ai jamais été coincé bien longtemps (excepté avec l’énigme du chat…).
N’y allons pas par quatre chemins The London Case ne bénéficie pas d’une réalisation exceptionnelle, notamment dans l’animation des personnages. Mais les doublages (en français) sont plutôt bons et certaines voix ont déjà pu être entendues dans d’autres productions (jeux ou films). L’histoire est prenante tel un roman de gare des vacances (c’est quand même une des raisons pour laquelle on joue à un point and click) et si les énigmes sont assez simplistes, le système de déduction est bien pensé.
L’instrument phare d’Hercule Poirot est son esprit de déduction à toute épreuve. Il est donc question de trouver comment traduire ceci en mécanique de gameplay pour passer du livre au jeu vidéo. En explorant les lieux, on débloque des « bulles » qu’il faudra ensuite relier entre elles pour en déduire ce qui s’est passé. L’idée est vraiment sympa, mais pèche parfois dans la concrétisation. À plusieurs reprises, j’ai eu l’impression d’avoir compris le déroulement des événements, mais ne pas avoir réussi à « l’indiquer » au jeu parce qu’il suivait une logique différente pour arriver au même résultat.
C’était Xiao Ling le meurtrier !
The London Case, c’était sympa et je le recommande pour quelqu’un qui cherche un jeu (très) tranquille, cherchant à suivre une enquête à rebondissement pas trop complexe et un fonctionnement accessible mêmes à celles et ceux qui n’ont pas l’habitude des jeux vidéo. On lui pardonnera sa réalisation un peu bancale, au profit d’une histoire plaisante. Par contre, si vous souhaitez mettre à profit votre réel esprit de déduction d’une manière plus intense et, je dois le dire, plus astucieuse, je vous recommande plutôt The Case of the Golden Idol (sans aucun lien avec Hercule Poirot), petite pépite indé que j’ai découverte en vacances justement. Sur ce, je vais me resservir des frites pour aller avec mon transat.
Note: 6 boulets liégeois sur 10
Testé sur PC. Également disponible sur Switch, PS4 & PS5, Xbox One & Xbox Series X|S