Le pixel ne suffit pas [ Anno Mutationem ]

Anno Mutationem, jeu d’apparence très inspiré et au titre étrange, m’avait d’abord attiré l’oeil par sa patte graphique soignée, véritable régal pour l’amateur nostalgique de pixel art que je suis. Une ambiance cyberpunk des plus alléchante, une héroïne intrigante, un gameplay nerveux. Bref, ça donne envie. Mais est-ce que ça donne autre chose qu’envie, justement ?

Quitte à débuter ce test sous de mauvais auspices, je commencerai par vous dire que « J’ai vraiment essayé d’apprécier ce jeu » et que « Je voulais vraiment l’aimer, ce Anno Mutationem« . Et là, vous vous doutez que ce ne sont pas de bons présages pour la suite ni pour la fin d’ailleurs. Car si le jeu a de très bonnes intentions, et que les développeurs sont très sympathiques et très réactifs sur les réseaux, il n’en reste que pour moi Anno aura plutôt été une mauvaise surprise passé la sensation de découverte.

 

C'est joli

Anno Mutationem excelle dans sa direction artistique lors des passages en ville. On en aurait voulu beaucoup plus !

 

Vive la 2D, vive la 3D et vive la DA

De manière assez originale, le jeu est réalisé en 2,5D comme le disent les développeurs. Certaines phases, sans combats, permettant d’explorer le décor en 3D dans la profondeur, alors que les passages d’action se déroulent sur un scrolling classique en 2D, dans le décor toujours en 3D. Voilà, c’est sympa. Les moments d’explorations des villes notamment sont très jolis grâce à une direction artistique splendide. Splendide, mais inégale. Les villes, représentations typiques de l’imagerie cyberpunk, sont superbes il faut l’admettre. Par contre, tous les décors en intérieur, les sous-terrains et autres donjons sont quelconques, voire légèrement désagréables à observer.

De la même manière, les animations des combats sont très bien faites, mais il y a une sensation de flottement. Ann Flores semble glisser sur le sol, ses coups ont de la peine à « connecter » avec les ennemis, comme ses pieds avec le sol. On se bloque aussi souvent dans les éléments du décor dans les passages en 3D. L’ensemble donne l’impression d’un jeu aux mécaniques un peu vieillottes et désuètes face aux productions actuelles (même indé, je vous vois venir).

bleh

Anno Mutationem n’excelle par contre pas tout le temps. Les décors hors des villes sont généralement peu inspirés.

 

Je l’ai pas voulue cette putain de guerre

Anno Mutationem aurait dû être un point & click. Voilà, je l’ai dit. Le système de combat, bien qu’assez flashy avec des finish sympas et des animations bien fichues, est quelconque, pas spécialement agréable à jouer et très répétitif. Bien qu’un système « RPG » permette d’améliorer des compétences, cela ne change pas le gameplay. Au final, il faut spammer l’attaque lourde quand les ennemis ont un bouclier (spoiler : ils en ont quasiment tous un), puis l’attaque légère quand le bouclier est vide. C’est marrant au début, mais on s’en lasse bien vite.

Notamment en raison, comme mentionné précédemment,  des coups qui ne semblent pas avoir d’impact. On manque aussi régulièrement des ennemis qui sont sous le sprite de notre héroïne. Et je ne parle pas des ennemis volants qui peuvent être très agaçants à toucher. Les armes à distance sont également peu intéressantes malheureusement, bien qu’elles permettent de mieux gérer les bestioles volantes justement.

 

Fight

Les combats sont bien animés et plaisants au début, mais au final peu intéressants.

 

Pourquoi un point & click donc ? Parce que je pense que le jeu aurait été bien mieux sans aucune phase d’action, en se concentrant sur l’histoire, la narration, sur les phases en ville. Alors qu’ici on se retrouve avec un hybride qui rate un peu toutes les coches. Ajoutez à cela une difficulté qui est à peu près inexistante durant la majeure partie du jeu, à part pour une séquence de vagues d’ennemis vraiment irritante vers la fin de l’histoire.

 

Robot dad

L’histoire de la famille Flores et du pauvre père transformé entièrement en robot par une maladie qui dévaste l’humanité aurait pu être géniale. Si seulement elle était exploitée dans le jeu.

 

L’histoire sans fil

Que dire de l’histoire ? J’ai été intrigué, vaguement, au début, plus porté par l’ambiance que par la narration confuse. Puis j’ai cru voir pointer une intrigue vers le premier tiers ou le milieu. Puis j’ai eu l’impression d’être dans les dernières saisons de Lost. Arrivé vers la fin du jeu, je ne comprenais plus rien et je ne voyais plus aucun intérêt à essayer (de comprendre). Le jeu nous envoie à droite et à gauche sans réelle logique, la narration est terriblement éparpillée et n’arrive pas du tout à porter une histoire qui est encore plus décousue.

Des personnages apparaissent de n’importe où, de même que des concepts pseudo-mystiques, des intrigues qui surgissent et disparaissent au gré des pixels. Et l’on peine à s’accrocher à quoi que ce soit. Le tout est porté par des dialogues plus que moyens qui n’arrivent pas à donner vie aux personnages qui auraient dû être attachant-e-s (on sent bien l’intention), mais qui s’avèrent peu intéressant-e-s.

 

Dogo

J’aurais réellement adoré un point & click dans l’univers d’Anno Mutationem qui se concentre sur l’histoire et les personnages !

 

Le pixel ne fait pas le moine

Au final, Anno Mutationem est une belle création artistique sous certains aspects, mais malheureusement, à mon avis, pas un bon jeu. Hormis la DA, les scènes en ville et les bonnes intentions du jeu, je n’ai vraiment pas été séduit. Alors que je pense appartenir au public cible en bon amateur de pixel art, d’ambiances cyber punk et de jeux d’actions. J’ai passé beaucoup de temps de jeu à regretter de ne pas jouer à autre chose et à souhaiter arriver à la fin au plus vite. Et ladite fin n’a pas du tout sauvé le navire.

 

Lookin good

Enlevez-moi entièrement les combats et rajoutez-moi le double d’exploration dans des décors urbains, please !

 

Cela me peine de le dire, car j’étais plein d’enthousiasme pour la production du petit studio Lightning Games. Je conseillerais uniquement le jeu aux gens qui ont envie spécifiquement d’une petite expérience avec une jolie ambiance cyber punk en pixel art pour pas cher. Une vingtaine de francs pour une dizaine ou une quinzaine d’heures. Si vous cherchez un bon jeu d’action ou une histoire intéressante, passez votre chemin.

Si je mets une note de 6, c’est parce qu’il y a du coeur dans cette prod, mais l’expérience vidéoludique tendait plutôt vers les 5 pour moi. 

 

Note : 6 cyber pixels sur 10.

Testé sur PS5, dispo sur PS4 et Steam.

 

Author: Teiki

Recrue la plus prolifique du mercato du marché suisse romand du jeu de mots à 5 syllabes, Teiki (El Matador pour les intimes) est LE nouveau ancien rédacteur de Semper Ludo. Il gravit vite les échelons et grâce à quelques coups de langue bien placé, le voilà déjà en train de remplacer Founet à l’animation de Podcast. Son talent de marchandage s’est créé tôt dans sa jeunesse où il devint un pilier de l’échange d’objet inutile dans Everquest. C’est certainement cet événement qui l’oblige inlassablement à jouer à des jeux avec du loot vert, bleu, violet et orange. Ancien champion de pétanque sans cochonnet, lors d’un accident de roulade, il dû se reconvertir à la randonnée avec les pieds. Son corps est un temple où seules les personnes qui ont enlevé leurs chaussures peuvent entrer.

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