Coïncidence. Alors qu’au moment où j’écris ces lignes se déroule en France, la « coupeu du mondeu du Ruby« , je m’en vais vous parler de football américain. Enfin surtout ce que mon esprit se représente lorsque l’on me parle de ce formidable sport plein de testostérone et de publicités. Des montagnes de muscle en armure full plate qui se démontent la tronche et de temps à autre tentent de pousser une vessie de porc gonflée et bosselée de l’autre côté d’un terrain rectangulaire. Oui, dans ma tête Blood Bowl c’est exactement ce qu’est en vrai le football américain.
Bon, renseignements pris, disons qu’il y a autant de différences entre le Rugby, cité dans la première phrase de cette bafouille, et le football américain qu’entre ce dernier et Blood Bowl. Désolé. Enfin, disons que Blood Bowl, c’est le plus proche équivalent du football américain dans l’univers de Warhammer. En conséquence et comme vous pouvez bien vous l’imaginer, il s’agit à la base d’un jeu de plateau qui se joue avec des dés. C’est important, et on y reviendra.
Je ne vais pas m’amuser à vous présenter Warhammer. Déjà, c’est un univers effroyablement dense et compliqué, ensuite le gars Cygurd trouverait sans doute ma prose indigne d’un univers qu’il idolâtre (des mâles alpha crypto fascistes qui se cognent, tu m’étonnes).
U Can’t Touch This
Ce qu’il vous faut juste savoir, c’est que dans ce monde de fantasy, une multitude de races ultra violentes se battent pour des raisons obscures et ancestrales (entre autres). Et Blood Bowl, c’est un peu leur trêve olympique. Un championnat de ce magnifique sport servant à régler sur le terrain les antagonismes millénaires de ces sympathiques peuplades. On retrouve donc des orcs brutaux, des nains indestructibles, des humains sans pitié ou encore des elfes noirs vicelards pour qui tout (mais vraiment tout) est permis pour gagner. Chaque ethnie possède des caractéristiques spécifiques qui la pousse naturellement vers un style de jeu qui lui est propre.
Marteau de MC
Annihiler l’équipe adverse est d’ailleurs un moyen comme un autre de remporter le match. Alors, évidemment, perdre ses joueurs sur blessures n’est pas rare. Un décès par match est d’ailleurs une moyenne relativement acceptable. Donc, on a tendance, forcément, à essayer de protéger les joueurs ayant le plus de valeur.
Car chaque joueur se développe en fonction de l’expérience qu’il emmagasine en match. Voir mourir un joueur spécifique qui a mis des dizaines de matchs à murir, c’est rapidement un drame.
Ce qui m’amène assez logiquement (si si, vous allez comprendre) à vous parler des modes de jeu. Dans Blood Bowl III, il existe deux modes de jeu, solo et online. En solo, vous apprenez à jouer, vous entrainez et développez vos équipes en participant à des petits championnats sous forme de campagne. À ceci se mêle une espèce de course aux sponsors pas vraiment intéressante, mais qui permet d’engranger de l’argent pour engager de nouveaux joueurs ou des bonus en match. En gros, c’est assez tranquille, plutôt facile et on peut y découvrir le jeu.
Le vrai dark web
On entre dans le dur quand on décide de se frotter à de l’homo interneticus. On engage les équipes qu’on a montées dans des matchs online pour tenter de grimper le ladder. Et ici, le matchmaking se fait en bonne partie sur la valeur de l’équipe. Il n’est donc pas impossible de retrouver une équipe de débutants coachée par un noob contre un vétéran qui teste une nouvelle race. Challenge pouvant passer de l’intéressant à la tristitude s’il faut organiser la crémation d’un tiers de votre roaster.
D’autant plus que Blood Bowl fonctionne un peu comme un mélange entre un XCOM et un jeu de plateau. Chaque équipe joue son tour l’une après l’autre. Chaque action que peuvent effectuer vos joueurs se règle via un (ou plusieurs) jet(s) de dé. Une partie de la science de jeu consiste donc à maximiser ses chances en augmentant le nombre de dés que l’on peut engager. Ceci se décide entre le positionnement de l’équipe sur le terrain, les skills et autres bonus de vos guerriers et le type d’action demandée. Typiquement, un petit sprinter réussira mieux ses jets d’esquive que la brute semi-débile qui se bat dans l’entrejeu. À l’inverse, cette dernière bénéficie d’avantages lors d’action « coup de poing ». Maitriser le hasard s’apprend finalement souvent à la dure.
Il est bien Blood Bowl III? Je suis 1 dé 6
Alors qu’est ce qu’il vaut ce Blood Bowl 3 ? Pour tout vous dire, il revient de très très loin. Quand j’ai lancé le jeu pour la première fois, il était perclus de bugs. Ce qui en soit ne s’avère pas vraiment être une surprise tant la licence est coutumière des lancements de produit complètement déglingués à leur sortie. Alors comme je « travaille » (lol) chez Semper Ludo et que de ce fait, je peux me permettre de laisser sa chance au produit, j’ai pris la main du petit Blood Bowl et je l’ai conduit dans la cave. Là, je l’ai laissé vieillir pour qu’il se bonifie, le temps, espéré-je, qu’il ressemble enfin à quelque chose.
Il y a trois semaines environ, je suis allé le rechercher. Il paraissait tout rutilant, goinfré de patchs et de mises à jour. Je démarre donc le truc et décide de lancer les matchs tutoriaux… et là, c’est le drame : écran noir. On entend la foule et la souris se déplace sur l’écran, mais rien ne se passe. Je réinstalle le jeu, mets à jour mes pilotes, le teste sur un autre PC, rien n’y fait. Après presque deux heures d’essais répartis sur plusieurs jours, je bâche. S’en suis le brouillon d’un test au vitriol qui est parti pour ranimer les pires angoisses de Founet notre chef (en PTSD semi permanent depuis mes retours « contrastés » tant sur l’accident industriel Assassin’s Creed à Panam que l’escroquerie Tropico 5).
La coupe im-monde
Et là, miracle, quelques jours plus tard, je lance le PC et je vois que le cadavre encore un peu fumant de Blood Bowl 3 bouge encore. Sous la forme d’un nouveau patch. Bon, me dis-je, aller, dernière chance. Eeeeet ben ça marche plutôt pas mal depuis! Alors oui, il vit toujours avec quelques bugs bien chelous, mais dans les grandes largeurs, il tient enfin la route le bougre.
Et j’ai plutôt du plaisir à le pratiquer. Les graphismes sympathiques illustrent à merveille l’ambiance foutraque de l’univers. Le jeu offre un gameplay plutôt agréable en match. Par contre, les menus hors match ont été pensés dans l’antichambre de l’enfer. Le nombre de clics à effectuer pour chaque action rendra fou n’importe qui. Entre ça et les assez nombreux bugs qui subsistent, on en ressort avec un sentiment persistent de jeu mal fini.
Je n’avais pas eu ce sentiment aussi prononcé sur Blood Bowl II. On tient une fois de plus un jeu potable, mais qui, avec une finition à la hauteur, aurait pu être beaucoup mieux.
Note: 6 tacle à la jugulaire / 10
Testé sur PC, disponible sur à peu près toutes les crèmeries (mais notamment PS4 et 5, Xbox One et Series X|S et Switch)