L’ami ricoché [My Friend Pedro, Switch]

J’ai un ami que tout le monde appelle Pedro alors que ce n’est pas du tout son prénom. My Friend Pedro ne raconte pas son histoire. Il ne raconte pas grand-chose d’ailleurs. Mais il sait ralentir le temps comme un cours de littérature péruvienne antique, un vendredi après-midi. En plus décoiffant.

L’autre jour, on jouait à Dying Light en coop avec Mush. Très bon jeu au passage, je vous le recommande avant la sortie prochaine du deuxième volet. Durant notre aventure, nous nous retrouvons captifs, tenus en joue par les hommes de main du vilain méchant pas beau. Après un dialogue où ce même méchant explique son plan machiavélique-bwahahaha, le temps se trouve soudainement ralenti. Nous assenons habilement un mawashi geri coup de pied circulaire, au premier garde, avant de nous emparer de l’arme du second, le dézinguer, puis de fuir impunément tel un Pierre Maudet, en rebondissant d’un mur à l’autre en mode parkour. C’était plutôt cool! Malheureusement, c’était scripté et en temps normal, aucune de ces actions n’est disponible dans la palette offerte par le gameplay. Dommage, ça crée un décalage, mais ça sous-tend l’immersion (donner de la profondeur au héros qu’on incarne). Ou la fragilise (sensation de ne pas jouer le même personnage), c’est selon les points de vue.

« Pourquoi on parle de Dying Light si c’est un article sur My Friend Pedro? » vous demandez-vous d’un air narquois, qui ne vous va pas très bien d’ailleurs ? Parce que cette scène précise me permet d’illustrer que pour réduire l’écart mentionné ci-dessus, il faut soit amoindrir le game design, soit complexifier le game play. En gros, soit créer un contexte dans lequel les actions sont plus faciles à réaliser, ou proposer un éventail ultra large de possibilités. Logiquement, la première solution est plus simple à concrétiser. C’est là qu’on rencontre My Friend Pedro.

Friendly Neighborhood Spedro-Man

Boulette time

Les gens du studio Deadtoast Entertainement ont pondu My Friend Pedro après avoir certainement été biberonnés à l’école de John Woo et avoir maté Matrix en boucle, les yeux maintenus ouverts avec des cure-dents. En effet, le concept du jeu est indéniablement d’en mettre plein les mirettes avec de l’action stylisée. On y incarne une sorte de Deadpool, à qui notre héros doit son masque et son goût immodéré pour les armes à feu. On ne s’embarrasse pas d’une justification scénaristique, l’amnésie suffira. La banane qui parle, c’est normal et le fait qu’on puisse ralentir le temps et esquiver les balles, c’est on ne peut plus banal. Après tout, nous sommes dans une production Devolver. Le ton décalé et volontairement bourrin et crado de l’éditeur est donc parfaitement respecté.

My friend pedro switch leviers

Faut réfléchir avant de tirer, juste un peu.

L’utilisation de la 2D permet donc une palette de mouvements plus facilement modélisable. Les animations des corps sont cohérentes avec les possibilités de gameplay, bien qu’un peu rigide. Quelque part, je retrouve là quelque chose des amplitudes proposées à l’époque par Ragdoll Master. Ce jeu qui nous tenait en alerte sur les bancs de l’université. Qu’est-ce qu’on en a passé des heures à tournoyer dans tous les sens (toujours téléchargeable, visiblement) !

My friend pedro switch score

Une note dure mais juste.

Un niveau se termine en cinq minutes, littéralement, et se présente sous la forme d’une succession de salles, plus ou moins rempli d’ennemis à dégommer. À la manière d’un Hotline Miami, ou plus récemment d’un Katana Zero, chacun de ces tableaux doit s’imaginer comme un micropuzzle à résoudre. Même si la poudre parle plus que la matière grise (ou alors la première sert à répandre la deuxième, oui c’est assez violent-PEGI 16), le but est d’en ressortir, en ayant réalisé le meilleur enchainement et surtout les figures les plus classe. Plongeon en avant, rebond sur les murs, lancés de jerricane, coup de pied sauté, rien n’est trop beau pour ajouter de l’épique, tel du piment d’Espelette, à ce cocktail survitaminé.

My friend pedro switch explosif

Qu’est-ce qui pourrait mal se passer?

 

Banana for scale

Le communiqué de presse parle du jeu comme d’un « générateur de GIF ». Malheureusement, comme le format de ces vidéos, le concept s’essouffle très vite. Même si chaque niveau n’oublie pas d’ajouter sa petite mécanique innovante (nouvelle arme avec une balistique différente, tyrolienne, skate, etc.), cela n’a suffit pas à tenir sur la longueur et les joies du tir au pigeon deviennent gentiment répétitive. La propre mort du héros ne se veut pas punitive et la rejouabilité mise plutôt sur le scoring. Donc pour ma part, j’ai plutôt tendance à tracer et à me contenter de quelques sourires amusés lorsque j’arrive à sortir un combo qui en jette. Pas vraiment de difficulté à progresser ainsi.

My friend pedro switch moto

Quelques niveaux spéciaux proposent un gameplay différent, mais toujours bien allumé.

Je trouve que My Friend Pedro est un parfait « jeu pour le bus ». Un trajet en transport public vous donne juste le temps de faire deux niveaux et ainsi ne pas épuiser l’effet « wouhou ». Privilégiez donc clairement la version Switch à celle sur PC. Les deux joysticks permettent d’aligner deux cibles en même temps, ce qui assure certes d’audacieuses cabrioles, mais est alourdi par un bouton d’esquive fort mal placé (« L »), ce qui conduit à une prise en main assez curieuse. Pensez-à le réassigner! Allez, un point pour la proposition originale. Bonnes vacances, Pedro.

My friend pedro switch jeux vidéo violents

Hurk, hurk, hurk,

Note : 6 John Wick sur 10

Également disponible sur PC.

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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