Je pense, donc tu suis [Democracy 4]

Disponible en accès anticipé depuis octobre 2020, Democracy 4 vous propose d’incarner un chef d’État (ou de gouvernement) dans une simulation politique. Développé et édité par Positech Games, ce quatrième opus exigera de vous des capacités stratégiques à long terme, de gestion pointue ainsi qu’une grande faculté d’adaptation. Que vous soyez un idéologue convaincu ou un pragmatique résolu, vos choix auront des conséquences imbriquées les unes aux autres, et pourraient bien retourner l’opinion publique contre vous. Alors, retroussez vos manches, aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire. Democracy 4

pour le bien de tous

Je ne regrette rien !

On vit vraiment dans une société Democracy 4

J’ai personnellement découvert la franchise avec Democracy 3 et j’ai tout de suite accroché au concept. Le très vaste choix des mesures, lois et autres décrets ainsi que la capacité de les nuancer rendent le champ des possibles presque infini. Tout comme son prédécesseur, le jeu vous demandera en premier lieu de choisir votre parti. Cette décision conditionnera logiquement les attentes du public à votre égard. Petite nouveauté (je ne les listerai pas toutes, ce serait trop long), vous pourrez paramétrer un ou deux partis d’opposition. Toutefois, plus de formations politiques mèneront possiblement à une dispersion des voies, ce qui risque de compliquer votre réélection. Vous pourrez ensuite modifier quelques paramètres d’usage. Enfin, il sera temps de décider dans quel pays vous voulez exercer le pouvoir. Vous pourrez incarner un président (USA, France,…) un Premier ministre (Royaume-Uni, Canada,…) et même un Chancelier en Allemagne. Democracy 4

faites les bons choix !

Paramètres de la partie

De nouveaux pays sont disponibles, tels que l’Italie, l’Espagne ou la Corée du Sud. Chaque état possède ses spécificités. Certains auront, dès le départ, une économie florissante, là où d’autres stagneront en pleine crise financière. Les taux de chômage et les problèmes liés à la santé varient beaucoup d’une région à l’autre. Il sera complexe de modifier la loi sur les armes en Amérique, mal vu de dire du mal de la monarchie en Angleterre, ardu de rembourser la dette japonaise ou encore déconseillé de trop réduire les capacités militaires de la Corée du Sud, en raison de son belliqueux voisin du Nord. Enfin, pour des raisons évidentes de bon sens, évitez de monter d’un coup les taxes sur l’alcool en Australie.

Et ça compense le fait d'avoir écrit tout le test au masculin

Le jeu est ponctué d’achèvements sympathiques

L’enfer, c’est les autres Democracy 4

La direction artistique est sobre et élégante, les personnages sont très stylisés, afin que leurs tendances politiques soient limpides. Concernant le gameplay, il est d’une telle austérité qu’on le croirait imposé par le FMI. C’est relativement normal pour un jeu de gestion, et même salutaire au vu de la complexité du reste. L’interface fourmille d’icônes au point d’être indigeste, voire étouffante pour un œil non-initié. Lesdites icônes représentent des lois ou des mesures ayant cours. Ils sont classés en catégories (impôts, services publics, justice,…), chacune liée à un membre du gouvernement.

En plus, c'est joli

L’interface est impressionnante au début, mais vous la connaitrez bientôt comme votre poche

Chaque ministre potentiel a ses ambitions comme le choix de son ministère, et des soutiens. Si un de vos ministres est soutenu par les automobilistes et les capitalistes, et que vous imposez des taxes sur les carburants et les émissions de CO2, il perdra en loyauté envers vous. De cette loyauté découlent les points de gouvernance, lesquels vous permettent de faire des réformes, de promulguer de nouvelles lois et de modifier le cadre existant. Il vous faudra parfois vous séparer d’un membre, voir remanier le gouvernement au complet. À vous d’avoir une vision claire de votre politique à venir dans de tels moments, et de choisir des soutiens que vous ne décevrez pas trop.

les meilleurs des meilleurs, M'sieur !! Avec Mention !

On peut renommer ses ministres, ça fait gagner du temps…

La liberté, c’est l’esclavage

Une chose est sure, vous connaitrez des crises. Vous aurez probablement déjà à gérer des situations tendues datant d’avant votre accession au pouvoir. Crise de la dette, grand banditisme, évasion fiscale, pollution ou grève des enseignants; vos prédécesseurs ont disparu avant l’état des lieux. De plus, votre politique peut révéler des fragilités préexistantes, voire créer des problèmes là où tout allait bien. En augmentant la taxe sur les plus-values, vous pourriez entraîner l’exode des entreprises. Vous voulez allonger la durée du congé maternité, cela pourrait déclencher une économie non compétitive. Baisser le budget alloué aux services secrets générerait un contexte idéal pour la cybercriminalité… Les toutes puissantes agences de notation pourront à tout moment vous fragiliser si vous êtes trop audacieux. Si vous laissez trop s’emballer la dette, ses intérêts défonceront votre budget et tout espoir d’équilibre. Perdre tout espoir, c’était ça la liberté.

Un mal pour un bien ?

Certaines crises sont si graves que l’état d’urgence est décrété, augmentant vos pouvoirs

Cependant, vous pouvez aussi profiter des avantages. De couleur verte, ces icônes symbolisent une situation bénéfique. Un avantage technologique améliorera l’éducation, l’économie, le PIB et la confiance des entreprises. Une situation de société égalitaire fait baisser les tensions communautaires, la délinquance et favorise le bien-être général. Défendre l’environnement diminue drastiquement les maladies respiratoires et augmente significativement l’espérance de vie… Votre électorat ne s’attend pas à ce que vous régliez tous les problèmes d’un coup, mais il sera déçu s’il ne constate aucune amélioration. Notons enfin que des événements aléatoires se produisent régulièrement. Certains requièrent votre choix, lequel changera immanquablement la façon dont vous verront vos compatriotes. D’autres, parfois liés à vos décisions antérieures, vous annonceront des nouvelles, bonnes ou mauvaises (victoire sportive, essais nucléaires étrangers près de vos frontières,…)

Democracy 4 pleures si tu as la référence

L’anecdote est fausse ?

Ni pour ni contre, bien au contraire

Les électeurs n’aiment pas l’incertitude. Il sera important d’avoir une approche constante, d’envoyer des signaux clairs et d’être solide sur vos bases, notamment en période de crise. Vous devrez évidemment vous adapter au contexte, soyez néanmoins parcimonieux sur les compromis. Si vous adoptez une nouvelle mesure relativement populaire, il sera très mal vu de l’abroger après six mois pour des questions budgétaires, par exemple. Si vous retournez votre veste plus vite que Manuel Valls, vos soutiens vous lâcheront les uns après les autres. Le karma est absolument implacable. Autre nouveauté, vous pourrez participer activement à votre campagne électorale.

Democracy 4 Le taux d'abstention en dit long...

Victoire à la française

En habile politicien, vous passerez probablement la dernière année de votre mandat à œuvrer à votre réélection. Vous pourrez bien sûr toujours passer des mesures concrètes, je vous conseille quand même de garder les plus impopulaires pour le début du mandat suivant. Parmi les outils à votre disposition, outre votre bilan extraordinaire et votre popularité due à votre charisme sans faille, vous pourrez prononcer des discours. Usant de votre talent inné pour la rhétorique, vous enflammerez les foules avec force persuasion et quelques bons mots. Attention toutefois à bien cibler votre électorat. Dans les derniers mois de la campagne, vous pourrez également faire des promesses à votre peuple. Il sera là aussi important de réfléchir en amont, à la fois sur la popularité du programme, le type d’électeur y étant sensible ainsi que la faisabilité des mesures. Les promesses non tenues ont tendance à froisser l’opinion publique sur la durée.

Democracy 4 L'art d'avoir toujours raison...

Un bon discours, ça met tout le monde d’accord

Au revoir, au revoir Président

Vous l’aurez sans doute deviné au fil de ce test, j’adore ce jeu. Certes, il ne plaira pas à tout le monde, probablement dû à sa complexité qui laissera nombre de joueurs sur le bord de la route, tel un épagneul encombrant pendant les vacances d’été. Mais pour peu que vous vous investissiez, chaque partie vous fera progresser et comprendre ses interconnexions. Les stratégies sont illimitées et la progression est tout sauf linéaire. Cette version bénéficie de beaucoup d’ajouts par rapport à la précédente. Nouvelles mécaniques (les questions liées au genre et à la transidentité, par exemple), nouvelles options concernant l’interface et prise en compte de l’actualité de ces dernières années sont au programme.

Les nombreuses touches d’humour sont efficaces et permettent de relativiser des situations complexes. Notons enfin que Democacy 4 est encore en phase d’amélioration et que les mises à jour à venir pourraient bien nous surprendre. Pour toutes ces raisons et d’autres encore, je vous conseille vivement de vous pencher sur cette simulation. Difficile de mettre une note définitive à un jeu en accès anticipé, je lui accorde néanmoins toute ma confiance et lui confère 9 votes utiles sur 10.

Testé sur PC, également disponible sur Mac OS

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

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