Presque. J’étais à deux doigts de pouvoir sortir un test en même temps que la planète entière, pour une fois. Je m’étais décidé à parcourir ce Mario Odyssey sur Switch à toute vitesse pour pouvoir être prêt sur la ligne de départ, à attendre le signal de fin d’embargo. Puis quelque chose s’est passé.
Something has survived.
L’excitation était à son comble, l’atmosphère électrique, mes doigts martelaient frénétiquement les boutons pour faire bondir le petit moustachu, mais également pour lui faire lancer sa casquette, la grande nouveauté de cette année. Je voyais le temps défiler plus vite que de raison. Maudite soit cette relativité à la noix. Les piques se lançaient via Whatsapp avec les collègues pour savoir qui parviendrait à le terminer le premier. Je décidais de foncer tout droit dans les niveaux pour récolter juste le nombre minimal de lunes (…de miel, haha, tout la thématique du jeu tourne autour du mariage) nécessaires pour passer au suivant. Tant pis, je reviendrai de toute façon après avoir finir le premier « run » jusqu’à Bowser. Pratique qui va à l’encontre même de ma façon de jouer habituellement, moi qui aime ripoliner une zone de toutes ses quêtes secondaires avant de passer à la suivante, dans n’importe quel type de jeu.
Cuir cuir cui-rex moustache
Peu importe, je fonce, de toute façon on sait très bien que le fun dans les derniers Mario commence vraiment seulement après les avoir terminé une première fois et que les niveaux bonus se débloquent. La neige, la mer, la cuisine, hop, hop, OUH, WOUH, WAHOU, on avance, on avance! Plus vite! PLUS VITE! Je vais le plus loin possible et au dernier moment j’écrirai mon article! Ça va jouer! Puis soudain la révélation: mais enfin Gunther (je me donne des sobriquets allemands quand je me parle à moi-même), que diable es-tu en train de faire? Je pose la manette bouillante, je bourre ma pipe et sors sur le balcon contempler les étoiles et la raison de l’être. Le « Metal Gear Solid 5 – Gate » me revient alors méchamment en mémoire et cette sale impression ne me lâche plus. Je m’étais emballé sur les premières heures du jeu, avant de déchanter sur la longueur. Non mon Gunther, pas cette fois, va-te coucher la nuit porte conseil (parce qu’il y a la lune, hop transition).
Dans le prochain épisode de « Quatre mariages pour une lune de miel »…
Riche comme Crésus et sapé comme jamais
Le coup du sombrero
En attendant la déferlante, profitons-en pour passer en revue les détails techniques. Mario copain Peach. Bowser méchant. Bowser enlever Peach. Mario poursuivre Bowser. Mario défaire Bowser. Mario retrouver Peach. Peach ne servir à rien à part rôle de greluche. Clap de fin. Mais Mario est un homme du monde, il va donc traverser tout un tas de pays, ayant chacun son identité propre, ses ennemis et son level design bien pensé (pour la plupart), pour récolter les lunes qui vont alimenter son navire-chapeau-volant et ne pas se laisser distancer par Bowser. Il est aidé dans sa quête par Cappy, un esprit-chapeau qui s’incarne dans la casquette rouge. Nouvelle mécanique: on peut lancer Cappy pour s’en servir d’arme et/ou prendre le contrôle des ennemis. Qui n’a jamais rêvé d’incarner un Bill Ball ou un Goomba? Ces cinquante-deux « Champimorphoses » différentes proposent ainsi une ribambelle de modifications de gameplay. En observant les ennemis on se rend vite compte de comment leurs pouvoirs pourront nous être utiles. Une peu comme Malicia dans les X-men qui piquent leurs habilités aux autres mutants qu’elle touche. Cette chenille qui se déplie en accordéon sera rudement pratique pour aller voir ce qui se cache derrière une colonne de pierre. Ce robot sur échasses permettra de gagner de la hauteur, etc.
Le léopard est de retour, pas de fashion faux-pas pour Mario.
Ce ne sont pas seulement des lunes à profusion qu’on tentera de dénicher, mais également les fameuses pièces jaunes (pas celles de David Douillet). Ce qui habituellement ne sert qu’à engranger des points, trouve ENFIN une utilité, après plus de 35 ans quand même. En effet, dans chaque pays visité se trouve une boutique dans laquelle on peut acheter des costumes divers et variés. Certains d’entre eux ne pourront d’ailleurs s’acheter qu’avec la monnaie locale (idée originale). Moi qui exècre les micro-transactions à but cosmétique, je dois dire que ce commerce factice est ici délicieux. Affubler Mario de toutes sortes d’habits et de chapeaux a quelque chose de délirant et tout mignon [NDZYvon: *facepalm]. Le costume mexicain m’ayant collé la banane pendant un moment. Je m’attendais presque à l’entendre commander des nachos à tout moment. Ça a donc été l’un des premiers d’une série de petits émerveillements qui se sont succédés jusqu’à la rencontre avec Bowser, sa défaite et le clap de fin. Ou pas tout à fait, puisque comme dans tous les Mario 3D, la rencontre avec la tortue-dino grincheuse n’est qu’une première étape. Comme déjà dit, c’est peut-être même celle avec laquelle le véritable fun commence. Généralement les niveaux bonus s’ouvrent à ce moment là. Ceux-ci même qui mettent à mal la dextérité des joueurs, habitués jusque ici à une promenade de santé. Sans rien vraiment divulgâcher, il faudra effectivement revenir dans les mondes précédents pour trouver les lunes manquantes, mais aussi débloquer de nouveaux terrains de jeux.
La polémique est terminée: Mario a bien des tétons. (si si, vérifiez sur Google).
Toad Raider
Aaah nostalgie quand tu nous tiens…
Atteindre cette phase de deuxième exploration est plus que nécessaire pour donner un avis sur Super Mario Odyssey. C’est à ce moment-là qu’on peut commencer à émettre des doutes sur le fait que nous soyons en présence d’un jeu de plateformes. Bien sûr nous pourrions entrer dans d’interminables considérations sur ce qui définit tel style, toujours est-il que je considère qu’un dosage des sauts et un certain doigté sont des éléments prépondérants. Ils sont cependant passablement absents de cette Odyssey. En fait, j’ai plutôt eu l’impression de jouer à un jeu d’aventure et d’exploration, comme un Tomb Raider. Ce qui n’en fait pas un mauvais jeu pour autant! Par contre, cela représente une volonté de se détacher de codes qui semblaient indissociable du genre. Tenter quelque chose de nouveau; je suis pour! Pourtant à la longue le tout donne parfois l’impression d’être un amalgame un peu hasardeux de plein de petites idées. Par exemple, l’utilisation du corps des ennemis pour atteindre la prochaine lune ressemble parfois à une suite de mini-jeux. On en termine un et on en enchaîne avec le suivant. Peu d’entre eux représentent un réel défi. Au contraire, les petits astres se ramassent à la pelle, de manière presque frénétique. Le plaisir de jeu s’apparente alors à une chasse aux oeufs géante. Il faut aimer explorer et s’éclater à l’idée de retourner n’importe quel petit caillou.
Certaines quêtes sont originales mais ne demande que très rarement un grand acharnement.
Si la chasse aux Korogus dans Zelda: Breath of the Wild vous est sortie pas les oreilles, vous risquez fort de vous décourager à dénicher toutes les lunes. Heureusement, les mondes sont séparés les uns des autres et sont donc semi-ouverts. Ceci permet d’éviter l’indigestion. Ce qui me plaît c’est que l’absence de véritable difficulté (adresse et habileté) se voit contrebalancée par les indices assez laconiques (c’est une bonne chose!) sur l’emplacement des lunes. Comme un touriste, Mario peut profiter de cartes sous forme de prospectus qui indique le nombre d’items à trouver, mais pas leur localisation. Pour cela il faudra trouver soit le perroquet donnant ces indices, ou l’un des Toad qui placera un X sur la carte (n’en déplaise à Indiana Jones) contre monnaie sonnante. L’utilisation d’amiibo peut aussi donner quelques coups de main.
Parents lecteurs, ayez du respect pour vos enfants: empêchez les de jouer à ce mode « facile » de la honte. Frustrez les.
Citizen Koopa
Les Broodals: des personnages un peu insipides qui joueront régulièrement le rôle de boss. Des séquences plutôt faciles mais demandant de trouver la faiblesses de chacun.
Jeudi 26 octobre 2017, 15h00. Fin de l’embargo. Avant de lire la suite, veuillez cliquer sur ce lien et laissez la musique en arrière-fond pendant votre lecture. Les tests du jeu sortent dans le monde entier, Internet s’enflamme, Twitter explose. Les commentaires sont tous on ne peut plus positifs. « Le meilleur jeu de plateforme de tous les temps », « le digne hommage à Super Mario 64« , un « indispensable ». Feux d’artifice, allégresse, le Messie de la Switch est là, des notes maximales sur tous les sites. Puis vient une deuxième vague, à peine quelques heures plus tard: « Comment peut-on mettre 20/20 à un jeu? », « la perfection n’existe pas », « les médias ont succombé à la hype ». On observe alors une division assez étrange entre ceux qui le mettent sur un piédestal, le font pour des raisons un peu légères et ceux qui le « rabaissent » (avec beaucoup de guillemets), en raison d’exigences presque élitistes. En parcourant différentes apparition du jeu sur la toile, je relève quelques exemples intéressants (dont le choix est tout aussi arbitraire de ma part). La presse anglophone n’est, comme souvent, pas dans la demi-mesure et le Mirror, par exemple, vente les mérites du jeu, en premier lieu, pour son…. histoire (?!?) et son… mode « appareil photo/selfie » permettant de faire des clichés en jeu (!!). C’est un peu comme si l’on défendait les qualités d’un film par le fait d’être bien assis dans son siège au cinéma. Pipomantis de CanardPC, en France, dresse un portrait positif, tout en émettant quelques réserves en évoquant le manque d’un « je ne-sais-quoi qui suscite l’émerveillement ».
L’une des rares séquences plateformes, à déplacement verticaux mais en en 3D.
Dans notre helvétique patrie, soulignons la performance assez exceptionnelle pour un quotidien romand, le Temps publie une double page sur la sortie d’un jeu vidéo. Super Mario Odyssey soulève les passions, c’est indéniable et il a ça pour lui. En revanche, je suis moins confiant que notre non-moins estimé collègue sur l’avenir de la Switch. Zelda et Mario représentaient les deux succès quasi-assurés, mais on aimerait bien savoir ce que Nintendo prévoit pour la suite. Pour le moment, les adaptations annoncées par des studios externes ne sont pas sans rappeler celles qui accompagnaient la sortie de la Wii U, parmi lesquelles on nous promettait du Rocksteady, de l’Activision ou de l’EA, par exemple, puis après quelques adaptations plus rien. En revanche, le fait que les ventes de la Switch explosent est peut-être de meilleur augure chez ces mêmes éditeurs tiers. 2018 reste donc toujours assez nébuleux pour le moment. Terminons ce tour d’horizon somme toute assez sommaire, par évoquer la chose suivante: comme à chaaaaque fois qu’un jeu récolte de très bon résultats, Internet se repose la question de la note. Ce débat séculaire n’a pas de sens. L’objectivité n’existe pas. La critique si. L’observateur influence toujours le milieu observé. Bien sûr que le joueur-testeur est influencé par des tas de critères qui ne lui appartiennent que personnellement. Le joueur fait parti du tableau. Je crois qu’on a le droit d’apprécier Super Mario Odyssey, mais on se gardera bien de dire que c’est l’un des meilleurs jeu de tous les temps. La chronique de Monsieur Plouf à son sujet est d’ailleurs l’une de ses vidéos ayant obtenu le plus de commentaires tranchés, que ce soit pour dire qu’il n’était qu’un vieux râleur ou pour le remercier d’avoir « osé » dire tout haut que le jeu ne lui avait pas plu autant que ce qu’il espérait.
Remettez donc un coup d’ « Hymne à la joie ». (source: zeldainformer.com)
Djobi (clap clap)
Djoba (clap clap)
Qu’il parle maintenant ou se taise à jamais.
Que voilà de gros… tas de sable.
Les premières heures de jeux ont été enchanteresses et l’idée de « jeu de Noël », dans sa manière de parler à notre âme d’enfant, a été plusieurs fois évoquée dans les discussions enflammées entre Fellowsheep, M.Plouf et nous-même (sans Gunther). Puis les discussions Whatsapp atteignant plusieurs centaines de messages par jour se sont orientées vers un débat sur la raison « pour laquelle on a apprécié le jeu », puisque plusieurs d’entre-nous ont revu leurs impressions à la baisse après coup, face à l’omniprésence des lunes et le fait que les ramasser doit se comprendre comme la récompense en soit. L’écueil peut venir alors du fait que cette même récompense finisse par perdre de sa superbe à la longue. Si une machine à sous vous crache le jackpot à chaque pièce insérée, on se sent riche, mais a-t-on vécu le grand frisson? Donner son avis sur Super Mario Odyssey après sa sortie n’est pas une sinécure puisque il semble facile de se sentir partagé entre le fait de ne pas vouloir trop l’encenser pour ne pas paraître trop influencé par la hype et sans dénigrer ses qualités pour ne pas faire hipster à écharpe trempant son game design dans un brandy. En fin de compte, on devrait peut être juste s’accorder sur le fait que c’est un bon jeu parce qu’on a plaisir à y jouer. De toute manière, soit vous avez déjà craqué et l’avez déjà acheté (et vous avez bien fait), soit vous auriez tort de vous en priver car il représente un indispensable dans le catalogue [NDZyvon le taquin: on dit pas dialogue quand il y n’y a que deux éléments dans une liste?] de la Switch. C’est bon Pénélope, tu peux poser ton ouvrage un moment, mais ne le range pas complètement parce que, selon ton inclination à fouiller pour le plaisir de fouiller, tu risques de devoir le ressortir assez vite.
Une proposition originale: l’utilisation des captures d’écran pour mémoriser des indices sur la position de lunes cachées.
Des bonus et clins d’oeil sont dissimulé un peu partout dans les mondes qui font penser à Disneyland: A chacun son identité caractéristique. Des level design réussi presque à chaque fois et une maniabilité efficace. La caméra est parfois un peu trop proche.
De manière tout à fait fortuite, il se trouve que plus ou moins à la même période, sortait un autre objet culturel portant sur son dos le poids de son illustre prédécesseur: le film Blade Runner 2049. Ici aussi, l’attente se mêlait aux craintes et aux exigences des fans. Le site de critique cinématographique FilmExposure.ch en dit: « […] Blade Runner 2049 déchaîne les passions, entre ceux qui l’élèvent déjà au rang de jalon historique du 7e art et ceux qui crient à l’imposture totale. Étonnement, la cohérence formelle de cette suite ne saurait vraiment donner tort à personne. » Il dit des choses bien ce Monsieur Rallo, non?
