Géant deux sans trois [Shadow of the Colossus, PS4]

Il existe de nombreux débats concernant les jeux vidéo. L’un d’entre eux consiste à savoir si l’on peut parler d’une forme d’art. Si la réponse n’est pas donnée ici, nul doute en revanche, que l’on peut parler d’un chef-d’œuvre avec Shadow of the Colossus.

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« Colossal », c’est le mot que vous cherchez.

Tout y est prenant, des décors magnifiques aux musiques enchanteresses, mais surtout ses mécaniques de jeu et leur apprentissage intuitif. On y incarne Wander, un jeu homme mystérieux qui emmène le corps sans vie d’une femme dans un temple. On ne sait ni de qui il s’agit, ni ce qui lui est arrivé, ni de quelle manière tous deux sont liés. Sur place, une voix caverneuse annonce que ces contrées sont interdites, mais que pour ramener une âme du pays des morts, il faut récolter l’essence de seize esprits. Chacun d’eux est représenté par un colosse qui déambule dans les alentours. À chaque fois, un vague indice est donné par la voix, avant que l’on se lance à la recherche de l’animal en question. Pour ce faire, on explore le monde à dos de cheval en suivant les rayons du soleil réfléchis par notre épée. Les colosses représentent les seuls ennemis du jeu et chacun d’eux constitue une énigme. Pour parvenir à les terrasser, il va falloir étudier leur manière de se déplacer pour identifier leurs points faibles. Après la phase de recherche, voilà la phase de résolution. Une fois le moyen de grimper sur ces géants trouvé, il faut bien calculer son coup entre escalader et s’arrêter pour reprendre son souffle, ou éviter d’être éjecté par l’animal qui s’ébouriffe. Persister encore et ne pas se décourager en recommençant, il y a là quelque chose de plutôt instructif ! Mais c’est surtout dans son contexte que Shadow of the Colossus puise toute sa subtilité. En effet, rien ne nous dit que nous faisons bonne route en affrontant les colosses. D’ailleurs, ceux-ci s’effondrent toujours dans un effet de style plus mélancolique que triomphal. Et si tuer les colosses n’était pas une bonne chose ? Que sommes-nous prêts à faire pour sauver quelqu’un, qui plus est dont on ne sait rien ? La persévérance, mais aussi les questions de bien et de mal, sont des sujets qui peuvent ici tout à fait être abordés avec de jeunes joueurs.

 

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Même quand c’est un peu flou, ça reste super beau.

 

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On recommande d’enlever l’option des indices. Celle-ci casse un peu le plaisir de chercher.

 

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C’est par l’exploration que l’on progresse vers le prochain défi.

En revanche, il est un point qui fâche : cette version 2018 est en fait une 2e (!) réédition. Sorti à l’origine sur Playstation 2 en 2005, il avait déjà profité d’un lifting en 2011 sur PS3. Bien sûr, on observe clairement une amélioration graphique, mais les écueils de l’époque sont toujours là. Au-delà de la démarche commerciale plutôt discutable (il s’agit de la 3e fois que le même jeu, exactement, nous est proposé), il faudra s’armer de patience pour gérer les problèmes de caméra et le manque de fluidité dans les déplacements et les animations. Shadow of the Colossus fait l’unanimité pour ses qualités, et nous le recommandons chaleureusement pour expliquer aux plus jeunes ce qui fait un bon jeu. Par contre si vous possédez déjà une ancienne version, profitez de ressortir votre console vieux modèle, ça suffira amplement. Encore une autre excellente manière d’établir un lien intergénérationnel.

Note: C’est super bien, mais ça fait quand même 3x là /10

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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