Gamescom 2015: Des point and click chez Deep Silver et Microïds.

Préparer ses rendez-vous pour la Gamescom c’est aussi se diviser le boulot et se mettre d’accord sur qui va voir quoi. Si pour certains jeux c’est une lutte acharnée entre nous, personne n’a voulu s’opposer à moi pour aller voir des point and click. Et pourtant!

Lost horizon 2

Ma première étape se fait donc chez Deep Silver. Après avoir souris à l’hôtesse d’accueil qui me dit, gênée, que la présentation ne se fera qu’en allemand, je rejoins un petit groupe de journalistes pour rencontrer deux producteurs d’Animations Arts, déjà à l’œuvre sur le premier Lost Horizon. Pendant que l’un d’eux nous montre comment s’échapper d’une chambre d’hôtel, l’autre, Steffen qu’il s’appelle, d’un ton un brin trop enjoué, nous explique les nouveautés que nous allons pouvoir découvrir. Je partage d’ailleurs cette présentation avec une journaliste/groupie hystérique allemande, donc avec toute cette dose d’euphorie dans une si petite salle, je ne peux que faire preuve d’enthousiasme, même si je n’ai pas tout compris. Pour en revenir aux nouveautés, il sera possible de manipuler des objets avec la souris. Il ne s’agira donc plus simplement d’une formule classique *utiliser* *clé* avec *porte*, mais il faudra tourner la clé dans la serrure. Ces mécaniques me semblent très inspirées par une utilisation « tablette » et je me dis que cela peut être une bonne façon d’innover dans le genre. Espérons que ça n’en devienne pas pénible à la longue. Pour le reste, les décors sont vraiment soignés, soutenus par des angles de caméra dynamiques et le contexte de guerre froide, avec des passages jouables à plusieurs époques différentes me tentent bien. Le Steffen s’emballe et nous explique qu’il y aura des séquences d’infiltration, des mécaniques de « craft », de la collaboration entre deux personnages et même des QTE! Il me perd un peu, surtout en voyant derrière lui l’écran une cinématique avec une femme animée à la truelle. J’interpelle mon hôte: – Dis moi Steffen, je trouve que les points and click aujourd’hui sont trop… – Dépassés? Lance t’il en me coupant la parole. Non, j’allais dire « trop faciles ». Il me confie alors qu’ils ne doivent pas viser trop dur pour ne pas frustrer leur public, mais que 10 heures seront tout de même nécessaires pour terminer l’aventure. J’ai donc quand même quelques craintes en quittant la salle et Steffen parle toujours. Le jeu sort le 2 octobre sur PC, en version internationale (sans voix en français), nous serons donc fixés rapidement.

ABC Murders

Deuxième arrêt, chez le très convivial stand de Microïds, malgré sa surface réduite. C’est même dans la langue de Mylène Farmer que l’on m’accueille, revanche! C’est autour d’un PC portable que je prends place, accompagné par un portugais qui vient d’un site spécialisé en point and click. Ils sont tellement passionnés qu’ils sont venu à cinq. Malheureusement trop peu de place sont à disposition. C’est donc Miguel qui aura l’insigne honneur d’être assis à côté de moi. Microïds fête cette année ses 30 ans et souhaite opérer un revirement depuis les jeux mobiles vers des projets plus ambitieux. Le premier jeu de la liste est donc ABC Murders, inspiré par l’œuvre d’Agatha Christie. Hercule Poirot reçoit une lettre l’informant qu’il doit tenter d’empêcher ABC de commettre des meurtres. Dans un style cel-shading, les personnages évoluent dans des décors soignés et les accents de chacun ont été respecté pour coller à l’ambiance. L’ami Hercule parle donc anglais comme un belge, un peu pédant. Ici aussi, il est question de proposer des mécaniques de jeu innovantes. Les résolutions d’énigme vont, petit à petit, permettre de reconstituer le meurtre et de comprendre ce qui s’est passé. A plusieurs moment, l’action s’arrête et le joueur doit proposer une solution. S’il n’a pas trouvé suffisamment d’indices, les bonnes solutions n’apparaîtront pas. L’observation sera donc un outil majeur pour progresser. Malgré des qualités notoires, je dois dire que, des trois jeux présentés, c’est celui qui m’a le moins emballé. A approfondir au début de l’année prochaine. Sortie prévue sur PC, Mac, Xbox One et PS4, mais aussi 3DS, iOS et Androïd.

Yesterday Origin

Yesterday origin prison espagnole

Dans le cochon, même en prison, tout est bon.

Restons donc chez Microïds, on est bien et on enchaine avec la nouvelle production des espagnols de Pendulo Studio. C’est à eux que l’on doit la trilogie déjantée Runaway, que j’avais beaucoup aimé. Même si les décors sont en 3D dans Yesterday Origin, la touche du studio est reconnaissable. Tiens, je croyais que les titres de jeu comprenant le mot « origin » avaient été proscrit dans la dernière Charte du Bon Gout en Matière de Jeu Vidéo? Faisons fi des convenances, car il serait malheureux de s’arrêter à si peu. L’action du jeu se passe à plusieurs époques différentes. Les deux protagonistes, John Yesterday (sérieusement, Pendulo, m’obligez pas à ressortir la charte…) et sa copine Pauline, sont tous les deux immortels. Nous allons donc passer de l’inquisition espagnole au présent. C’est déjà une trame qui me botte bien. Encore une fois, de nouvelles mécaniques sont à l’épreuve. Fini l’époque où l’on combinait tous les objets de son inventaire n’importe comment en espérant obtenir un « poulet en plastique avec une roue au milieu ». Maintenant il faudra préciser au jeu dans quel but ces objets devraient être combinés. La séquence que nous avons suivie voyait John enfermé dans une geôle espagnole et utiliser un crapaud hallucinogène, un cochon sacrificiel et un chiffon grimé en visage pour s’échapper. Un ton décalé pour une intrigue qui s’annonce plutôt prenante. Yesterday Origin, tu seras mon chouchou. Même si je crains, encore une fois, une difficulté trop basse dans les énigmes. Idem, plus de détails lors de la sortie en 2016-pas-plus-précis, sur Playstation 4, Xbox One, PC et Mac en Français, Anglais, Allemand, Italien, Espagnol, Russe et Polonais (c’est pas moi qui le dit, c’est le communiqué de presse).

yesterday origin le présent

Dans le présent. Je cherchais à faire une vanne avec « cochon » aussi, mais je vais m’abstenir finalement.

Syberia 3

Syberia 3 heroineFranchement, quand un jeu te propose d’ « accompagner la transhumance des autruches des neiges vers les steppes sacrées de leur reproduction », moi je dis oui. Ai-je besoin d’en dire plus? Bon, si vous insistez. C’est donc le 3e épisode d’une aventure créé par Benoît Sokal, auteur de BD, qui en assure aussi la direction artistique. On change donc radicalement de ton, pour trouver quelque chose de nettement plus sérieux, voire même mystique. Le coup de crayon est toujours présent pour donner une touche toute particulière aux décors et personnages, pour la première fois en 3D intégrale. J’aime à croire que cet univers plus sombre sera le théâtre d’énigmes plus poussées. Cyril Berrebi, chargé de communication, me précise que cet épisode peut être jouer sans avoir fait les deux premiers, ce qui est mon cas, j’avoue. Il faut plutôt le considérer comme une nouvelle histoire qui débute. Le jeu étant en plein développement, on en a pas vu beaucoup. Sa sortie est prévue pour l’automne 2016, sur Xbox One, PC, Mac et PS4. Dans cette dernière version, des mécaniques spéciales sont développées pour être adaptée au pad tactile.

Syberia 3 camp

J’en ai presque froid.

Syberia 3 croquis

Si ça c’est pas du transmedia…

 

 

 

 

 

 

J’ai donc été servi question point and click! Je me réjouis de voir plusieurs studios tenter d’amener du renouveau dans le genre, dans des styles très différents. Ces quatre présentations m’ont clairement données envie de tester ces jeux. Par contre, je suis aussi assez convaincu qu’un quartet gagnant n’est pas possible et que je vais forcément être déçu par l’un ou l’autre. Surtout si ces productions ne devaient viser qu’un public caricatural de casual allemands et donc en devenir bien trop faciles. Il reste également un autre point and click, Heaven’s Hope, que nous n’avons pas eu l’occasion de voir, mais vous pouvez le découvrir sur le site des collègues de Fellowsheep.ch.

[Utiliser] *souris* avec *bouton publier*.

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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