Il paraît que lorsque l’on est à deux doigts de passer l’arme à gauche, le temps s’arrête. Ceux qui en sont revenus relatent souvent une expérience similaire. L’impression d’avoir passé une éternité dans un grand vide apaisant, alors que quelques minutes à peine se sont réellement écoulées depuis l’arrêt cardiaque. J’ai vécu ce phénomène de suspension, mais ça n’avait rien d’apaisant. Deadly Premonition 2
Durant une période rédactionnelle un peu creuse, ce brave Founet-en-chef glissa un soir sous ma porte un billet parcheminé. Avant de disparaître dans la nuit moite, il me murmura par-dessus le col de son imper : “C’est la clé qui te montrera la liberté”. Sur le papier, un charabia incompréhensible de chiffres et de lettres groupés. Je rumine les paroles de mon indicateur… La clé… La clé ? La clé inbus ? La clé de sol ? La clé de bras ? Ou la clé… de téléchargement ! Baffé par l’évidence, je bondis de mon fauteuil à bascule pour entrer le code sur tous les supports imaginables. C’est la Switch qui réagit finalement. Que va-t-il apparaître sur l’écran ? La visite virtuelle du Musée du collier à chiens ? Une webcam en direct chez Hideo Kojima Je.. Mais que ? Installation de Deadly Premonition 2 ?
Ma femme me dit toujours…
Voilà, vous venez de lire une intrigue bien plus captivante que ce qu’a pu susciter en moi Deadly Premonition 2: A Blessing in Disguise. Pas besoin d’aller très loin pour se rendre compte que ce jeu n’a pas reçu l’attention qu’il aurait méritée au développement. Temps de chargement interminables pour des graphismes dignes d’une PS2 et demi, chutes de framerate et j’en oublie. Passé le dégoût initial, le reste n’a malheureusement rien de très accrocheur.
La première demi-heure de « jeu » consiste à presser une touche pour dérouler les discussions (sans choix) entre les enquêteurs et l’enquêté. Inutile de préciser qu’ils sont tous très stéréotypés. Après davantage de dialogues, on peut enfin utiliser un deuxième pouce pour faire se balader l’agent York dans une bourgade louisianaise. Cet enquêteur du FBI a été envoyé à Le Carré pour démêler une affaire de meurtre, de trafic de drogue locale et de rituels païens. Tout comme le premier du nom (dont j’ignorais jusqu’ici l’existence), Deadly Premonition 2 se place quelque part entre un survival horror et un jeu d’enquête, nappé d’une bonne couche narrative. Le monde ouvert permet de déambuler en 12 FPS dans une ville quasi-déserte, de devenir ami avec des petites filles ou de buter des écureuils à coups de poing (il m’avait volé ma trousse de secours, ce con).
Juste une dernière chose…
Pourtant il y a de bonnes idées cachées sous cette gangue. L’enquête se situe plusieurs années dans le passé par rapport au début du jeu, ce qui est un gimmick narratif facile, mais brise un peu la linéarité d’une intrigue usuelle. L’agent York, c’est lui qu’on suit la plupart du temps, est à moitié fou tellement ses pensées partent dans tous les sens. D’ailleurs, le joueur n’est autre que la voix qu’il entend sans cesse dans sa tête. C’est comme si, durant les phases d’enquête, le joueur ne faisait qu’influencer les choix de York, mais qui seraient déjà faits à un niveau subconscient… Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre! Je me dis, au fond, que la narration a quand même été assez réfléchie. On y trouve de l’humour absurde et des références au cinéma classique. Mais le résultat est décevant.
Peut-être que les fans de la première heure y trouveront leur compte. Au final, je pense que ça aurait fait un bon roman plutôt qu’un jeu vidéo.
Note : 2 ne vas pas vers la lumière! sur 10
Testé sur Nintendo Switch