Une collègue me disait dernièrement que notre génération (NDZyvon: de vieux) a été bercée par les réussites « à la Rocky », avec des montages qui montrent les héros progresser en deux minutes, sans échec. Ceci explique pourquoi cette même génération s’attend à de bons résultats rapidement. Je rappelle donc à nos bons souvenirs l’importance du développement par la chute. Comme dans Mega Man.
C’est marrant d’ailleurs, Mega Man s’appelle Rock Man au Japon, un peu comme Rocky ? Coïncidence ? Ou transition fluide pour le début de mon article ? Nul ne le sait. Ce qui ne m’échappe pas en revanche, c’est la manière dont beaucoup de jeux sont devenus beaucoup plus faciles avec le temps. Et je ne pense pas avoir transcendé mes compétences de joueur, au contraire (mes stats sur PUBG le confirmeront). Mais on constate qu’il est devenu important d’éviter de « mauvaises expériences » aux joueurs et spécialement aux plus jeunes. C’est vrai en tout cas pour les jeux solo, mais pas que. Prenez Fortnite, par exemple. Ce n’est pas un jeu particulièrement facile, mais le côté « échec-nouvel essai » est adouci par l’aspect social du multijoueur. Mais je m’égare, revenons-en à notre petit robot bleu.
Né sous X
Pour les profanes, le personnage de Mega Man est un robot à forme humanoïde, affrontant d’autres machines devenues hostiles suite à une infection par un virus ou un piratage par le vil Dr. Willy, selon les épisodes. Ces boss se terrent au bout de niveaux semés de pièges mortels qu’il faudra éviter, dans la plus pure tradition d’un jeu de plateformes-action en 2D.
Mega Man XI est la suite de… Mega Man X, c’est bien vous suivez. Mais ça se complique, puisque c’est bien la suite de Mega Man X (10, sorti en 2010) et non pas de Mega Man X (la lettre, sorti en 1993). La suite de ce dernier s’appelle Mega Man X2 (sorti lui en 1994 et dont l’ultime épisode date de 2004). Ça va, vous suivez toujours ?
Pour ma part, je m’étais arrêté à ce premier épisode de la série X (la lettre, toujours) sur Super Nintendo (et j’avais adoré). J’avais tenté un écart sur DS avec un opus ZX (que des lettres, encore) qui ne m’avait pas fait bonne impression. Par contre, des souvenirs tenaces j’en ai de 1987, avec Mega Man 3, sur NES. À cette époque, Mush, Marsouin et moi nous nous arrachions les cheveux face à la difficulté de ce jeu. Il faut dire qu’on l’abordait comme un « Super Mario avec un canon laser » alors qu’il demandait un effort de mémorisation des pièges et ennemis bien plus important. Un système de code permettait de reprendre l’aventure pas tout à fait depuis le début, chaque fois qu’un boss était battu et son pouvoir récupéré
Erreur fatale
Je parle, je parle, mais je n’ai toujours pas abordé Mega Man 11. L’introduction était nécessaire puisque c’est avec un plaisir presque masochiste que j’ai retrouvé ce même fonctionnement. Les vies fondent comme neige au soleil, les piques ne pardonnent pas, les trous non plus et chaque erreur nous renvoie au début du niveau. Ce processus nous oblige donc à reprendre les choses calmement et à aborder chaque nouvel écran avec tactique et mémorisation.
Mais que c’est rageant ! Et que ce Mega Man saute lentement ! Mais qu’est-ce que c’est bon ! Cette sensation après avoir terrassé un boss dont il a fallu apprendre le pattern par cœur pour ne pas laisser passer la moindre erreur. C’est grisant ! Il m’a fallu près de trois heures pour terminer le premier niveau (j’avais prévenu que j’étais pas bon… et en plus j’avais choisi celui de la neige, l’horreur, j’aime pas la neige dans les jeux vidéo). Mais je l’ai joué à l’ancienne, avec peu de vies bonus en stock et je me suis senti incroyablement récompensé quand Ice Man s’est finalement désintégré.
MMXVIII
2018 oblige, on ne peut pas se permettre de faire exactement pareil et c’est probablement mieux ainsi. De ce fait, il est maintenant possible de sauvegarder quand on veut et d’obtenir des réserves de vies contre des petites pièces de rouages que l’on collecte dans le niveau. Et puisque ces dernières sont plutôt faciles à trouver, on peut aisément s’en blinder l’inventaire. Ou encore une fois, le fait de recommencer plusieurs fois le même niveau a son importance.
Je vous recommande donc fortement Mega Man 11, histoire de mettre vos nerfs à l’épreuve et de savourer ensuite la victoire bien méritée. Et je le recommande encore plus à vos enfants, qui pourront se frotter à la frustration et à l’apprentissage par l’échec. C’est bon pour ce qu’ils ont.
Note: 8 écrous sur 10
Également disponible sur Xbox One et PS4