BigMoon Studios Entertainment, notamment connu pour Demon Age, Syndrome ou … Police Simulator 2018, sortent leur dernier jeu de course sobrement nommé Dakar ’18. Il vous emmène au volant d’un 4×4, d’une moto, d’un quad ou d’un cerf-volant dans le Sahara, jusqu’à la belle ville de Dakar, en Amérique du sud.
Faux départ
Fébrile, accroché à mon volant, le 4×4 conseillé par le jeu pour un N00b comme moi s’avance vers la ligne de départ, au milieu de nulle part. Un gars avec un bob sur la tête, posté devant ma machine, commence le décompte avec ses doigts. Je l’appellerai dorénavant Alain. Je regarde le road book en bas à droite de mon écran et malgré le tutoriel fait précédemment, je ne comprends pas dans quelle direction je suis sensé partir après le départ.
Pas de soucis, je compte sur mon fidèle copilote que j’appellerai dorénavant Rémy. Main tremblante, c’est parti, il est temps de faire honneur à l’analyse de Mr. Plouf à la Gamescom, qui classifiait Dakar’18 comme, je cite: « jeu le plus intimidant que j’aie vu depuis longtemps« . Mon copilote me gueule « GO! » et me donne une direction dont je me fous, le volant étant bloqué à droite, je fonce droit sur Alain et sa face inexpressive. Un gros mot en jaune apparaît sur l’écran: disqualifié !
Je vole !
Après ce faux départ, je débranche mon volant et me résigne à parcourir le désert au clavier. La joie incommensurable dans les yeux vitreux d’Alain m’indique que je suis à nouveau sur la piste de départ et la course peut enfin commencer. Rémy me gueule encore une fois une direction que je peine à suivre. Je ne tente même pas de comprendre le détail de mon road book, je me contente juste de lire le chiffre désignant la direction à prendre. Le mode facile me permet de voir de toute manière le cap à suivre, via un curseur vert sur ma boussole, ce qui est une aide énorme.
Le jeu devient donc assez simple. J’aligne mon véhicule sur l’indicateur susnommé et je presse la pédale de gaz, enfin la flèche haut de mon clavier. Rémy me crie toujours dessus en anglais avec sous-titres en français, pas vraiment le temps de les lire. J’opine donc du chef et continue d’accélérer. C’est à ce moment-là que j’ai compris ce que « Danger 3 !!! » voulait dire. En haut de la dune, moment de silence, instant en suspension, je comprends que ma voiture ne touche plus vraiment le sable et ça dure, ça dure… Rémy est devenu silencieux, je sers les dents et on touche enfin le sol. Mon copilote reprend de la voix et me fait comprendre, d’une manière assez agressive, qu’on ne va pas y arriver de cette façon. Je suis assez d’accord avec lui, surtout que je constate que, malgré la difficulté « facile, » mes amortisseurs ont vraiment morflés. J’ai la possibilité de m’arrêter et de perdre de temps ou de continuer. La deuxième option me parait la plus ludique.
Je coule !
La technique du tout droit gaz à fond entre chaque checkpoint n’est peut-être pas la plus simple pour gagner. Je considère donc mon environnement et essaye d’optimiser mon parcours entre danger, vitesse et direction, ce qui rend le jeu déjà plus intéressant. Le prochain « Dune, Danger 3 » se profile, je vais faire attention à tes vertèbres, promis, fidèle Rémy. Je ralentis, je m’approche du sommet de la dune à faible vitesse et moment de silence, instant en suspension, je comprends que ma voiture touche toujours le sable, trop de sable. « Prends ta pelle et sors de la voiture Rémy, on est embourbé dans la dune« . Après un ou deux coups de pelle et le placement de planches sous mes roues, je parviens à repartir. Rémy lui regarde le paysage et me dit de me grouiller.
C’est où le bivouac ?
J’enchaîne les checkpoints sans me perdre, merci au mode facile. J’arrive soudainement sur une route, à priori encore plus simple, mais je constate que mon précieux curseur vert a disparu de ma boussole. Je suis complètement perdu. Mon copilote m’avait dit quelque chose mais je n’ai pas écouté, il est trop passif-agressif. Je tourne en rond en cherchant désespérément le checkpoint mais à part m’embourber dans le sable, je n’arrive à pas grand-chose. Soudainement un bruit de moteur et je vois un autre concurrent passer. Je suis mon poisson pilote et retrouve le chemin de la victoire.
L’utilité de mon assidu Rémy est en fait réelle, il interprète le road book pour moi et tous les signes bizarres qui sont dessinés dessus. La prochaine fois qu’il me dit de suivre une route, une vallée ou un lit de rivière, je serai plus attentif. Les mécaniques du jeu m’apparaissent maintenant plus clairement et je commence à suivre correctement les indications de mon copilote, de ma boussole et de mon road book. C’est ainsi qu’après quarante-cinq minutes, temps réel, je termine mon étape. Je suis physiquement éreinté et moralement usé mais j’y suis arrivé … en mode facile.
Ah mais Rémy il dort avec moi ?
Vous aurez compris, le principe de Dakar est en fait assez simple: c’est une course de rallye, dans laquelle il n’y a pas de chemin tracé. Il faut suivre le road book qui indique la direction à prendre avec sa boussole et sur quelle distance la maintenir, le tout parcouru le plus rapidement possible. On enchaîne tant bien que mal les checkpoints et si on en manque un, on se prend une pénalité et généralement, on se perd. La compétition se déroule en plusieurs étapes, qui elles-même se composent d’une soixantaine de checkpoints, ce qui fait environ quarante-cinq minutes par étape. Et encore, c’est accéléré par rapport à la réalité. Il faut avoir le temps devant soi et c’est vraiment long. On est content d’arriver.
Ensuite, c’est le bivouac où on peut réparer sa voiture avec des « points Dakar » engrangé durant la course. Les dégâts sur le véhicule ont une réelle incidence sur ses performances. Il m’est arrivé de ne plus pouvoir monter de colline ou de dunes car mes pneus étaient devenus lisses. La seule solution est alors de s’arrêter en course et de les remplacer, en échange d’une perte de temps au chrono.
Mais on est pas au Sénégal ?
L’originalité du titre, pour un jeu de course, se situe dans cette sensation « d’open world » qui est assez sympa. Au fur et à mesure de mes parties, j’ai commencé à comprendre comment lire le road book et à me diriger correctement. J’ai donc passé la vitesse supérieure et augmenté la difficulté du jeu en choisissant une moto. Ce qui implique pas de Rémy pour m’aider à interpréter le road book. La satisfaction de finir une étape en ayant su se diriger est réellement gratifiante et demande une concentration vraiment différente d’un jeu de course classique. La direction et l’évitement de danger est ce qui importe le plus. La prise de virage optimisée n’a pas vraiment lieu d’être, puisqu’il n’y pas de chemin à suivre. Les étapes changent pas mal visuellement et météorologiquement, ses différences sont appréciables, considérant leurs durées de quarante-cinq minutes en moyenne.
Les sensations de conduite sont pas mal, mais vraiment meilleures avec un volant, que j’ai réussi à faire fonctionner après plusieurs patching du jeu. Mais elles ne sont pas non plus exceptionnelles. La voiture dérape un peu, parfois, mais il n’y a pas trop de technique nécessaire pour maitriser l’engin, même en difficulté avancée ou avec un autre type de véhicule. La complexité du jeu réside dans l’orientation et pas vraiment dans la conduite.
C’est pas le Pérou non plus.
Le jeu a aussi sa part de bugs. Parfois Rémy s’est arrêté de parler, est-ce qu’il me fait la gueule parce que je lui ai de nouveau tassé trois vertèbres ? Est-ce un coup du lapin quand on a tapé dans le dernier rocher ? Apparemment non, il y a toujours les sous-titres. Parfois le véhicule passe en mode automatique lors de checkpoint pour obtenir un tampon d’un Alain qui traîne sur le chemin. Là on se mange une barrière, l’IA insiste pendant deux ou trois secondes gênantes dans l’obstacle, jusqu’à tenter une marche arrière.
Enfin, malgré ses graphismes « sympatoches » et son originalité, je ne suis pas sûr que je relancerai à nouveau le jeu, j’ai trop peur de retrouver ma relation amour/haine avec Rémy.
6 Camel trophy sur 10