« Dans le laboratoire de Semper, vivent les vieux garçons les plus enjoués, mais avec la vie leurs expériences partent en fumée. Tout éclate, tout rate, ah quel mic-mac. Pauvres Sempeeeeer! »
Ce n’est pas en mode savant fou, mais plutôt en Fred & Jamy qu’on a voulu tenter une expérience. Alors on a commandé des enfants sur Internet, on les a enfermés dans un chalet perdu en montagne et on leur a demandé de construire des trucs en carton et de nous dire ce qu’ils en ont pensé après. Seulement une fois ces conditions remplies avaient-ils le droit de manger, nous ne sommes pas des monstres. Pour compléter notre mode opératoire, nous nous sommes équipés en Toy-Con, issus du programme Nintendo Labo. Ce fleuron de la technologie moderne propose d’associer la Switch avec des constructions en… carton.
Dans la boîte de base, Toy-Con 1: multi-kit de son petit nom, se trouvent une vingtaine de planches pré-découpées permettant de construire cinq objets au total. Les pièces se détachent, puis s’assemblent en suivant des instructions données par le logiciel tournant sur la console. L’écran tactile de celle-ci permet de faire défiler le mode d’emploi. En enchaînant les étapes, on peut donc obtenir le guidon d’une moto, un duo de « voitures » télécommandées, une canne à pêche, un piano, et une maison. C’est avec les trois premiers que nous avons commencé.
Étape 1 – Munissez-vous d’enfants
Nintendo Labo est avant tout destiné aux enfants. Si vous n’en avez pas à disposition, reportez vous directement à l’étape quatre. Dans notre cas, nous avons dégotté sept marmots, âgés de 5 à 11 ans et avons enregistré leur faits et gestes pendant une matinée. On a du se contenter de noter nos observations, soi-disant que les électrodes cérébrales c’était « too much ».
Étape 2 – Découpez / Pliez
Pour chacune des constructions il y a donc tout un tas de pièces en carton à séparer, plier, refermer et assembler. Il faut avoir de la place et du temps devant soi. Si les voitures ne demandent qu’une dizaine de minutes, le piano ira jusqu’à presque quatre heures, d’après la notice sur la boîte. En réalité, les autos ont nécessité le double du temps pour trois petiots de six ans accompagnés, alors que la moto nous a demandé près de deux heures, pour une équipe de quatre marmots âgés de cinq, neuf, dix et onze ans. Une bonne coordination est nécessaire pour éviter les dérapages (sous-entendu: il faut un adulte qui réparti les tâches, sinon tout le monde essaye de replier la même languette).
Les pièces s’emboîtent parfaitement et les explications sont suffisamment claires pour que l’on comprenne facilement ce qui doit être fait. La Switch, avec son écran tactile, se prête d’ailleurs bien aux manipulations puisqu’il est possible de faire tourner le modèle à trois cent soixante degrés et de zoomer sur un détail du montage.
Étape 3 – Jouez
Une fois toutes les pièces montées et les éléments décorés aux crayons de couleur, place aux jeux. La Switch (et ses joy-cons) quitte alors son rôle de mode d’emploi pour venir se glisser dans les supports en carton. En lançant le jeu correspondant, on peut interagir en manipulant nos structures en carton. Le guidon de la moto permet de conduire l’engin sur des circuits, la canne à pêche d’explorer les profondeurs marines et de mouliner pour tenter de remonter le plus gros poisson et les voitures se pilotent à distance, en proposant d’utiliser les détecteurs d’infrarouge comme caméras. La maison et le piano permettent respectivement d’interagir avec une sorte de Tamagotchi tandis que l’autre laisse s’exprimer le Mozart en soi. Mais dans le cadre strictd de notre modèle expérimental, nous n’avons pas testé ces deux derniers éléments. Les enfants se sont rués sur ces trois premiers petits jeux.
Étape 4 – Et les adultes, ils en pensent quoi?
Première observation: avec une seule Switch il est impossible de construire plusieurs objets, donc difficile d’en faire une expérience familiale avec plusieurs enfants. Heureusement, des petits malins ont mis à disposition les différents modes d’emploi sur Youtube, ce qui permet de se séparer en plusieurs groupes.
J’en profite d’ailleurs pour glisser un mot sur le logiciel qui pêche grandement par son manque d’ergonomie. Il n’est pas vraiment aisé de savoir où trouver les informations et lorsqu’on cherche quelque chose de précis, on est souvent obligé de se taper l’intégralité des explications. Même s’il est possible d’en accélérer le défilement, ça reste peu pratique. Il aurait été bienvenu de les trouver au format papier dans la boîte, comme pour un Lego… ou un meuble IKEA. J’ai lancé plusieurs fois le mauvais menu et pour en ressortir je devais me farcir un semblant de dialogue à lire entre des personnages fictifs, un peu fadasses, en accéléré.
La boîte indique un âge de six ans, qui ne correspond pas au PEGI, mais à l’âge à partir duquel les enfants peuvent se convertir à l’origami. Notre observation c’est qu’avant neuf ou dix ans, il est difficile de s’en sortir seul (NDZyvon: et pourtant on avait des HP, et je ne parle pas de la marque de PC). Ce n’est pas une mauvaise chose, c’est l’occasion de pratiquer une activité parent-enfant. Mais ne comptez pas trop sur vos rejetons pour s’en sortir seuls dans leur coin. De la même manière, Nintendo Labo peut représenter une introduction aux concepts de programmation, mais un accompagnement sera certainement nécessaire également, puisque cette partie est par essence moins intuitive.
Étape finale – Conclusion
Il y a des bonnes idées dans Nintendo Labo. L’utilisation des vibrations pour faire avancer les voitures est plutôt chouette et le tout est très intuitif. En revanche, après une heure de jeu (sans forcer non plus), nos jouets de carton commençaient déjà à souffrir les affres de la manipulation. Après quelques utilisations seulement (tranquillement et sur une table pourtant bien lisse), les voitures n’avançaient plus tellement droit. Mais c’est surtout la qualité des mini-jeux qui fait défaut. On en fait rapidement le tour et même si nos Valérie Damidot en herbe ont, pour la plupart, aimé ces jeux, de notre côté, les vieux rabats-joie, on est pas sûr que la passion perdure une fois la surprise passée.
Vu le prix de la boîte (70 CHF, on le répète), notre recommandation serait plutôt d’espacer les constructions. Planifiez, par exemple, un jour pluvieux pour la première, montez là et explorez ses possibilités, avant de programmer la suivante pour la semaine d’après. De cette manière vous éviterez de vous retrouver avec une montagne de cartons qui prendra vite la poussière (parce que ça prend bien plus de place quand c’est monté).
L’avis des principaux intéressés (juste avant qu’on ne les revende)
- Giulia, 6 ans. Aime: la trottinette à la descente. N’aime pas: la trottinette à la montée. « J’ai bien aimé construire et jouer après ».
- Eva, 6 ans. Aime: les publicités Splatoon 2 à la TV. N’aime pas: le théâtre expérimental. « C’est la canne à pêche que j’ai préférée. Dans le jeu on dirait des vrais poissons, c’est joli. Mais c’est dommage qu’on peut pas les manger ».
- Eliott, 11 ans. Aime: Lire, beaucoup, énormément. Et Fortnite. N’aime pas: les choux de Bruxelles. « Le jeu de la pêche c’était le plus amusant parce que ça demandait des bons réflexes. Pour la moto, c’est dommage parce qu’il y a le plus d’interactions possibles, mais ça réagit pas très bien ».
- Charline, 10 ans. Aime: la lecture (passionnément) et la poterie. N’aime pas: les blagues des amis de son père. « La moto c’était rigolo! J’ai mieux aimé jouer que construire, parce que c’était un peu long ».
- Sophie, 10 ans. Aime: Pichu et les licornes. N’aime pas: Fortnite. « La moto c’est le jeu que j’ai préféré, mais j’ai mieux aimé construire ».
- Hugo, 6 ans. Aime: les voitures, les camions et tout ce qui roule. N’aime pas: perdre au babyfoot. « [J’ai préféré] les voitures téléguidées! Mais ça marchait plus très bien après ».
- Alexis, 5 ans. Aime: Big Flo & Oli et le FC Barcelone. N’aime pas: le loup qui se cache dans le sous-sol de son école. « J’ai bien aimé jouer à la moto, plus que construire, c’était un peu dur ».
Aucun enfant n’a été blessé pendant la réalisation de cette expérience. En tout cas aux dernières nouvelles.
Note: 7 Linda de Suza sur 10
https://www.youtube.com/watch?v=5cRE95J4Xb4
Une récente mise à jour de Mario Kart 8 Deluxe permet d’y jouer avec le guidon de la moto. Voilà, c’est dit.