Une dernière question, m’sieur [The last case of Benedict Fox]

Sorti le 27 avril dernier, The last case of Benedict Fox a été développé par Plot Twist et édité par Rogue Games Inc. Le jeu mêle habilement des mécaniques de Metroidvania et d’enquête dans un univers lovecraftien. Drame familial, sociétés secrètes et énigmes se côtoient dans ce titre surprenant. Soyez prévenus, vos skills, votre intelligence et vos nerfs seront mis à rude épreuve. Alors, attrapez votre loupe, saisissez votre flingue et suivez le lapin blanc jusqu’au fond du terrier. Ce test est garanti sans spoil.

 

Chercheur de véritudes The last case of Benedict Fox

Notre histoire commence au début du XXe siècle en nouvelle Angleterre. Comme dans les récits de Lovecraft, le protagoniste est un jeune bourgeois érudit et (relativement) solitaire. Vous incarnez donc Benedict Fox, un fringant détective de bonne famille vivant en symbiose avec un démon tentaculaire. Cette cohabitation surprenante vous donnera accès à des capacités fort utiles. Votre enquête vous mènera à vous pencher sur les travaux occultes de votre père, ancien membre éminent d’une société secrète. La découverte de son cadavre vous permettra de plonger dans ses souvenirs. Entre inconscient et traumatismes, la psychologie tiendra une place de choix dans votre quête de vérité. Obsessions, relations toxiques, espoir et secrets sont apparemment au centre de votre histoire familiale.

 

Habile !

L’écran de chargement vous permet de visualiser la progression de votre enquête.

 

The last case of Benedict Fox distille habilement nombre de références. De la machine Enigma à Star Wars en passant par Ralph Maxwell Lewis, les clins d’yeux ne sont jamais gratuits et rappellent toujours une ambiance pesante de secrets et de complots. Le scénario, le gameplay ainsi que le world design s’alimentent entre eux et en font un tout cohérent. Certaines zones sont extrêmement bien pensées, par exemple celle de l’horloge. Une grande salle qui tourne à un rythme régulier vous permettant d’accéder à certains chemins en fonction de la position des engrenages.

 

Les couleurs sont sublimes.

La folie vous guette dans cette inquiétante étrangeté.

Yog-Sothotteries The last case of Benedict Fox

Votre avatar dispose de compétences diverses et variées, tel que sauter, mettre des coups de baïonnette, tirer au pistolet, esquiver et se baisser. Lorsque vous êtes en possession d’un amplificateur, vous bénéficierez également de l’aide de votre symbiote, lequel vous permettra de faire des doubles-sauts et de parer les coups à l’aide d’un bouclier surnaturel. En cours de partie, vous collecterez des ombres et du loot doré (je n’ai pas trouvé de nom officiel). Les premières vous serviront à vous faire tatouer, ce qui renforcera votre relation avec le démon et vous octroiera de nouvelles capacités. Les seconds vous permettront d’acheter et d’optimiser votre matériel.

 

Se faire tatouer par une femme fatale, joli retournement des codes lovecraftiens...

Vos tatouages font office d’arbre de compétence.

 

Comme dans tout Metroidvania qui se respecte, certaines zones vous seront inaccessibles tant que vous ne disposerez pas des capacités nécessaires. Vous serez donc amené à faire des allers-retours entre les différentes zones d’un niveau labyrinthique, tentant ici et là de forcer un passage jusqu’ici bloqué. Des vortex apparaîtront à des endroits précis, servant à la fois de checkpoints et de téléporteurs. Ainsi, vous pourrez accélérer vos déplacements et gagner un temps précieux. Le bestiaire est relativement fourni en abominations inventives. Rampantes, volantes ou vaguement humanoïdes, elles s’avèrent prenables en un contre un. Toutefois, les choses se corsent lorsqu’elles se déplacent en troupeaux. Les Boss sont, quant à eux très bien pensés et constituent un challenge assez stressant.

 

Y a pas que le démon qui est tentaculaire...

Oh, la belle carte.

Le charme désuet de la bourgeoisie

La direction artistique de The last case of Benedict Fox est magnifique, à commencer par les lumières. Des néons qui illuminent les toits de la ville pendant l’intro à la pénombre des souterrains en passant par l’éclairage du manoir familial, c’est de toute beauté. Niveau décors, on est là aussi sur du bel ouvrage. Les éléments au premier plan, notamment, ajoutent de la profondeur et ne gênent pas du tout la lisibilité. Chaque zone du sous-sol bénéficie d’éléments uniques et d’une atmosphère particulière. J’ai adoré le biome du Golem, qui ressemble beaucoup à l’idée que je me fais d’une Bat-cave bâtie par Nikola Tesla.

 

Les éclairs verts rendent vachement bien.

À mi-chemin entre le laboratoire de Frankenstein et la représentation du travail de Nikola Tesla dans la culture populaire.

 

Les personnages ont un look légèrement cartoonesque à la Tim Burton (période Frankenweenie ou Les noces funèbres) qui se marie étonnement bien à l’ambiance générale. Sans être des caricatures, les PNJ sont très reconnaissables. Vous serez amené à rencontrer un rude forgeron, une énigmatique femme fatale, un vieil érudit ou encore un inquisiteur louche. De manière générale, l’atmosphère reste très sombre et sérieuse que rien ne vient dédramatiser. Le mélange des genres fonctionne beaucoup mieux que dans The Innsmouth case (Robotpumpkin Games, Assemble Entertainment, 2020). Les musiques d’époque et le sound design angoissant participent également grandement à l’ambiance du jeu.

 

On se croirait à l'entrée d'un manoir d'Arkham...

J’avoue être particulièrement impressionné par la beauté glauque des visuels.

Argumentaire, mon cher Watson

Les énigmes sont au cœur de The last case of Benedict Fox et rajoutent énormément à l’intérêt du jeu. Loin d’être de simples phases anecdotiques, elles participent à la narration et vous maintiennent en haleine. C’est très personnel, mais je les trouve parfaitement dosées, que ce soit en termes de fréquence ou de difficulté. Ni dures au point de se sentir incompétent, ni simpliste en vous donnant l’impression d’être pris par la main. elles constituent selon moi (avec la direction artistique) la grande réussite de cet opus. Je ne développerai pas trop cet aspect, de peur de divulgâcher ses rebondissements. Sachez seulement que certains casse-têtes sont chronométrés, ce qui ajoute du stress et augmente l’immersion.

 

Le cercle est un motif qui revient très souvent dans le jeu et qui symbolise beaucoup de choses...

Des runes, des cercles et très peu d’indices, le secret d’un défi satisfaisant.

Les démons se cachent pour mourir

En conclusion, j’ai beaucoup aimé The last case of Benedict Fox. J’ai certes peu d’expérience en Metroidvania, et j’ai pu lire des critiques lui reprochant des faiblesses sur cet aspect. Apparemment, pour certains joueurs, il n’apporterait pas grand-chose au genre et n’aurait pour seul argument de vente ses visuels élégants. Personnellement, je trouve ça très réducteur. L’investigation, le fantastique, la conspiration, la psychologie et le contexte sont autant d’atouts qui en font un très bon divertissement. De plus, la difficulté est réglable sur plusieurs aspects. Vous pouvez adapter la complexité des énigmes, des déplacements et des combats à votre guise si l’un ou l’autre de ces facteurs vous gâche l’immersion. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, je vous conseille de vous pencher sur ce jeu, et pourquoi pas avec le soutien de votre démon intérieur.

8 tentacules gluants/10

Testé sur PC, disponible sur Xbox One et Xbox Series et prochainement sur PS5.

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

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