Voilà venir la première extension pour Diablo 4. Vessel of Hatred nous propose, soi-disant, de continuer la trame de la campagne originelle, amenant avec une nouvelle classe, le moin… euh non le spiritborn. Un moine avec des esprits animaux. Qui n’est ni un witch doctor, ni un moine, ni rien d’autre qu’un spiritborn, d’abord.
Alors oui, je n’ai pas l’air hyper enthousiaste pour ce Vessel of Hatred dans l’intro. Pourtant il y a du bon dans cette extension. L’histoire est prenante, au début. Avant de tourner à je ne sais quoi que j’essayerai de vous décrire quelques paragraphes plus bas. Et la nouvelle classe, hé ben elle démonte tout et elle est sympatoche, même si pas originale pour un sou. Enfin si, un sou d’originalité, allez, mais pas plus. Et puis beaucoup de petits éléments de qualité de vie comme on dit ont été réajustés. Sympa. Et puis, ah oui, il y a pas mal de nouveaux trucs dans le shop à microtransactions (MTX). Hmmm.
Georgette de la jungle
La suite de la campagne nous fait suivre les aventures tumultueuses de cette brave Neyrelle, qui, rappelons-le, a jugé opportun de se barrer seule avec la pierre d’âme de Mephisto ; elle connaît bien l’univers de Diablo la petite et sait très bien que c’est la seule solution, celle qui a marché à chacun des opus de la saga et qui a tout à fait sens. Ah non, c’est n’importe quoi, c’est juste. Bref, on ne sait toujours pas pourquoi notre personnage continue à penser que c’est une bonne idée de donner une bombe atomique à une ado qui vient de voir sa propre mère vouloir la tuer, puis se faire tuer de nos mains. Il y a certainement plus stable comme état psychologique de départ pour partir à l’aventure avec un stock de plutonium démoniaque.
Mais bref, Neyrelle knows better, donc on la suit. Ça merde évidemment et on essaie de réparer les pots cassés après de très impressionnantes (et vraiment gores) cinématiques qui m’ont refait penser à la glorieuse époque de « Woah une cinématique Blizzard ». Malheureusement passé le début, l’histoire manque terriblement de sens et d’impact émotionnel. On s’en fout pas mal des personnages et malgré l’univers fascinant du monde des esprits, cela reste dur d’accrocher.
Jean-Claude vente d’âmes
Un moine expert en mandales qui invoque des esprits animaux… vous l’avez ? Bref. La nouvelle classe est très sympa, très puissante surtout elle explose les charts, laissant les anciennes classes bien loin derrière. Pourquoi ? Hé bien pour vendre pardi. Vous m’excuserez le cynisme, mais la technique est si connue qu’il ne ferait pas bon se mentir. Pour aider à la vente, le produit est particulièrement alléchant au début, puis sera nerfé d’ici la prochaine saison pour remettre les choses en ordre. C’est comme les assurances complémentaires qui modifient les conditions de votre contrat l’année suivante sans rien vous dire, comme la vraie vie quoi.
En résumé, à l’heure actuelle le spiritborn est très fun, avec plein de builds viables, mais sans être vraiment novateur. J’ai sincèrement l’impression de jouer avec le moine de Diablo 3. C’était ma classe préférée donc tant mieux, mais on repassera niveau créativité pour le gameplay. Même si les différents esprits animaux invoqués donnent une ambiance mystique plaisante et dynamique aux combats.
New End Game +++
Bon, on s’en fout de l’histoire vous me direz. Au même titre que l’on n’achète pas Call of Duty pour la discute, Diablo c’est du ponçage de end game, pas le plateau de feu Pivot (sauf peut-être l’épisode avec Bukowski). OK, vous n’auriez pas tort. Alors globalement, les changements de progression, la répartition de la difficulté, les différentes activités de end game, le rythme du loot et l’arrivée du groupe finder ; c’est franchement très bien dans l’ensemble. Je m’amuse vraiment et l’ensemble est bien plus agréable qu’avant cette dernière version. Les choses s’enchaînent plutôt naturellement et il va de même de la progression de notre personnage. Du bon de ce côté-là. Il y a même une sorte de raid que je n’ai pas encore testé à l’heure de l’écriture de ce test. Mais on apprécie la prise de risque. Bah oui parce que demander à des joueurs de Diablo de se coordonner pour résoudre des énigmes c’est chaud quand même.
Lupus Avarus
Super produit, ce Vessel of Hatred, me direz-vous. C’est ce qui ressort, en gros, de mon test. Alors on achète ? Difficile de vous dire non vu que j’y joue encore et m’y amuse. MAIS. Et il y a un MAIS qui me sort par tous les pores de mon crâne chauve. L’envie dévorante de mettre un 0 sur 10 à ce jeu qui emplit chacune de mes cellules, tout en sachant bien que cela serait hypocrite si je n’arrêtais pas également d’y jouer. Je m’explique : le jeu n’est pas pay to win, mais les microtransactions du jeu sont le symbole de la déchéance du secteur. C’est la raison pour laquelle Space Marines 2 mérite un 10/10 et Blizzard de se recevoir des petits cailloux qui iraient se coincer dans leurs chaussettes ad aeternam.
OK je me calme et je tente d’expliquer la raison de cette fureur paradoxale. Le jeu est vraiment très bien en ce moment. Les microtransactions sont toutes cosmétiques. Donc où est le problème ? C’est le fait que le shop argent réel est rempli à ras bord de monture et d’armures, d’armes largement plus épiques que ce que vous trouverez en jouant. Pas si grave me direz vous ? Bof. Si on joue à un RPG, ou un action RPG et autre hack & Slash, c’est en général pour la « power fantasy » de notre personnage. Lui faisant vivre des aventures grandioses récompensées par des épées magiques et autres armures diaboliques. S’il y a peu de place à la narration dans un jeu comme Diablo, le look d’un personnage devrait pouvoir raconter une histoire. « J’ai tué tel boss au max de la difficulté », « J’ai poncé telle activité pendant deux semaines bloc », « J’ai réussi toutes les quêtes de telle zone », etc., etc. À l’heure actuelle, TOUTES les armures ayant des VFX (comprenez des effets de lumières animés, du feu, de la magie, etc.) viennent soit du battle pass payant, soit de la boutique, payante également. TOUTES. Idem avec les montures à peu de choses près. Et c’est là où tout se casse la gueule à mon avis.
L’histoire épique que fini par raconter le look de notre personnage c’est : « Et là, dans la pénombre de sa chambre mal rangée, en esquivant habillement les bouteilles de Coca vide et sa culpabilité lancinante, Grulgor l’Invincible saisit la carte de crédit de maman. D’un geste habile, si souvent répété, il pianota les chiffres magiques avant de cliquer sur acheter. L’armure désormais sienne, les flammes du mérite le rongeraient de l’intérieur, mais il n’avait su lutter contre l’envie de briller, quelque soit la honte que sa nouvelle armure cacherait dans son intérieur putride ». Fait chier quand même. Je veux bien en partie accepter la relative inévitabilité de certaines microtransactions dans les AAA pour calmer les actionnaires, mais il s’agirait d’équilibrer un peu les choses. Si Diablo 4 avait mis ne serait-ce qu’un tiers de son shop payant comme récompense in-game, le jeu serait vraiment une bombe absolue. Mais non. La cupidité aura leur raison. Peut-être.
Alors on jette la pierre d’âme à la poubelle ?
Comme je le disais, ce serait hypocrite de ma part de dire que Vessel of Capitalis… euh Hatred est mauvais. Je vous laisse donc décider si la cupidité d’une multinationale doit nous pousser à les punir en nous privant d’un relativement bon jeu. Tout un dilemme. Je suis curieux de voir ce que fera la concurrence lors de la sortie de Path of Exile 2, tiens.
Note du jeu : 8 cestquandmêmefun sur 10.
Note de blizzard : 0 / 10.
Testé sur PS5. Également disponible sur PS4, Xbox One, Xbox Series et PC.