Vingt-six ans après l’original sur Game Boy, Nintendo nous livre une troisième version de Link’s Awakening. Si ce titre a posé les jalons de la série il y a un quart de siècle, est-il encore au goût du jour ?
Nintendo adore jouer et rejouer la carte de la nostalgie en proposant portages et remakes de ses meilleurs jeux, jusqu’à récemment offrir une collection de jeux SNES aux abonnés Switch Online. Si je trouve le procédé un peu facile niveau créativité, il faut bien avouer que le plaisir est là quand je peux terminer mon donjon peinard dans l’ICN (🚅). Link’s awakening
C’est sûr, quelques avancées technologiques ont vu le jour entre la (oui je dis « la ») Game Boy et la Switch, par exemple la couleur, la 3D et la plasticine. Ce dernier élément est d’ailleurs le plus marquant dans cette version haute en couleur. Surprenants au début, je trouve les graphismes style maison de poupées finalement bien adaptés au thème du jeu. Avant les huées, je m’explique. Le jeu original ne supportait pas de défilement et l’action se déroulait par écrans de quelques douzaines de tuiles à la fois. Pour conserver cette impression de confinement malgré le défilement continu de la carte, les développeurs de la version Switch sur écran 16:9 ont opté pour un effet maquette (ou tilt-shift) accentué. D’où l’impression de voir des figurines s’animer, surtout pour les spectateurs n’ayant pas la manette dans les mains. Une sensation qui dure moins pour le joueur et contribue finalement à l’immersion. Le thème onirique de cette aventure est aussi bien rendu à travers le choix graphique ; les éléments lointains sont vite flous. À l’instar des habitants de l’île, qui ne semblent pas exister en dehors de leurs interactions avec le protagoniste.
Faire du neuf avec du vieux
Sans chercher à replacer ce titre dans la chronologie officielle (mais se passant tout de même juste avant The Legend of Zelda, premier du nom), Link’s Awakening fait figure d’aventure indépendante. Pris dans une tempête, Link se retrouve échoué sur l’île de Cocolint. La jeune Marine le retrouve sur la plage et le ramène au village. À son réveil, Link se rend compte qu’il n’a aucun moyen de rentrer chez lui, mais un hibou lui parle du Poisson-Rêve qui pourrait l’aider. Faute de meilleure quête à se mettre sous la dent, le héros décide de partir à la recherche du réveil-matin pour truites.
Si le jeu est globalement inchangé — et c’est très bien comme ça — on notera tout de même quelques ajouts à gauche à droite. Par exemple, la version Game Boy était compatible avec le… Game Boy Printer ! Cette ancienne relique permettait d’imprimer des illustrations à trouver durant l’aventure. La fonction a été remplacée par un mini-jeu dugeon builder, où il faut combiner les salles des donjons déjà visités pour créer un assemblage qui remplit certaines conditions. Une inspiration de Mario Maker ?
Le niveau de difficulté héroïque fait son entrée. Réservé aux vétérans du jeu Game Boy, ce mode augmente les dégâts subis par les ennemis et bloque l’apparition de cœurs. Chaque erreur se paie donc au prix fort et un game over demande ensuite de trouver une fée pour récupérer sa santé et tenter l’épreuve à nouveau. Un minimum de connaissance de la carte est préférable si l’on ne veut pas passer son temps entre un écran de fin de partie et une fontaine des fées.
C’est dans les vieux fourneaux…
À sa sortie, Link’s Awakening a repris la plupart des codes de A Link to the Past, tout en en rajoutant de nouveaux qui allaient perdurer. La quête secondaire de l’échange d’objets, la pêche ou les mélodies à apprendre en sont les meilleurs exemples. Ni Zelda, ni Ganon, ni la Triforce n’apparaissent dans ce titre. Formule qui sera notamment reprise dans Majora’s Mask. On y trouve également des séquences en 2D latérale et la possibilité de sauter à tout moment.
Vu les limitations techniques de l’époque, les dialogues sont généralement courts et les phases d’actions et de quête s’enchaînent. La carte du monde n’est pas très étendue, mais sa variété et les nombreux recoins ont de quoi occuper. Au final, le rythme du jeu Game Boy se translate facilement sur la version Switch. Même sans avoir joué à la version originale, on a l’impression de connaître ce Zelda, tant la formule à succès a été reprise de différentes façons. La difficulté augmente progressivement au cours de l’aventure ; les indices fournis par le système d’aide ne remplacent pas l’exploration de l’île. Un jeu que je recommande chaudement aux habitués de la maison, comme aux néophytes… Le tout à un prix inférieur au jeu Game Boy corrigé pour l’inflation ! Si c’est pas une affaire ça !
Note: 9 oreilles pointues sur 10