Le test dont le jeu de mots du titre a été hacké. [Watch Dogs 2, PC]

Watch Dogs, le fameux jeu qui devait concurrencer GTA V. Le jeu qui devait permettre d’arpenter un monde ouvert dans lequel le piratage serait une solution à toutes situations. Le jeu qui devait offrir des graphismes à couper le souffle à sa sortie. Watch Dogs, le jeu qui a déçu. Enfin il a déçu surtout les gens hypés. Parce que c’était quand même un très bon jeu.

Et voilà qu’a débarqué sa suite, Watch Dogs 2 de son nom très original mais, il faut bien l’admettre, fort à propos. C’en est effectivement le digne héritier. On y retrouve une bonne partie des qualités et des défauts de son prédécesseur. D’emblée, on sent qu’Ubisoft a bossé dessus. Mais est-ce suffisant pour en faire un bon jeu ? C:\win32\Réponse_ci_dessous.exe.

Cool guys take selfies with explosions.

Cool guys take selfies with explosions.

Chouettes souvenirs de vacances

Commençons par les très bons points : la région de San Fransisco, où se déroule l’aventure, est vraiment extrêmement sympathique à arpenter. Je n’y suis jamais allé IRL mais j’ai sans peine été marqué par les différentes ambiances dans les régions représentées dans le jeu. En vrac, on se perd dans les quartiers hippies, gays ou geeks proches du cœur de la cité marchande. On croise une faune plutôt louche dans les « suburbs » pauvres de la ville voir dans celle, carrément glauques, d’Oakland. On croise du bobo-nerd par paquet dans la Silicon Valley et devant les campus des grosses boites hi-tech du lieu. Et surtout on fait du tourisme à selfie à Alcatraz ou sur le Golden Gate Bridge. Et c’est la classe.

Coucou je suis un geek bad-ass en vadrouille!

Coucou je suis un geek bad-ass en vadrouille!

D’autant que c’est plutôt joli. Le jeu fourmille de détails, les PNJ ont des comportements relativement cohérents et les décors sont beaux. Il est de plus possible d’installer un pack de textures HD. Donc, pour peu que l’on dispose d’une machine suffisamment puissante et que l’on pousse tous les taquets des options graphiques dans leur derniers retranchements, on obtient quelque chose de vraiment magnifique. Ce qui correspond à une séance de diapo chez moi (note à moi-même : faudra gentiment prévoir le changement de PC).

Niveau gameplay, on reste dans la droite ligne du premier : un GTA-like avec tout un attirail de pirate informatique pour se sortir de toutes les situations imaginables ou presque. Si le hacking de camera, de machine de chantier et autres bornes électriques demeure toujours possible avec son téléphone intelligent, un drone et une « voiture » télécommandée peuvent désormais être utilisés pour élargir la panoplie des entourloupes de geek disponibles.

Le fameux drône de hacking.

Le fameux drone de hacking.

Viens, on est plein

Le mode multi est toujours présent. A la base, il s’agit souvent d’envahir la partie d’un autre joueur (ou de résister, s’il se trouve que la cible c’est nous). On se retrouve à aider la police à arrêter un « homme dangereux », ou à pirater le hacker d’un groupe concurrent. Il existe aussi des missions coopératives assez sympa. Mais je n’ai pas constaté de moyen agréable de se synchroniser avec l’inconnu qui commence à jouer avec nous. Corollaire, on tient une idée sympa qui l’est souvent moins en pratique.

Mais encore et surtout, il subsiste toujours le problème de l’intrusion non désirée qui va faire perdre 10 minutes sur la session de 30 qu’on avait péniblement réussi à casser dans notre agenda de ministre. Bon là, je fais un peu la mauvaise langue car il est en effet possible de désactiver le multi dans les menus. Le soucis c’est, qu’à chaque fois, j’ai eu « la flemme » de le faire. Genre:

  1. Tu lances ta partie et tu as oublié que cette histoire de hacking par d’autres joueurs peut (doit!) être désactivée dans les menus.
  2. Tu lances une mission.
  3. Au milieu de cette mission, bam vlà un relou qui t’empêche de continuer la mission en tentant de te hacker.
  4. Tu es de bonne, tu fais joujou avec lui. Sinon tu l’ignores en attendant que l’interlude se termine (impossible de continuer la mission néanmoins).
  5. Pendant ce temps, tu te dis: « faut que je pense à couper cette merde ».
  6. L’intrusion se termine, tu t’empresses de retourner à ta mission
  7. Tu termines ta mission. Madame à besoin de toi. Tu sors du jeu. Tu fais ton devoir. Retour au point 1.
Navigation via le smartphone. Bien fait.

Navigation via le smartphone. Bien fait.

Et on s’amuse assez bien

La fournée des missions est assez inégale, que ce soit dans la trame principale ou  dans les quêtes secondaires. On passe des moments d’anthologie (mention spéciale au « drone militaire ») dans des sous-niveaux au level design bien pensé, admirablement amenés par le scénario, à des passages de remplissage, pas mauvais mais quelconques.

Heureusement, la possibilité de tenter des trucs grâce au piratage permet souvent de rajouter le piment d’Espelette nécessaire à relever ces quelques errances. Néanmoins (et malheureusement ?), il reste possible de se sortir de presque toutes les situations avec des gros flingues… Outre le fait que ça soit pas aussi bien foutu que dans GTA, on tient ici un vrai problème pour moi. Sérieusement des bobo-geeks avec des grosses kalashs? Bonjour le nawak quoi… (paye ta suspension d’incrédulité).

Hacking 2 rue. Wesh toi mêm tu sé.

Hacking 2 rue. Wesh toi mêm tu sé.

Mais ce qu’on est con par contre

Car le jeu a, pour moi, le très gros défaut d’être assis le fondement entre deux chaises. D’un côté on constate la volonté très perceptible d’être un jeu d’action à grande liberté, avec flingues et bagnoles. Et de l’autre, un scénario qui fait du personnage principale un membre d’une bande de hackers mi-bobo mi-geek. Et les deux mis dans un pot commun ne collent que très rarement bien ensemble.

Tenez par exemple et, attention, avec un spoiler (non, Founet, je n’utiliserai pas ce mots du diable de « divulgâchage »), quand le groupe de pirates découvre un trafic de drogue, ils décident de s’attaquer au groupe mafieux qui le contrôle. Bon déjà, c’est sacrément osé comme objectif pour un groupe de nerds. Je vous passe ensuite les détails, mais un de vos potes va se faire dessouder.  Et que se passe-t-il? La mission suivante, il va falloir le venger en buttant des gars… Sérieusement? On parle toujours de la joyeuse bande de hackers idéalistes? L’incohérence continue ensuite quand quelques missions plus loin, le groupe a carrément oublié la mort d’un des leurs comme si de rien. C’est la fête youpie, on est trop un groupe de gars cool! Yeah! On va faire la révolution en collectant des followers (si, si c’est vrai en plus)!

En plus, malheureusement pour le jeu et pour moi, je trouve les personnages principaux tout à fait antipathiques. Oui, c’est encore plus subjectif que d’habitude mais on a à faire à des têtes à claque limite débiles, pas du tout crédibles et cohérentes. Dans le premier Watch Dog, le héros était une sorte de type paumé, qu’un drame avait fait passer du simple hacker à la vendetta contre le système. C’était un peu gros, mais ça se tenait. Là ça commence avec le héros qui hack un des serveurs de la région en s’introduisant physiquement dans les locaux de la municipalité. Il s’enfuit en foutant la merde (…). Puis s’étonne ensuite d’avoir un casier judiciaire. Et finalement décide alors que « c’est que des méchants » et qu’il faut les éliminer (légalement la plupart du temps, mais autrement sinon). Et faire de même avec les mafieux, les gangs et autres…  d’un réaliste… terrible.

Et quand il ne pense pas à combattre les affreux, alors notre perso fait des selfies en faisant du tourisme, fait des tags, des courses de voiture et tout un tas de truc qui jurent complètement avec son côté révolutionnaire, concerné et révolté. Mais le pire, c’est l’incohérence entre la liberté d’agir octroyé au joueur qui peut décider de voler, tuer, « carjacké »la moitié de la ville et la vision, 5 minutes plus tard, d’une cinématique expliquant qu’il faut tout faire pour mettre hors d’ état de nuire les vilains-pas-beaux qui font du mal à la population. Et ça a tendance à me faire encore plus détester ces imbéciles de héros. Mais il est vraisemblable que je suis trop vieux pour ces conneries. Peut-être que finalement, les personnages sont juste sans doute trop cool pour moi.

Voilà mes supers copains. Mais comme je les aime!

Voilà mes supers copains. Mais comme je les aime!

Con? Comme conclusion?

C’est d’autant plus dommage parce que mis à part ça, et les bugs inhérents à une production AAA d’Ubisoft qui se respecte (d’ailleurs, à ce propos, ça serait bien qu’ils en sortent un vraiment propre, une fois, parce qu’ils cumulent pas mal à ce niveau… ), j’ai apprécié le jeu. Des bonnes idées à la pelle (navigation sur le portable, hacking, drones, etc.), de chouettes missions, une bande son plutôt agréable, un superbe environnement, il y avait de quoi faire. Encore une fois dommage.

7 pieds au cul qui se perdent / 10

Jeu également disponible sur Xbox One et PS4

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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