Via Sicura [Need For Speed: Payback, PC]

Après avoir joué la carte de la sobriété textuelle lors du précédent volet, cette année, pour sa vingt-troisième sortie, Need for Speed se pare à nouveau d’un sous-titre qui claque: Payback. Il va donc être question de vengeance. Est-ce que ce serait une manière de prendre une revanche sur les casseroles que traine la saga et ainsi amorcer un retour aux sources? J’ai lustré les chromes et huilé les soupapes; on va faire un tour?

Need for speed Payback PC neon et musique

Ambiance néon, agrémentée d’une bande-son regroupant des artistes comme Action Bronson ou Barns Courtney.

On commence notre balade en rencontrant les trois personnages que l’on incarnera tour à tour. Chacun ayant sa spécialité entre vitesse, drift ou interception. Mais ne brulons pas le feu rouge, car il faudra d’abord participer à un casse. Pour voler une voiture de rêve, nos lascars et leur pote le mécano montent un plan presque parfait. Presque, car il y aura trahison, retournement de situation, et les voleurs se retrouvent à bosser pour leur ancienne victime, le propriétaire du plus grand casino de la ville. Ensemble, ils tenteront de mettre un terme aux agissements du Clan et de leurs magouilles, pour pouvoir laver leur honneur et rouler vers le soleil couchant. Ça sonne comme un scénario de série B? On est en plein dedans. Des personnages un tout petit peu moins clichés que d’habitude, mais avec des caractères et une mise en scène que ne renierait pas Hollywood. On se croirait presque dans une sorte de spin-off de Battlefield: Hardline. En même temps, c’est comme ça que j’aime mes jeux de voitures. Mettre une bonne couche de scénario dans une succession de courses et de tunning, le pari est risqué et ce n’est pas la première fois qu’on nous propose la recette. Je suis le genre de personne qui ne sait pas si ça sert à quelque chose d’huiler des soupapes et pour qui la Ford Shelby GT 500 est une voiture de qualité parce que Nicolas Cage en vantait les mérites dans 60 secondes chrono. Donc si vous cherchez de la simulation et des réglages aux petits oignons, je vous renvoie plutôt au récent article de Mush sur Forza Motorsport 7 et Project Cars 2. Ici, ça explose, ça dérape, ça enclenche la nitro à la sortie des virages et ça balance des « punch lines » écrites par un ado de quinze ans gloussant.

Need for speed Payback PC personnages

Un esprit de « rébellion cool », disait le communiqué de presse. Un bon moyen de vendre les t-shirts exclusif AOS aussi.

 

Need for speed Payback PC flics

Les phases de poursuites donnent lieu à des situations intenses.

Viva Las Vegaz

Need for speed Payback PC ville

Quand on arrive en ville.

Fortune Valley est une région rappelant Las Vegas, entourée de déserts, mais aussi de montagnes et de forêt, ce qui offre des possibilités de jeu multiples et variées. Les décors sont superbes et le cycle jour/nuit permet de magnifiques séquences de photo avec fond de soleil couchant. On va retrouver les différents types de courses dans chacun des environnements, tout-terrain dans les plaines, drift et drag en banlieue, vitesse et orientation en pleine nature, échapper aux forces de police en pleine ville, etc. Les sensations de conduites sont très « arcade » et on ne peine pas longtemps à maitriser les techniques, comme savoir quand lancer son dérapage dans les virages pour ne pas faire de tête à queue. Dans chaque région il faut défier les « crews » régnant, maîtres dans leur discipline, en commençant par le larbin moyen, jusqu’à pouvoir affronter le/la chef-fe en duel et acquérir son respect, son soutien contre le Clan et accessoirement les clés de l’une de ses voitures de collection. Enfin ce dernier point c’est si on prend le temps d’aller récupérer les pièces disséminées, via un sympathique jeu de piste. On obtient un bout de carte griffonné qu’il s’agit d’identifier sur le plan général et de repérer l’emplacement grâce à une photographie du lieu.

Need for speed Payback PC épave

Châssis aux trésors

 

Need for speed Payback PC speedcadrs

Chaque carte donne un avantage mécanique (puissance, vitesse, saut, nitro, etc.)

En parallèle aux missions du scénario et la recherche d’épave, Fortune Valley regorge de courses secondaires qui permettent de gagner de l’argent que l’on peut dépenser en voitures ou en pièce détachées. Celles-ci se négocient sous forme de « Speed cards ». On en reçoit régulièrement, mais on peut aussi booster son char en passant par le magasin de tunning. Et qui voilà? Les micro-transactions et les loot boxes! Mais posez vos torches et fourches et gardez vos forces, EA a déjà pris sa volée de bois vert concernant Battlefront 2 (sorti après Payback). Ici absolument rien ne vous pousse à sortir votre (vrai) porte-monnaie, en tout cas dans le mode campagne. En revanche, la difficulté et les mécaniques du jeu rendent les compétences du pilote plutôt secondaires. Entendez-là que si vous n’arrivez pas à remporter une course, passez au garage, claquez tout votre argent en modifications techniques et à vous la première place du podium, sans grand effort. La version deluxe du jeu vous offre d’ailleurs une cagnotte de départ substantielle qui met à l’abri du besoin et octroie un avantage certain, à condition de ne pas craquer pour les aspects esthétiques, comme ce néon rose ou cet aileron démesuré.

Need for speed Payback PC streetcredibility

Street Credibility

Covoiturage

Need for speed Payback PC nitro

La nitro donne de bons effets visuels de vitesse, mais enclenche bizarrement la même fonction, et donc la même accélération, chez les adversaires.

En multi-joueurs, le moteur ronronne un peu moins. Si vous n’alignez pas sur la grille de départ un bolide sous stéroïdes, oubliez même l’idée d’apercevoir la ligne d’arrivée de loin. Donc on optimise. Les réglages que vous aurez faits en solo seront les mêmes qu’en ligne. Il faut alors soit « farmer » ses crédits pour acheter des « speedcartes » ou faire chauffer la carte bancaire. Que ce soit sous forme de carte ou de « cargaisons » (loot boxes aléatoires), votre bécane deviendra rapidement une pompe à fric. Les parties en ligne se jouent à 8 joueurs et se composent d’une série d’épreuves pour lesquelles on peut voter avant de prendre le volant. Le contenu est alors assez minimaliste et plutôt répétitif. Les tracés sont d’ailleurs repris d’épreuves de la campagne. Le mode solo représente donc un intérêt supérieur et le multi ne mérite pas vraiment qu’on y claque ses étrennes. À moins que l’on ait envie d’étaler sa mécanique rutilante et de voir qui a le plus gros moteur. Mais ça ne se fait pas tellement dans le milieu automobile ça, si?

Need for speed Payback PC panneau

Parmi les missions secondaires, ces panneaux particulièrement jouissif à exploser.

On a pas besoin de route

Need for speed Payback PC easter egg

Les petits détails planqués dans les décors.

Si la lecture des paragraphes précédents vous a semblé familière, c’est certainement que vous avez joué à l’un des derniers Forza Horizon. La comparaison arrête d’être hypothétique après la première heure de jeu. Il devient de plus en plus difficile de ne pas faire le rapprochement et s’installe alors l’impression constante de jouer à un sous-produit de la série de Microsoft. Tout est similaire: la gestion de la carte, les différents types d’épreuve, la liberté d’exploration, les radars à flasher le plus vite possible, l’opportunité de défier des pilotes fantômes qui circulent sur la carte et sont calqués sur les performances de vrais joueurs, les choix musicaux par le joueur, le GPS, les messages adressés via la bande FM, le passage d’une zone à l’autre en déverrouillant les courses principales, etc. Payback n’est pas mauvais pour autant, mais c’est assez fou de voir la puissance de cette rigoureuse copie carbone. La grande différence vient alors de la manière de gérer l’ambiance. Là où Forza Horizon fait passer la pilule en ne se prenant pas trop au sérieux, Payback ne parvient pas à se détacher du premier degré juvénile. À vouloir trop jouer la carte de la grandiloquence hollywoodienne, le tout devient pataud et l’on perd en expérience de jeu. Par exemple, lorsqu’au bout d’une course-poursuite haletante il faut emprunter un tremplin, lui-même tracté à pleine vitesse sur une autoroute (!), c’est la cinématique qui se charge de montrer l’envol de la voiture, alors que c’est justement cette apothéose que l’on a envie de jouer. Dommage.

Need for speed Payback PC caméra collision

OUI! Il est possible de désactiver la fameuse « caméra de collision » qui coupait continuellement l’action pour montrer les ennemis valdinguer.

Need for Speed Payback est aux jeux de course ce qu’est un Call of Duty aux FPS: un plaisir coupable auxquels il fait bon céder de temps en temps. Un peu comme écouter du Julien Doré, ou prendre un donut pour le goûter: on sait qu’on ferait mieux de manger une carotte parce que c’est meilleur pour la santé, mais juste pour cette fois ça va. Par contre, dans ce cas-là précis, c’est le donut avec seulement le sucre dessus que vous avez pris, pas celui avec le chocolat.

Note: 5 Beaujolais Gazoline sur 10

Également disponible sur Xbox One et PS4

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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