Sorti le 24 septembre dernier, Tails of Iron est une aventure RPG aux combats extrêmement brutaux. Vous y incarnez un jeune rat, prince de son état, qui doit reconquérir le royaume de son père dans un contexte « shakespearien ». Premier jeu des indépendants de Odd Bug Studio, il a été édité par United Label et CI Games. Aiguisez vos lames et lustrez votre cotte de mailles, on va tailler dans le gras. Déconseillé aux moins de 16 ans.
Le roi des rats
Dans des temps reculés, des hordes de grenouilles envahirent le territoire des rats. La guerre faisait rage, jusqu’à ce qu’un héros dirige une contre-offensive et repousse les batraciens dans leurs marais puants. Le jeune rongeur devint roi et la paix demeura. Lorsque, bien des années plus tard, l’ennemi tenta une nouvelle fois d’attaquer ses terres, le souverain était trop vieux pour mener ses troupes à la victoire. Il commanda alors à l’un de ses fils de prendre la relève et de bouter les envahisseurs hors du royaume. Vous voici donc extrait du petit confort de votre château et projeté dans une aventure épique, violente et semée d’embuches. La narration comme les dialogues de Tails of Iron sont très bien pensés et vous feront ressentir l’ampleur et l’importance de votre quête.
J’me demande si c’est bien nécessaire toute cette violence…
Tails of Iron est un metroidvania en bonne et due forme, avec labyrinthes, zones temporairement inaccessibles, améliorations de l’équipement, des ennemis qui réapparaissent et des adversairissîmes compétents. Le gameplay m’a fait penser à Hollow Knight (Team Cherry, 2017), avec moins de plates-formes et plus de bagarre. La comparaison tient jusqu’au système de sauvegarde identique, à savoir s’assoir sur un banc. Les mécaniques de combat sont complexes, relativement dures à prendre en main, mais vous permettent une grande variété d’action. On a vraiment l’impression tangible que ce qu’on voit à l’écran est lié directement à nos choix et nos réflexes, et c’est très satisfaisant. Les divers antagonistes sont coriaces et les boss représentent un vrai défi. L’affrontement se déroule en plusieurs phases et il vous sera indispensable de maitriser leurs différents paternes pour espérer en venir à bout.
D’emblée, le jeu vous suggère de privilégier la manette au clavier. À moins que vous ne soyez pianiste professionnel, suivez ce conseil… Même avec un pad adapté, Tails of Iron est loin d’être facile. J’ai personnellement joué au niveau de difficulté recommandé par les développeurs, et j’avoue m’être fait tartiner le museau à de nombreuses reprises. Malgré un système de soins ingénieux, votre avatar risque de mourir assez régulièrement. Les décès ne sont pas punitifs en soi, vous avez un nombre de vies illimité. Dans le plus pur style « die and retry », chaque nouvelle portion de niveau vous donnera des sueurs froides. Vous pourrez également vous déplacer d’une bourgade à l’autre en utilisant le voyage rapide, en calèche.
La croisade de Mickey
La direction artistique est impressionnante. Les personnages tout comme les environnements sont magnifiques et fourmillent de détails qui en disent long sur le soin apporté à cet aspect. Les couleurs, les lumières, les éléments de décor en premier plan, tout est beau et harmonieux. Le sound design est immersif et la musique accompagne parfaitement l’ambiance médiévale du titre. Lors de combats contre les boss, vous pourrez même apercevoir les ménestrels et autres troubadours qui jouent le thème en arrière-plan. Le contraste entre le côté tout mignon des gentilles boules de poils et la violence crue du contexte est surprenant, notamment en début de partie. Se balader dans un village en ruine dont les corps de vos sujets jonchent les rues vous marquera durablement. L’horreur a un visage…
Rat de bois, rat de fer…
Ce jeu est dur, vraiment exigeant et sans pitié pour vos nerfs. Certains boss m’ont roulé dessus à tellement de reprises, sans respect aucun pour mon amour propre. Alors peut-être suis-je mauvais, et c’est un point à considérer, mais j’ai tout de même réussi à faire plusieurs sans-fautes durant les deux premières phases du duel. Avant de me faire décalquer jusqu’à ce que mort s’ensuive dans un coin de l’écran pendant la troisième. C’est assez frustrant. Mais quel bonheur quand la bête immonde s’écroule sous vos assauts et que vous l’achevez sans autre forme de procès ! Que de soulagement et d’allégresse ! Ne me regardez pas comme ça, c’est les grenouilles qui ont commencé.
Dépecer certains ennemis vous permettra de remplir votre gourde de soin. En fouillant cadavres et tonneaux, vous découvrirez toutes sortes de ressources (flèches, pièces d’or, fer, etc.) qui vous seront utiles, notamment à la forge et dans les échoppes des marchands. Les armures, casques et boucliers sont classés en trois catégories : léger, moyen et lourds. Plus un équipement est lourd plus il vous ralentit, mais en général il vous protège mieux. Pour ce qui est des armes, il y en a pour tous les goûts. En gens de bien, votre préférence ira sans nul doute aux faucilles et aux marteaux. Si toutefois ce n’était pas le cas, entre les arcs, arbalètes, épées, haches, lances, hallebardes et autres masses vous devriez trouver votre bonheur.
Ratatouille aux noces pourpres
Avec son style à l’ancienne, tant sur le fond que sur la forme, Tails of Iron tape relativement juste. Sans révolutionner le genre 2D, il parvient à tirer son épingle du jeu. Les (légères) inspirations héritées de Dark Souls (FromSoftware, Bandai Namco, 2011) vous feront osciller entre euphorie temporaire et angoisse latente. À la fois magnifique et gore, époustouflant et frustrant, il saura manier la carotte comme le bâton pour vous faire avancer. De plus, l’extension gratuite Bloody Whiskers augmentera significativement le contenu du titre, ainsi que sa difficulté. Je vous conseille donc de vous pencher sur ce jeu, ne serait-ce que pour sa direction artistique à couper le souffle. Soyez toutefois prévenu, vous allez en baver…
8 cuisses de grenouilles/10
Testé sur PC
Disponible sur PS4, PS5, Switch, Xbox One, Xbox Series