Révolution aux tomates [Steelrising]

Steelrising est un jeu d’action-RPG et d’aventure, très inspiré de la trilogie des Souls (From Software). Sorti le 8 septembre dernier, il a été développé par Spiders et édité par Nacon. Cet opus était très attendu puisqu’un studio français s’attaquait à une version alternative de la révolution de 1789. Et si Louis XVI avait tenté de contrecarrer la marche de l’histoire avec une armée d’automates ? Et si Marie-Antoinette s’était rebellée ? Enfin, et s’il n’y avait plus de brioche à Versailles ? Que de questions cruciales sur lesquelles les historiens se déchirent depuis des décennies…

 

Avertissement, ce jeu est relativement gourmand en ressources. Dans un souci de transparence, je dois vous avouer que mon PC manque de mémoire vidéo pour profiter pleinement des performances de Steelrising. Sans être injouables, mes parties ne ressemblaient toutefois pas exactement à l’expérience voulue par les développeurs et que le jeu propose dans des conditions optimales. J’ai donc également regardé quelques let’s play sur YouTube dans le but d’être aussi objectif que possible dans mes appréciations, notamment pour les graphismes. Car après tout à Semper Ludo, l’objectivité c’est notre métier.

 

Après, ça fait des jolies lumières quand même...

« Burn them all » hurlait le roi fou, l’œil hagard et la bave aux lèvres…

Le roi a perdu la tête !

Juin 1789, la révolte gronde. Le peuple, qui en a gros, se soulève contre la monarchie et les privilèges. Dans cette uchronie, la situation pousse le souverain à faire produire quantité d’automates tueurs afin de reprendre la rue aux émeutiers et de se maintenir en place. La reine, exilée à Saint-Cloud, décide d’agir afin de protéger la populace de son tyran de mari. Dans ce « Terminator des lumières » aux relents de répressions des sans-culottes façon gilets jaunes, le salut pourrait venir d’une machine. En effet, vous incarnerez Aegis, une automate féminine et garde du corps de Marie-Antoinette. Ordre vous est donné de gagner la capitale et de rétablir la paix, par la force s’il le faut. Votre périple vous mènera dans des lieux iconiques du Paris du XVIIIe siècle, tels que les Invalides, la Bastille ou Montmartre.

 

Hidalgo démission !!!

Ah Paris, tu es mon astre !!

 

Vous rencontrerez également dans votre quête moult personnages historiques, tels que Marat, Lafayette ou Robespierre. Vos interactions, loin d’être anecdotiques, apportent un vrai plus à l’aventure. L’Histoire alternative permet la mise en avant d’un univers steampunk intriguant et plutôt original. Si le sujet vous intéresse, je ne saurais que trop vous recommander l’excellente vidéo de la chaîne Nota Bene sur Steelrising. Le vidéaste a eu l’occasion d’interviewer les membres de l’équipe de Spiders au sujet de leurs inspirations, qui sont moins fantasques que l’on pourrait le croire.

 

Le cheval automatique est de toute beauté...

Un carrosse mécanisé vous permet de naviguer d’un niveau à l’autre

De la belle mécanique

Steelrising vous propose quatre classes pour votre avatar, au gameplay assez différent. La garde du corps est assez lente et bourrine, avec son énorme marteau. La soldate dispose d’une arquebuse permettant des attaques à distance. La danseuse est à la fois gracieuse et rapide, combattant avec des éventails. L’alchimiste quant à elle utilise des sorts magiques. Votre palette d’actions est constituée d’une attaque rapide, une attaque lourde, un coup spécial, une attaque furtive, du saut, de l’esquive et l’utilisation d’objets (grenades, potions,…). Au cours de vos pérégrinations, vous pourrez débloquer de nouvelles aptitudes, notamment le dash et le grappin. Ces dernières vous permettront d’atteindre des zones jusque là inaccessibles. L’idée est bonne, car vous pourrez explorer la verticalité des niveaux, toutefois le grappin ne peut être utilisé que sur des zones précises. Une jauge de refroidissement fait office d’endurance qui, une fois à zéro, vous oblige à attendre pour pouvoir attaquer ou esquiver.

 

De la mécanique de précision on vous dit !

Les vestales servent de checkpoints, comme les feux de camp dans les Souls. Ils vous permettent également d’améliorer votre avatar.

Trop bien huilée ?

Steelrising n’est pas un open-world, mais un jeu à couloirs assez cloisonnés, un peu labyrinthiques disposant de murs invisibles. Les niveaux sont assez linéaires et n’offrent pas une grande re jouabilité. Pour un Souls like, je m’attendais à plus de difficulté. Le bestiaire n’est ni très fourni, ni très résistant et j’avoue avoir été un peu déçu des boss. Sans spoiler, je dirais qu’ils manquent à la fois de puissance et de charisme ce qui est bien dommage. Si leurs designs sont intéressants, ça ne va malheureusement pas plus loin. Malgré tout, basé sur le timing, le gameplay est suffisamment dynamique pour qu’on ne s’ennuie pas, même si certaines phases ressemblent à une foire d’empoigne digne d’un beat’em up. Vous pourrez également augmenter les stats d’Aegis, débusquer armes et équipements afin de vous créer un build personnalisé.

 

En fait vous échangez des âmes, mais ça reste du capitalisme.

Vous pouvez booster vos stats, améliorer vos armes et votre équipement. Moyennant finance évidemment.

La révolution, c’est beau !

La direction artistique est impressionnante. Pour les décors, les développeurs ont fait le choix d’un Paris presque toujours plongé dans l’obscurité, gothique à souhait et beaucoup plus axé sur les besoins du gameplay que sur le réalisme historique. Ses quartiers sont relativement déserts, les gueux se cachant face à la terreur monarchique. Si certains graphismes manquent un peu de finesse, par exemple certaines textures qui donnent l’impression de dégouliner, cela n’a en rien affecté mon émerveillement. Les effets de lumière sont remarquables et participent à l’immersion dans l’histoire. Les automates sont très réussis et les mouvements d’Aegis lui donnent des airs de croisement entre une super-héroïne et une poupée désarticulée. Pour les PNJ humains, c’est très personnel, mais j’ai parfois eu l’impression d’être en ballade dans la vallée dérangeante. Toutefois, cela peut être un parti pris, pour démontrer que certains humains n’ont pas plus d’âme que les automates.

 

Ce jardin royal est beaucoup trop petit pour nous deux...

Ambiance western bucolique dans les jardins de Saint-Cloud…

 

Concernant la bande originale, je la trouve bonne sans être exceptionnelle. Elle colle parfaitement à l’ambiance sans pour autant m’avoir marqué de manière indélébile. Le Sound design est également très correct. La seule ombre au tableau est selon moi les voix des doubleurs, ou plutôt leurs accents. J’ai vraiment du mal avec des personnages historiques francophones qui conversent entre eux en anglais tout en prononçant les noms propres à la française avec un accent improbable. Bien que ce défaut puisse paraître minime, je suis probablement passé à côté du drame dans certaines scènes cinématiques, trop occupé à rire cyniquement du franglais à l’audio. Mais de manière générale, la direction artistique est le principal atout du jeu selon moi.

 

Petit côté apocalyptique...

St-Honoré by night

Le roi aime l’or, vive le roi

Pour peu que vous appréciiez les uchronies, les jeux nerveux et jolis, vous serez probablement séduit. Toutefois, si vous n’aimez que les très gros jeux, longs, complexes et cryptiques, vous risquez de ne pas y trouver ce que vous cherchez. Comptez une dizaine d’heures pour terminer l’aventure. L’originalité de son concept et sa direction artistique en font néanmoins une expérience intéressante et j’ai trouvé ses menus défauts tout à fait acceptables. Notons enfin que le DLC « Cagliostro’s Secrets », inclut dans l’édition Bastille (coutant 10.- de plus) est sorti le 10 novembre dernier. Assurez-vous tout de même de disposer d’une machine aux ressources suffisantes pour en profiter pleinement.

7 automates insoumis/10

Testé sur PC, disponible sur PS5 et Xbox series

 

http://https://www.youtube.com/watch?v=DlZwlT08mf0

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *