La garde est née et n’est pas près de se rendre. [Overwatch, PC]

Le dernier jeu des studios Blizzard n’est issu d’aucune de leurs licences préexistantes. Ceci est aussi courant qu’un hiver sans neige à La Tchaux*.

On a peu l’habitude de retrouver Blizzard sur consoles et voilà qu’Overwatch débarque sur PC, Xbox One et PS4. Pourtant vous rappelez-vous de Lost Viking ou Rock ‘n Roll Racing sur Super Nintendo? Mais aujourd’hui le but est de faire feu de tout bois, de quitter le côté élitiste de Starcraft 2 ou de World of Warcraft (chacun dans son genre…) pour toucher un public maximum, d’installer une forme d’omniprésence dans les chaumières et de s’imposer comme LA référence en matière de jeu vidéo compétitif. Pour cela, Blizzard a usé de deux outils en forme de massues à deux mains +20 en imposition du respect dans tes dents: un gameplay efficace et une campagne marketing des plus percutantes.

Overwatch heroes storm

Auto-promo et fan service.

Garde-à-vous

Overwatch Séléction héros

T’as vu mes gros calibres?

Commençons donc par la partie la plus stimulante, le principe est simple: 21 héros, 12 cartes, 4 modes de jeu et c’est parti pour une joyeuse castagne en 6 contre 6 (donc exclusivement multijoueur, pas de campagne solo). Ce jeu de tir à la première personne croisé avec un MOBA (Multiplayer Online Battle Arena) rappelle clairement Team Fortress 2. La large palette de personnages à choix y étant certainement pour beaucoup. Chacun dispose de compétences et armes propres, permettant à Pharah de voler dans les airs en tirant des roquettes, à Tracer de se téléporter, coller une vicieuse bombe dans le dos de l’ennemi avant de revenir dans le temps pour s’éloigner de la déflagration ou encore à Bastion de se poser dans un coin en mode tourelle et de gentiment attendre que les pauvres joueurs adverses défilent dans son viseur (maudit sois-tu Bastion). Ce ne sont là que trois exemples, mais chaque personnage est vraiment unique en son genre et une équipe équilibrée saura jongler entre ces différentes compétences. Le gameplay en est aussi forcément influencé. Passer d’un héros à l’autre ne demande que peu de temps d’adaptation, ce qui permet de se frotter rapidement à tous les choix possibles. Bien entendu, chaque joueur fini par définir ses favoris et aura tendance à écarter les autres. Un système de récompense demandant de tester un maximum de combinaison différentes encourage pourtant à la diversité de rotation. L’équilibrage est pour le moment assez judicieux, mais on sent bien qu’un patch pourrait ne pas tarder pour modifier quelques éléments (Je vous ai parlé du mode tourelle complétement pété de Bastion? Oui? ah bien alors).

Lady Gagarde

Overwatch PC récompenses

Ma chériiiiie, tu es magnifaïque!!

Les récompenses, parlons-en également. Elles sont uniquement esthétiques et se débloquent aléatoirement à chaque passage de niveau en ouvrant des coffres (coucou Hearthstone). On peut également les acheter avec la monnaie gagnée en jouant, ou en faisant valser la carte de crédit pour acheter des coffres. Attention, l’un de ces deux modes d’achats est destiné à une catégorie de pigeons. Nous vous faisons intégralement confiance pour identifier laquelle. Mais avant de crier au scandale de ce manque de loot ou d’achats d’objets en jeu, rasseyez-vous donc et lâchez cette fourche, vous allez blesser quelqu’un. Une fois cette variable « récompenses » retirée de l’équation, le jeu prend une toute autre saveur. On ne joue plus pour gagner un flingue plus puissant, une récupération de sort plus rapide ou une armure plus forte, on joue pour le plaisir du jeu! Au delà de la belle phrase pleine de bons sentiments mielleux, Overwatch fait partie de ces jeux où il fait bon perdre. Même quand une partie se passe mal, on reste content d’y avoir consacré cette dizaine de minutes. Bye-bye la course à l’armement du stuff, bonjour le plaisir de la mise à l’épreuve. Pour le moment, les objectifs de partie se limitent à de la conquête et défense de territoire et on sent que les joueurs prennent gentiment leurs marques. Les parties se suivent mais ne se ressemblent (presque) pas. Certaines compositions d’équipe et stratégies commencent à émerger, mais pour le moment on assiste encore peu à de grands moments de collaborations épiques qui feront hurler « WOOOOOOOHH » aux foules qui assisteront aux futurs matchs e-sportifs.

Overwatch PC Tourelle

Torbjörn, le nain suédois, peut poser des tourelles et les réparer en tapant dessus avec un marteau. Toute ressemblance avec Team Fortess 2 ne serait que fortuite.

Corps de garde

Overwatch PC Conquète

Je me glisse derrière les lignes ennemis, je capture le point et…

Blizzard ne cache pas sa volonté de poser Overwatch sur la table du jeu vidéo compétitif comme un texan y poserait ses « cojones » pour acheter un puits de pétrole.  Pour le moment, l’option « match classé » est grisé et l’on devine facilement une période d’évaluation et d’équilibrage se terminer par son activation. Il est encore trop tôt pour dire si la sauce prendra à ce niveau là, mais elle a déjà bon goût au registre de la réunion amicale. Vous trouvez que nous vous ressortons cet argument trop souvent entre Battlefront ou The Division, par exemple? Figurez-vous que j’ai justement voulu vérifier la présence ou non de cet effet et rejoignant seul une partie lambda, je ne me suis pas ennuyé pour autant. Bien sûr les moqueries de mes camarades me manquaient, mais les personnages sont si bien définis que chacun sait automatiquement quel est son rôle. La communication minimum suffit alors.

Overwatch PC Conquète 2

… et ça n’a pas plu.

Jusqu’à la garde

Overwatch PC Zarya

Zarya, princesse guerrière (russe). Les héros viennent des quatre coins de la planète.

Mais revenons-en aux outils déployés par Blizzard pour le lancement de leur poulain. Vous pensiez que j’avais oublié ce deuxième point, non? Difficile de le louper pourtant vu sa taille colossale. Depuis plus d’une année, le studio américain place habilement ses pions sur l’échiquier du marketing. En diffusant petit à petit un tas d’informations, comme le nom des personnages ou leurs origines et en faisant appel à de nombreux supports comme la bande dessinée ou les courts-métrages d’animation, Blizzard a su creuser les fondations d’un univers et de sa mythologie. Voilà comment fidéliser toute une communauté sans même qu’elle ne s’en rende compte, ni qu’elle n’ait mis les mains sur le jeu. À tel point qu’à la sortie du jeu, c’est comme s’il avait été « toujours » là. Les fans absolus connaissent d’ailleurs les techniques et coups spéciaux de chaque héros bien avant la sortie et les suppositions fumeuses allaient déjà bon train sur les forums. Rarement une campagne marketing n’aura été aussi précise, efficace et bien pensée (du moins auprès de la communauté acharnée et/ou pour autant qu’on soit attentif aux réseaux sociaux, annonces Youtube et autres interpellations via Battlenet). Le principe est autant détestable que brillant. Le style visuel du jeu proche des films d’animations actuels permet d’ailleurs d’exporter facilement le concept sous d’autres formats et de pas souffrir d’une mauvaise image d’adaptation. Pas besoin de tourner une publicité avec de vrais acteurs costumés, puisque le moteur du jeu permet de l’action fluide. L’histoire n’est donc jamais vraiment expliquée dans le jeu et tout l’aspect narratif se décline autour de lui. Cela étant dit, soyons honnêtes entre vous et moi, maintenant qu’on se connaît bien, l’histoire dans Overwatch on s’en bat les steaks. Les personnages ont effectivement de quoi être attachants si on se donne la peine d’aller regarder les courts-métrages, mais en jeu ceux-ci sont plutôt cantonnés à une fonction (tank, sniper, soin, dégâts, etc.) qu’à une personnalité. De plus, le principe d’opposition entre deux escouades et la possibilité qu’elles contiennent plusieurs fois le même personnage, rendent toute tentative de narration caduque. Franchement, vous saviez qu’il y a toute une histoire derrière les affrontements de League of Legends? Non? Normal, tout le monde s’en fout (à part quelques puristes, respect à eux).

Overwatch PC fin de partie

Les fins de partie permettent de voter pour le joueur le plus méritant. Pour l’instant on a aucune idée d’à quoi ça peut bien servir.

Garde à vue

Overwatch PC Soins

Alignez des cibles n’est pas votre truc? Optez pour un rôle de healer!

Cette inventivité dans le gameplay et une prise en main rapide permettent à tout un chacun, du casual au hardcore gamer, d’y trouver son compte aisément. Même moi qui ne suis pas parmi les joueurs les plus talentueux, j’ai mes moments de gloire au sein de notre team, les « Fringants Fragers » (nom en cours d’évaluation). La qualité est visiblement au rendez-vous. Overwatch est rapide et prenant, nous y avons passé quasiment toutes nos dernières soirées, mais qu’en sera-t-il concernant sa durée de vie? Blizzard est expert dans l’art de faire tenir ses jeux pendant une décennie (comme avec World of Warcraft, par exemple). Il leur faudra tout de même agrémenter continuellement le panel de nouveau héros, de nouvelles cartes, voire de modes de jeu afin de parer une forme de monotonie qui pourrait s’installer au fil du temps. Dans l’état actuel on s’y éclate et soit vous l’avez déjà acheté, soit vous pouvez y aller franco.

Overwatch PC boutique

Longtemps supposé sortir en free-to-play avec des personnages payants, il n’en est finalement rien car le jeu coûte 40 CHF (sur console vous serez obligé de prendre l’édition Origins qui ne sert à rien à 60.-) et contient tout le contenu disponible actuellement. Mais on se rattrape sur la boutique de coffres.

*Toi qui lit ces lignes et qui ne vient pas de Neuchâtel, ni même de la Suisse, ça nous fait très plaisir de te voir et sache que « La Tchaux » désigne « La Chaux de Fonds », endroit où il fait beau, mais froid, mais beau.

Note: 9 tours de garde sur 10

Jeu également disponible sur PS4 et Xbox One.

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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