La règle de trois [The Division, PC]

Notre monde est foutu, bouffé par le capitalisme et la médiocrité qui s’exprime plus par les possessions que par les prises de position, où l’altruisme n’a pas sa place, où la misanthropie semble être le meilleur refuge pour échapper au douloureux effort de réflexion sur la condition humaine. Foutu, foutu… No Future. Oula, j’ai peut être passé un peu trop de temps isolé dans les plaines écossaises, avec des moutons comme seuls compagnons pendant ces vacances. Bon, il me faut rejoindre un groupe d’intellectuels pour remettre un peu d’idéaux dans ces réflexions et débattre de manière civilisée et constructive… Ou alors expliquer le commerce libéral à ces sales racailles, à grand renfort de rafales de M60 dans les dents.

The Division rue PC

New York n’aura jamais été aussi calme. Les changements de météo modifient aussi fortement l’ambiance globale.

Ah ce bon vieux Tom. Ou Tommy, ou Oncle Tom, ou ToTo, comme j’avais l’habitude de l’appeler quand nous buvions un scotch au Country Club de Pebble Beach. Je parle bien évidemment de Tom Clancy, l’auteur le plus parano des États-Unis, adepte du complot militaro-industriel et des interventions musclées. Ses bouquins ont été adaptés dans les jeux Rainbow Six ou Splinter Cell. Certaines rumeurs affirment d’ailleurs qu’il aurait simulé sa mort après la sortie du dernier Splinter Cell. C’est dommage parce qu’il a raté un bon Rainbow Six: Siege et il ne pourra pas lire mon test de The Division. Car oui, TomTom a passé l’arme à gauche en 2013, ce qui est particulier pour un type qui en mettait partout, des armes. C’est donc autour d’une histoire de son cru que se développe le dernier né d’Ubisoft. Pour la faire courte, un petit malin décide que le capitalisme c’est mal et qu’il faut y mettre un terme. Quelle meilleure occasion alors que le fameux « black friday », ce jour béni où les masses américaines se ruent dans les magasins pour profiter de soldes défiant toutes concurrences? Et comble de l’ironie, c’est en empoisonnant les billets de banque que notre lascar veut faire passer son message: périssez par là où vous péchez. La ville de New York est alors évacuée, ou plutôt les gens qui n’ont pas succombé au virus le sont. De vils gredins profitent alors de l’occasion pour se mettre à piller les magasins ou pour se proclamer chef de quartier. Vu que ça fait quand même un peu désordre, l’Oncle Sam (aucun lien de parenté avec l’Oncle Tom) fait appel à des agents dormants grâce à une montre qui clignote à leur poignet. Ça déjà c’est cool parce que ça rappelle le rassemblement du M.A.S.K.

In loot we trust

Division ailes à dévérouiller

Au début, les missions ont surtout pour but d’améliorer la base en trouvant des points correspondant à 3 ailes: médicale, technologique et sécurité.

Juste le temps de choisir la dégaine, le genre et les cicatrices de son perso et hop on se retrouve dans un camp de réfugiés aux abords de New York. The Division se joue à la troisième personne et nous envoie remplir différentes missions pour ramener un peu d’ordre dans la ville, que ce soit aller chercher des médicaments, enquêter sur le virus, défaire un gang, empêcher un trafic d’armes ou retrouver des infos sur des agents disparus. Les quêtes principales sont plus scénarisées et proposent des situations d’affrontement plus complexes. Tout l’intérêt du jeu réside surtout dans la collaboration. The Division se veut un MMO pas massivement multijoueur. Techniquement ça ne laisse guère de place qu’au « O », mais dans le fond c’est surtout que les autres joueurs n’apparaissent que dans les zones de planque. Pour le reste du temps, on peut monter des escouades de quatre pour se lancer à l’assaut des missions. Comme dans tout MMO qui se respecte, il va falloir tirer beaucoup de fois sur une cible pour l’abattre, un tir à la tête ne suffira pas si votre arme n’est pas assez puissante et comme dans tout MMO, on ne jure que par le loot. C’est une vraie course à l’armement et surtout au gilet tendance, ou à ce petit bonnet de marin qui vous donnera l’air d’un docker et saura préserver l’écrin de virilité accueillant cette sensibilité qui fait de vous un honnête patriote. Que ce soit dit et redit: jouer à The Division seul est aussi passionnant qu’un match de cricket commenté en hindi quand on ne connaît pas les règles. Pour profiter du jeu, misez immanquablement sur vos potes© (amis vendus séparément).

Division map PC

New York. On peut s’y balader presque partout, voire entrer dans de nombreux bâtiments. Pensez à désactiver le GPS et apprenez à vous orienter dans la ville pour plus d’immersion.

Division PC couverture

Le système de couverture est vraiment efficace et dynamique. Indiquez l’endroit que vous voulez atteindre, maintenez la touche et votre agent empruntera automatiquement le chemin le plus court.

 Apocapitalism now

Division PC produit dérivés

Produi-nception

Je me rappelle qu’un sage en dessin animé avait reproché au méchant du dernier Splinter Cell de manquer de crédibilité, puisqu’on avait plutôt tendance à être d’accord avec celui-ci et donc difficile de s’y opposer. Force est de constater que le phénomène se répète cette fois-ci. Ce n’est pas que l’idée de voir les gens qui se ruent dans les magasins lors du black friday mourir me réjouisse, mais quand même un petit peu. Je ne suis pas sûr de la façon dont le jeu traite ce message finalement. Est-ce que c’est sensé nous faire réfléchir sur notre sur-consommation? Comment montrer l’absurdité d’un comportement quand on y participe soit-même? Allez quoi, reconnaissez quand même qu’en poussant à la précommande de ses jeux un éditeur cherche le même effet. D’ailleurs parlons-en: On vous l’a dit et répété. Mais si, on vous l’a dit: la précommande c’est mal. Et en l’occurrence ça se vérifie une fois de plus. A peine un mois après la sortie du jeu, Ubisoft sortait une première mise à jour gratuite ajoutant du contenu qui aurait clairement du y figurer à la base. Ah mais vous n’auriez pas eu ce joli costume orange si vous n’aviez pas acheté le jeu avant le jour-j. Donc un type qui décide d’utiliser l’argent pour dire aux gens d’arrêter de le claquer comme des moutons mou du bulbe, c’est un peu hardcore (j’avoue), mais l’intention est pas complètement à côté de la plaque, non?

J’aurais vouluuuuuu…

Division soleil PC

On peut râler sur le fait que le jeu est moins beau que ce qui était annoncé (oh surprise), mais on peut aussi s’en balek et se concentrer sur la qualité du jeu.

Une fois le niveau 30 maximum atteint, c’est vers la Dark Zone qu’on se tourne. Une sorte de no-man’s land au coeur de la ville, livrée à elle même et où il sera possible d’affronter d’autres joueurs. Ce qui avait la tête d’arène PvP est plus devenu une sorte de grande chasse aux oeufs de Pâques. Le loot et toujours le loot. Attaquer un autre joueur fait de vous un renégat et tous les autres joueurs voudront votre tête pour empocher la jolie récompense qui pèsera sur votre tête. Autrement dit, se la jouer mauvais garçon n’est pas encouragé, l’Oncle Sam n’apprécierait pas. La DZ, comme on l’appelle dans le milieu, n’est pas accessible à tous en même temps. Si vos coéquipiers ont un niveau supérieur au vôtre, vous ne vous retrouverez pas dans la même zone. Attention à ne pas laisser l’écart se creuser entre vous. D’ailleurs l’arrivée d’Overwatch a déjà éloigné la plupart de mes potes© de la Grande Pomme. Pourtant la DZ représente probablement la partie la plus excitante du jeu. Je ne résiste pas à l’envie de vous raconter une anecdote: en rejoignant une partie en cours, je devais attendre que les autres terminent leur incursion dans la Dark Zone. Je les entendais alors flipper en voyant leurs munitions restantes, craignant une attaque en attendant de pouvoir extraire leur précieux loot. La tension était palpable dans leurs voix et je ne pouvais rien faire pour les aider, l’accès à leur zone m’étant alors refusé. C’est à ce moment que je me suis dit que dans The Division j’aurais voulu pouvoir lancer une opération de secours vers le centre de la DZ, depuis un hélicoptère suite à un message de détresse qu’on aurait intercepté. J’aurais voulu avoir des missions moins répétitives, un scénario plus solide, des classes de personnages plus éclectiques pour pouvoir constituer des escouades complémentaires. J’aurais voulu pouvoir faire de la reconnaissance en grimpant dans les buildings, des ennemis plus variés, ainsi que des armes plus diversifiées, un gameplay plus proche des possibilités que nous avaient vantées les premières vidéo de présentation du jeu. J’aurais voulu que The Division soit plus complet.

division PC niveau 30

Voilà, ça c’est fait.

Division PC impact de balles

Donc l’impact des balles reste, c’est bien vu.

Pourtant on a passé de bons moments et je pense qu’on en passera d’autres encore. The Division n’est pas un mauvais jeu et il reste plus fun qu’un Destiny (auquel il fait beaucoup pensé) et plus intéressant qu’un Star Wars Battlefront (qui profitait du même effet potes©). Mais nul doute qu’il faudra surveiller de près les prochaines additions de DLC pour profiter pleinement de l’expérience. Faites le calcul.

Division PC daredevil Hell's kitchen

Quelqu’un a le numéro de Daredevil?

Note: 7 Empire State of Mind sur 10.

Jeu également disponible sur Xbox One et PS4.

Stoppez les rotatives! La mise à jour Conflit est là.

Un communiqué de presse d’Ubisoft nous est parvenu il y a deux jours, annonçant notamment l’ajout de fonctions intéressantes, comme le fait de pouvoir saboter les extractions d’autres joueurs dans la Dark Zone, au risque de devenir renégat, des nouveaux kits de personnages permettant de spécialisé un peu plus son personnage, mais aussi de nouveaux types de missions de traques, etc. Des choses qui ont l’air donc intéressantes et pourraient maintenir l’intérêt du jeu. C’est gratuit mais je me risque quand même à dire que tout ça aurait pu être intégrer dès le départ.

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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