Once upon a time in Woodstock [A Musical Story]

Sorti le 4 mars 2022, A Musical Story est un jeu de rythme à l’ambiance 70’s. Premier opus des indépendants de Glee-Cheese Studio, il a été édité par Digerati. Vous y incarnerez tour à tour les membres d’un groupe de rock alternatif en route pour la gloire, symbolisée ici par la participation à un fameux festival. Très ancrée dans la contre-culture, cette aventure décousue vous plongera dans des séquences d’action purement sensorielles. Lesquelles vous permettront de vous connecter à la « mémoire musicale » d’un des membres du groupe en fâcheuse posture. Musique, road trip, bières, drogues et introspections; attachez vos ceintures, on décolle tout de suite.

 

on the road again

Born to be wild…

« Rock Gonzo » A Musical Story

Les années septante aux États-Unis, c’est la décennie de la déception. Guerre du Vietnam au plus bas de sa popularité, scandale du Watergate, Apartheid encore bien présent dans bon nombre d’états du sud et j’en passe, la vague optimiste de l’utopie hippie semble bien avoir opéré un reflux inéluctable. Toutefois, cette période à l’horizon sombre aura vu émerger des courants artistiques qui feront office de révolution. Du nouvel Hollywood pour le cinéma à l’apparition du jeu vidéo, en passant évidemment par la musique, la créativité était foisonnante. Le Rock’n’roll et la pop sont en plein essor, et on assiste à la naissance du métal, du hip-hop et du punk, entre autres. Les mœurs évoluent, les manifestations pour la paix se multiplient et de grands festivals musicaux symbolisent cette tendance à la prise de conscience fraternelle.

 

A Musical Story if you're going, to San Franciscoooo

The Passenger…

 

C’est dans ce contexte que se forme votre groupe. Le tutoriel prend la forme d’une répétition, probablement dans le garage de vos parents. La narration de A Musical Story est cryptique. Peut-être pas au niveau d’un jeu de From Software (Dark souls, Bloodborne, Elden Rings,…), mais le scénario ne se dévoilera que par bribes lors des cinématiques qui rythment les fins de chapitres. Parfois sujets à interprétation, ces intermèdes vous permettront d’explorer la mémoire de Gabriel et de comprendre pourquoi ses rêves de reconnaissance artistique l’ont conduit dans un lit de réanimation. Oscillant entre onirisme symbolique et réalisme tragique, ces saynètes sont très bien réalisées et leur animation n’est pas sans rappeler certains clips de Pink Floyd. Déconseillé aux moins de 17 ans.

 

A Musical Story hey joe ?

Purple Haze…

Blood FoxHound Gang Gang A Musical Story

Le gameplay est le gros atout du jeu. Bien que n’étant, comme plus ou moins tous les jeux musicaux, qu’un QTE assez basique, je ne l’ai jamais vécu comme tel. Pour faire simple, vous devrez reproduire une boucle musicale après l’avoir entendu, avec chaque instrument du groupe. Vous vous échinerez donc successivement sur la batterie, la basse et le synthétiseur, du moins dans un premier temps. Si vous réussissez du premier coup, vous gagnez une étoile (oui, comme à l’école enfantine…) et dans le cas contraire, absolument rien de punitif. La mélodie ne s’interrompt pas. Vous pouvez réessayer à volonté et de plus en plus d’aides visuelles apparaissent au fur et à mesure de vos échecs successifs. Ce n’est (presque) jamais frustrant et ça nous apprend. la règle de base de ce jeu : tout est dans le rythme. Certains chapitres se passent littéralement mieux les yeux fermés.

 

A Musical Story c'est la schtroumpfonie en Ut

Rock’n’rolla

 

Le jeu vous fera pianoter les gâchettes gauches et droites, parfois les deux en même temps. Lorsque le symbole est doublé, vous devrez tenir la note. Bien que simpliste, ce gameplay vous tiendra tête à moult reprises. Il faut vraiment être en phase avec le son, le port du casque étant d’ailleurs recommandé. Lorsque vous avez respecté la partition à la note près, vous passez à l’instrument suivant. Une fois que vous avez réussi avec tous les musiciens, vous voyez la cinématique, le jeu sauvegarde et vous passez au chapitre suivant. Toutefois si vous quittez un morceau en cours, vous devrez recommencer la séquence complète depuis le début. Tout s’enchaîne avec fluidité et les transitions participent beaucoup à l’intensité du titre.

 

A Musical Story le chant du gros

Hors Tribu

La Quinte juste…

Les graphismes sont très propres et les images peintes à la main apportent un vrai plus à l’ambiance, rappelant même certaines couvertures de vinyls de l’époque. De manière générale, les visuels accompagnent très bien le cœur du jeu : sa musique. De sons évoquant Jimi Hendrix et Jefferson Airplane à ceux rappelant directement Deep Purple ou les Doors, on navigue en plein imaginaire rock au sens le plus libertaire du terme. On passe d’un style musical à l’autre tout en décryptant les aventures rocambolesques de nos protagonistes. C’est assez dur de vous faire ressentir ça à l’écrit, dites-vous juste que la musique est extrêmement bien intégrée à chaque rouage du jeu et en est le vrai moteur.

 

A Musical Story Dirty Old Town

Detroit Rock City

Que ma joie demeure

Je ne suis pas un grand amateur de jeux musicaux. Les QTE ont tendance à me fatiguer et, si j’ai pu m’amuser lors de soirées chez des amis sur Guitar Hero. (RedOctane, Harmonix Music Systems, Neversoft, 2005), je finis par me lasser rapidement. Soit le côté arcade les rend trop basiques, tel un Press X to not die (All Seeing Eye Games, 2017), soit il s’agit de simulations trop pointues pour mes connaissances en solfège et mes cours de flûte à bec en 3ème. Néanmoins, j’ai été positivement charmé par ce titre. Une narration alambiquée, une direction artistique soignée, un vrai concept auquel on se tient et un gameplay en accord avec tout ça, et on passe un bon moment ! L’ambiance est particulièrement immersive et le contexte très bien choisi.

 

A Musical Story Voodoo Chill

Gimme Shelter

 

Concernant les défauts, A Musical Story est court, presque trop. Bien que très peu doué, j’ai terminé l’histoire en moins de quatre heures (sans avoir obtenu toutes les étoiles, faut pas déconner). Ce jeu aborde également des thématiques compliquées, par exemple la drogue. Traitant ce sujet avec une naïveté presque touchante, on frôle la caricature. J’imagine qu’un jeu musical, même avec une limite d’âge, ne pouvait se permettre la moindre ambiguïté sur la question, mais j’ai tout de même trouvé ça trop simpliste. Ces deux points n’ayant en rien affecté mon plaisir de jeu, je vous recommande chaudement de vous pencher sur ce titre, surtout si vous le trouvez en solde.

8 disques de platine/10

Testé sur PC

disponible sur Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox Series, Mac OS, IOS, Android

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

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