Lune de miel sur Zegema Beach [Star Dynasties]

Dans un avenir fort lointain et dans une galaxie étonnement proche, vous commanderez une faction spatiale en relation tendue avec ses voisins pour la domination universelle. N’étant pas éternel, vous devrez perpétuer votre lignée afin de vous succéder. Vous incarnerez alors vos héritiers dans cette quête de pouvoir intergénérationnelle. En accès anticipé depuis le 16 mars, Star Dynasties est la première réalisation des développeurs Pawley Games et est édité par Iceberg Interactive. RPG, gestion et stratégie complexe sont au programme. Introduction à celui que l’on surnomme parfois « le Crusader Kings de l’espace ».

 

Sci-Facts

Pour le contexte, les humains ont commencé a coloniser l’espace lorsque la Terre, centre du pouvoir politique, a explosé. Le jeu débute mille ans plus tard et vous incarnez un duc (ou une duchesse), autocrate de son état et dirigeant d’une portion de la galaxie. Sans pouvoir central, les différentes factions rivalisent de fourberies. Star Dynasties semble très inspiré de la saga littéraire Dune. En effet, dans les romans de Frank Herbert, une galaxie fonctionne selon un système politique féodal avec, entre autres, ducs et barons. Luttes de pouvoir, trahisons et nobles héros se côtoient autour d’affrontements pour le contrôle de planètes. La direction artistique de l’adaptation de David Lynch semble également avoir été une source d’inspiration, notamment pour les costumes. Ici pas d’aliens, pas de robots, seulement des humains avec des défauts très humains. Un Space Soap Opera ?

La carte se génère de manière procédurale

La carte se génère de manière procédurale

Pas très sexy, ces jeux textuels

Petit avertissement, le jeu n’est disponible qu’en anglais, du moins pour l’instant. Pas un anglais trop technique plein de noms imprononçables, comme on pourrait le redouter dans un univers de science-fiction. Non. Le problème vient plutôt du fait que Star Dynasties n’est QUE texte. Des tractations diplomatiques aux événements aléatoires jusqu’aux combats, tout est désespérément statique. Aucune animation, pas même une cinématique pour se rincer l’œil ! Uniquement des kilomètres de texte et des images fixes. Si la direction artistique rétrofuturiste est réussie, le jeu pèche clairement par son manque de dynamisme. De plus, les menus, pas toujours ergonomiques, sont contre-intuitifs (ou alors je suis incapable, ce qui est aussi possible). La carte de la galaxie sera votre seule autre interface dans cet infini immobile. On est ici relativement proche d’un livre dont vous êtes le héros ou d’un jeu de rôle papier en termes de gameplay.

Une bataille trépidante

Une bataille trépidante

Moi je suis le duc, ou alors le grand-duc…

Dans ce jeu au tour par tour, les personnages occupent le premier plan. Votre avatar est entièrement personnalisable, tant physiquement qu’au niveau de ses qualités et ses défauts (qui devront toutefois être équilibrés). Les stats de vos héritiers, tout comme celles des PNJ, seront aléatoires. Chaque personnage a ses secrets qui, une fois appris, vous octroieront des options stratégiques et une meilleure vision d’ensemble. Des alliances cachées aux fêlures internes des maisons voisines, chaque détail pourrait se révéler décisif. Le jeu reposant notamment sur un système de réputation, chaque action ou réaction engendre des conséquences. Mais le plus grand intérêt de Star Dynasties réside selon moi dans les choix moraux que vous serez menés à faire, souvent dans des contextes troubles, voire de crise. C’est ainsi qu’on voit de quel bois un dictateur spatial est fait !

L'homme le plus classe du monde

L’homme le plus classe du monde

Le nerd de la guerre

Chacune de vos décisions nécessite des points d’action et/ou de l’or. Vous recevez ces ressources au début de chaque tour en fonction des systèmes que vous contrôlez, d’actions effectuées ou d’événements aléatoires. Vous devez gérer ces trésors avec clairvoyance, puisqu’ils conditionnent vos possibilités d’entreprises audacieuses et de réactions désespérées. Imaginons que, juste après les funérailles de votre père qui ont presque vidé les caisses publiques, vous accouchiez. Vous vous devez donc d’employer vos derniers deniers pour un banquet en l’honneur de l’héritier, il en va de votre réputation. Puis tout s’enchaîne, un tournoi est organisé à la hâte, et votre grand-père, héros galactique et figure la plus honorable du duché, meurt lors d’un duel. Plus d’or pour l’inhumation, vous devenez la risée de la galaxie et les emmerdements commencent (true story).

La famille c'est important à Levallois

La famille c’est important à Levallois

Le guide du reproducteur intergalactique ?

Côté gestion, vous n’intervenez jamais directement dans la politique locale de votre duché. Vous nommez des dignitaires, engagez des discussions protocolaires, bâtissez des flottes, déclarez des guerres, exilez des rebelles, exécutez les traîtres, ce genre de choses… Vous êtes le guide suprême qui indique la direction et votre administration fait le reste. Concrètement, la plus grosse partie de votre travail consiste à cadrer et faire grandir votre famille, tant en nombre qu’en prestige et en influence. Vous arrangez les mariages et veillez à exploiter les qualités de votre entourage pour les placer à des postes clés. Vous serez amené à former un conseil avec vos proches. De plus, la plupart des projets d’ampleur nécessitent un superviseur, et les membres compétents de votre maison sont des atouts précieux. Ça a un petit côté Game of Thrones dans l’espace ou Dallas sur Tatooine.

Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Respectez mon autorité !

En termes de stratégie militaire, le jeu est relativement timide. En amont des batailles, vous pouvez augmenter la taille de vos flottes, modifier leurs compositions, entraîner vos leaders et bâtir des défenses. Les combats se résument à la sélection du meneur de l’assaut, des alliés à convoquer et aux choix tactiques parmi ceux disponibles. Une fois encore, l’intérêt n’est pas là. La guerre n’est qu’une petite partie des possibilités dont vous disposez. La vengeance est un plat qui se décongèle à feu doux, au bain-marie. La diplomatie, la diffamation et l’assassinat sont des options souvent bien plus efficaces qu’une attaque frontale. On parle ici de stratégie sur plusieurs générations et de billard intergalactique. Dévoiler un secret à la bonne personne au bon moment peut changer l’équilibre de l’univers (tout de suite les grands mots).

Une main de fer dans un gant d'acier

Une main de fer dans un gant d’acier

It’s a trip !

Star Dynasties est un jeu de niche clivant qui trouvera probablement une petite communauté de fans inconditionnels. Son concept radical et jusqu’au-boutiste est aussi déconcertant que plaisant à voir. Mais le contraste entre le côté anti-épique de l’interface et les enjeux galactiques est ironiquement fade. De plus, son prix (25 francs) me paraît un peu exagéré.

Même si le jeu ne m’a pas pleinement conquis par son parti pris, il n’est pas exclu que je m’y repenche d’ici quelques mises à jour. Rappelons qu’il est encore en phase de test et que beaucoup de changements peuvent modifier l’expérience de jeu au moment de sa sortie définitive (prévue dans le courant de l’année). Toutefois, Star Dynasties est encore assez brut, trop dense pour être honnête et le gameplay n’offre pas un potentiel de fun illimité. J’aurais donc plutôt tendance à ne le recommander qu’aux fans hardcores du genre, ainsi qu’aux littéraires les plus anglophiles d’entre vous. Dans ces conditions, une note prudente, provisoire et bienveillante de 6 soleils verts/10 me paraît de bon aloi.

Testé sur PC, disponible sur PC uniquement.

 

http://https://www.youtube.com/watch?v=jXqTn–bpnw&t=1s

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *