Un jeu qui s’ouvre sur une cinématique dans laquelle les deux protagonistes principaux se demandent s’ils ne sont pas devenus ringards. C’est meta ou c’est un cri d’appel au secours des développeurs?
En tout cas, moi j’abuse ici d’une introduction accrocheuse et ça fonctionne, non? Maintenant que vous êtes là, parlons un peu de Ratchet et Clank: Rift apart. Le onzième jeu de la franchise et le premier exclusif à la PS5. Cette saga, débutée sur PS2, négocie donc le virage de la next-gen en passant par les dimensions multiples. Les propriétaires de la dernière console de Sony auraient ainsi tort de passer à côté. Vous pouvez y aller sans trop hésiter, surtout si vous avez l’impression de n’avoir rien à vous mettre sous la manette. Mais je vais quand même me permettre de détailler un peu.
Des étoiles plein les yeux
Ratchet et Clank: Rift apart est beau. Les environnements sont superbes et fourmillent de détails animés. La première planète visitée est une ville futuriste peuplée de robots. On s’y croit, cette cité semble vivante, tout comme les jungles ou volcans qu’on explore par la suite. Les effets de lumière sont impressionnants, surtout en ce qui concerne ceux des armes et des explosions. Chacune des machines de mort maniée par le ragondin de l’espace (Ratchet) bénéficie de ses propres effets pyrotechniques et notamment de la fameuse utilisation des particules. Le marketing nous l’avait vendu, je dois bien reconnaître que j’en ai pris plein les mirettes. Sans oublier de mentionner la qualité des animations, qui rapproche Insomniac Games à chaque épisode un peu plus près des ténors hollywoodiens.
Du côté hardware, notons également la possibilité offerte de choisir entre plusieurs modes d’images et de résolution, pour balancer entre la qualité et la performance, de 30 à 60 FPS (les captures d’écrans ont été faites en mode performance). Mais aussi une proposition similaire à celle de Returnal concernant l’utilisation des gâchettes haptique. Ne pas appuyer jusqu’au bout permet ainsi de passer d’un mode de tir à l’autre, lorsque l’on enfonce le bouton. Pour le coup, le feeling fonctionne moins bien que la précédente exclusivité PS5. Ici, j’ai peiné à ressentir les différences et je me contentais souvent d’appuyer à coin.
Les rongeurs de l’espace
Pour préparer cet article, je me suis replongé sur ce que j’avais écrit sur Ratchet et Clank: Into the Nexus (PS3, 2013), puis ce que Marsouin avait écrit sur le reboot PS4 en 2016. J’ai été frappé de voir à quel point nos deux articles se ressemblaient et de voir à quel point ce que nous avions rédigé pouvait s’appliquer quasiment à l’identique à cet épisode PS5. Tous les codes de la saga sont donc respectés. On y incarne Ratchet et son pote mécanique dans un jeu de plateformes-action. Proposant ainsi d’alterner entre des séquences de sauts et celles de tir où l’on en découd avec des pirates de l’espace et des robots de toutes sortes. La différence majeure vient du fait que les deux compères sont assez vite séparés pas un incident impliquant des failles interdimensionnelles.
Clank tombe alors sur une autre Lombax, Rivet, avec qui il s’associe pour retrouver son poto à fourrure. Tandis que ce dernier explore une quête identitaire de son côté. Ça se laisse suivre, on rigole de l’humour potache et sans trop divulgâcher, on découvre même, de manière assez anecdotique, que des liens pourraient exister entre plusieurs univers de jeux différents. Prends ça, Marvel.
Les fameuses failles permettent de se téléporter vers elles lorsqu’on les vise. Cette mécanique s’accompagne d’un effet visuel très cool, mais se voit en fin de compte plutôt limitée à un prétexte scénaristique.
Clank & Reclank
Je suis un peu emprunté en rédigeant ce texte parce que le jeu est cool, fun, coloré, rigolo, dynamique. Mais j’ai l’impression d’être dans un univers parfaitement connu, presque trop. La surprise en devient difficile. Heureusement, les différentes planètes que l’on visite ont le bon goût de proposer des environnements très distincts, et surtout des nouveautés en termes de gameplay (mode de déplacement, objectifs à atteindre, interaction avec l’environnement, etc). Mais même, ces mécaniques donnent l’impression d’avoir été déjà vues avant. Tels nos héros animés, je me sens bloqué dans une sorte de boucle entre les dimensions : pour tout argument en sa faveur, je trouve également son contraire.
Bien entendu, on pourrait dire la même chose de n’importe quelle licence, à commencer par Mario pour ne pas le citer. Et je tiens le même discours lorsque j’ai l’impression d’une refonte du plombier également. Pour quelqu’un qui n’aurait pas joué aux précédents épisodes, le plaisir de la découverte me semble indéniable. Pour les habitués, impossible de ne pas se sentir à la maison, au risque de ne pas être surpris. Si les épisodes précédents pouvaient surprendre de par leur durée de vie courte, elle semble ici se rallonger artificiellement avec une myriade de trucs cachés à ramasser par planètes.
Mange tes oxymores
Ratchet et Clank: Rift apart, est un bon jeu, je le redis. J’ai eu du plaisir à le parcourir. Mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête que Insomniac Games s’essouffle gentiment un peu, en proposant une recette malheureusement éculée. Certes agrémentée de fioritures, pas mauvaises, mais qui peinent à relever le piquant. J’ai également l’impression que l’équipe s’est assagie, notamment sur le ton de l’humour traité. Par le passé, les Ratchet et Clank parvenaient à mêler plus habilement un jeu d’apparence enfantine avec un degré d’écriture plus adulte. Ici, j’ai l’impression que le côté choupi domine. Excepté dans les combats qui restent drôles et violents à la fois. Décidément, ce test aura été l’apanage des touts et leurs contraires. Comme une sorte de dimension parallèle, vous dites?
Note: 8 failles sur 10 (mais vous pouvez tirer un peu vers le bas si vous avez fait les autres jeux de la saga)