Et n’oubliez pas la sauce cocktail ! Bon, contre toute attente nous ne sommes pas là pour parler kebab. Enfin, presque, mais plutôt de la revanche du kebab ; enfin de l’agneau sacrificiel. Voilà, Cult of the Lamb, c’est l’histoire de ce pauvre agneau qui allait se faire sacrifier à d’anciens dieux un peu réacs, mais qui – grâce aux faveurs d’un autre dieu un poil moins réac – s’échappe pour mieux revenir leur péter leur gueule.
Eh oui, Cult of the Lamb c’est de la politique, de la vengeance, des cultistes dévoués, des sacrifices (pas le votre), de la construction et de la baston. Tout ça en un seul agneau : étrange mélange de gestion (de votre secte) et de baston (rogue-like nerveux). La première question qui se pose, légitime : est-ce bien raisonnable ? Comme tout jeu touchant à plusieurs genres, le plus grand risque étant de se perdre et d’être mauvais en tout. Que l’on se rassure, même si le jeu n’est pas parfait dans tous les domaines, la sauce (samouraï) prend très bien !
N’est pas Raël qui veut
Cult of the Lamb nous propose donc de gérer notre propre secte ! Ici, la gestion est à la fois basique, facile d’accès, mais plutôt engageante et marrante. Certes, ce n’est pas Crusader King, mais on se prend au jeu et on apprécie les interactions avec nos braves cultistes, souvent loufoques. Je l’avoue, le fait de pouvoir les nommer, tout comme sa secte, rend l’ensemble très drôle, permet de s’attacher aux personnages et de créer des scènes assez ridicules.
Il y a de très bonnes idées dans cet aspect du jeu, notamment les différentes doctrines pour lesquelles nous pouvons opter et qui nous demandent de choisir quelles croyances imposer à nos cultistes. Par exemple, voulez-vous leur faire croire en la vie après la mort, qui octroie un bonus de foi quand un autre cultisme décède ? Ou plutôt croire aux bénéfices du rite sacrificiel ce qui rendra vos cultistes heureux lorsque l’un des leurs sera sacrifié par vos soins ? Les choix sont souvent intéressants et drôles (d’une façon plutôt morbide) et peuvent avoir des effets très concrets sur la gestion de votre culte. Autre outil de gestion très flashy, les rituels s’avèrent très utiles : résurrection, sacrifice, grosse bouffe, vacances, et bien plus encore. Plein d’options assez drôles, souvent flippantes et très efficaces.
Gourou ascendant concierge
Mais il y a plus chiant, littéralement. Effectivement, notre brave mouton déifié devra ramasser les déjections de ses cultistes en attendant de construire des toilettes (et encore, il devra les vider) sous peine qu’ils ne tombent malades et qu’ils produisent de nouvelles déjections par un autre canal. Même si cela va bien avec l’univers loufoque de Cult of the Lamb, il y a un côté un peu incohérent à ce que le gourou d’une secte qui a droit de vie ou de mort sur ses cultistes se retrouver à ramasser leur merde. Mais bref, à moins d’une scato-phobie développée, cela ne gâche pas le jeu pour autant.
Dans l’ensemble, cette phase (la gestion, pas le caca) est, pour moi, ce qui donne sa particularité au jeu, on prend beaucoup de plaisir à s’occuper de nos ouailles, à mettre en prison ou sacrifier ceux qui se rebellent ou encore à faire son sermon chaque matin pour booster la foi de ses troupes. Ainsi, les Méta-Bobos ont été un pur plaisir à gérer, avec mentions spéciales pour la mise au pilori de Deleuze, et le meurtre sacrificiel de Sartre suivi de sa résurrection. Qui n’a jamais rêvé d’un zombie existentialiste dans sa secte ?
N’est pas Hades qui veut non plus
Venons-en à la baston. Entre chaque phase de gestion, il conviendra donc d’aller tanner des vilains monstres sous les ordres de nos sales dieux réacs. Pour ça, nous aurons droit aux systèmes habituels de pas mal de rogue-like : armes aléatoires, bonus débloqués au fur et à mesure des runs, map aléatoire, etc. Si le résultat est agréable et relativement fun à l’usage, il ne m’a pas emballé plus que cela. Sorti de son contexte (très réussi), les phases d’actions de Cult of the Lamb m’ont paru sympas, mais oubliables, parfois frustrantes par peu de lisibilité, et un peu trop simples (les boss).
Si l’action est nerveuse et agréable, plusieurs points m’ont en effet semblé pourrir un peu l’ambiance. Au-devant de la scène, la lisibilité parfois vraiment mauvaise de ce qu’il se passe sur l’écran. Il y a trop d’éléments de décor et on peine à suivre l’action quand on doit éviter un monstre tout petit et tout vénère. Le deuxième, qui m’a sincèrement tapé sur le système, c’est le peu de diversité dans les attaques des différents monstres. J’ai eu l’impression que les trois quarts des baddies attaquaient tous avec la même attaque plongeante et télégraphiée que l’on doit absolument esquiver : peu intéressant et plutôt fatiguant à la longue. Surtout dans un décor qui cache à moitié la direction de l’attaque.
Dessine-moi un agneau
Ce qui fait fonctionner Cult of the Lamb, c’est également une direction artistique aux petits oignons que ce soit au niveau de la musique, des espèces de borborygmes faisant office de voix ou encore des graphismes. L’ensemble fonctionne du tonnerre et permet aussi de faire passer des trucs affreux dans un décor tout mignon. La musique est horriblement prenante aussi, surtout pendant les phases de combat.
Pas question de lamb-iner
Au final, pour apprécier Cult of the Lamb il faut trouver son rythme entre les phases d’actions et celles de gestion. Personnellement, j’ai privilégié la gestion de ma troupe de philosophes sacrificiels et je ne partais en mission qu’une fois ma secte parfaitement gérée. En ayant parlé avec un ami qui a opté pour l’option inverse, il semblerait que ma méthode ait rendu le jeu bien plus facile. Je suppose que suivant l’appréciation de chacun-e pour les deux phases de jeu, le plaisir global à jouer pourra varier pas mal. Si vous êtes là uniquement pour l’aspect rogue-like, je ne suis pas sûr que Cult of the Lamb soit le hit de l’année. Par contre pour une nouvelle expérience bien construite, osée et fun en diable, pour moins de 30 CHF, c’est par ici !
Note : 8 agnal démoniaque sur 10.
Testé sur PS5, dispo également sur PS4, Xbox One et Series, Steam, OSX et Switch !