Je pense donc je Switch – en classe de neiges.

Vous l’attendiez, le voici: l’article des vacances à la neige. En l’honneur des Saints-de-glace qui sont prolongés et sous l’impulsion de ce soleil qui invite à faire péter les mojitos, je me glisse, tel un freerider dans la poudreuse, pour vous raconter mes dernières vacances, avec la Switch dans mon sac.

Souvenez-vous, en 2016 je vous avais rapporté nos élucubrations sur The Witness, qui nous avait bien aidé lors de « jours blancs ». C’était ça ou on vidait la réserve de vin chaud. Cette année, c’est la nouvelle venue de la famille Nintendo que j’ai amenée au chalet, dans le but de mettre à l’épreuve le côté « transportable », argument massue de la stratégie commerciale. Pas de bol, St-Anton, protecteur du soleil sur l’après-ski était particulièrement en forme et les heures de jeu ont été plus limitées. Quelle plaie de devoir aller dehors.  Mais j’ai suffisamment de contenu pour tenir le crachoir, commandons donc des « große Biere », asseyez-vous et discutons-en entre deux tubes de Lorenz Büffel.

Contrôle parental Switch

Il y a de très bonnes idées dans la conception de la Switch, comme par exemple la possibilité de suivre la pratique de ses enfants directement via smartphone.

Un, deux, rabat…

1 2 Switch cover

Nope nope nope. Period.

Il y a deux mois, la Switch débarquait dans les rayons des magasins à travers le monde entier. En rupture de stock (calculée) dans certains haut-lieux du divertissement numérique, elle restait dénichable dans de grandes surfaces moins spécialisées. La tâche devenait cependant ardue et plusieurs s’y sont épuisés face aux rayons vides. Même Nintendo Suisse n’était pas en mesure de fournir de nouvelles dates prises de livraison. Mais voyez-vous, de nouveaux arrivages semblent avoir rempli les stocks à nouveau cette semaine! Reste à savoir si la quête en vaut la chandelle. « C’est dangereux d’y aller seul, prends ça« .

Petit rappel technique pour ceux qui n’avaient pas suivi: « Hybride » est définitivement le qualificatif qui colle le mieux à cette plateforme. La console se présente sous la forme d’une tablette (écran tactile de 6,2‘’), sur les côtés de laquelle peuvent se brancher deux manettes (Joy-Con, de leur petit nom qui fait glousser), permettant ainsi d’embarquer ses jeux partout. Une fois rentré au bercail, il suffit de la glisser dans une station d’accueil pour que l’image se retrouve sur la TV et l’on passe de l’un à l’autre sans interruption. La qualité du petit écran est très bonne et la version de salon se défend également, bien qu’elle offre des performances clairement inférieures à ce que les machines de la concurrence proposent actuellement. Le parti pris est celui du plaisir de jeu immédiat. En mode TV ou tablette, les Joy-Cons (*glousse*) peuvent s’utiliser chacun dans une main ou assemblés pour former un pad plus traditionnel. Les deux solutions manquent malheureusement un peu d’ergonomie de par la petite taille de ces manettes. On leur préférera donc rapidement la manette Pro, pour laquelle il faudra cependant débourser environ 80 CHF de plus (aouch). Faites chauffer la carte de crédit, puisqu’aux 350 CHF de la console, il faudra en ajouter une septantaine pour un jeu. Posons rapidement une évidence sur la table du ski-bar: de grâce, évitez 1-2 Switch et sa compilation de mini-jeux, aussi amusants qu’une piste de luge en plein été. Pourtant, pour ma période de vacances, on aurait pu espérer que le principe collerait bien à la semaine festive qui se présentait devant nous! La vérité si je mens, après deux (très courtes) parties, mes camarades pour le moins décontenancés, ont laissé échapper un très expressif: « Mais c’est nul ton truc« .

De l’importance de renommer correctement son cheval.

Zelda breath of the wild Switch cover

<3 <3 <3 L’aventure avec un grand A.

En revanche, c’est un grand OUI pour Zelda: Breath of the Wild,  tout bonnement incroyable. Reprenez donc un « Jäger Bomb » et notez que, s’il s’agit de l’argument de vente principal de la Switch (Zelda, pas le jäger), le jeu existe également sur Wii U, dans une version tout à fait convenable. Les problèmes de framerate semblent présents sur les deux consoles, mais la version Switch s’en sort quand même mieux. Dans tous les cas, ce n’est pas ça qui vous retiendra de partir à l’aventure. Je pense que rarement cette idée n’aura aussi bien illustrée un jeu vidéo. Dès le début, Link se réveille nu comme un ver et comme le joueur qui découvre le jeu, il est lâché dans les plaines d’Hyrule, avec une maigre indication sur ce qu’il doit faire. Si ça c’est pas « partir à l’aventure »! Avec sa b…arre de vie et son couteau, il va falloir survivre, trouver à manger, s’équiper et remplir des quêtes, des tas et des tas de quêtes. Ok, on atteint pas les niveaux d’écriture d’un Witcher 3 et nombre de ces quêtes sont assez « fedexienne » dans l’âme, mais elles sont toujours amenées intelligemment. Les PNJ sont bien placés et rien ne vous indique à l’avance qui va vous demander d’effectuer quelque chose, excepté parfois un point d’exclamation très discret, ou qui va essayer de vous trucider. Bonne ambiance. Vous êtes donc constamment poussés à explorer, à questionner, à observer. Vous repérez une fumée à l’horizon avec votre longue vue? Grimpez sur le cheval, que vous avez préalablement capturé et dompté, et partez voir de quel feu elle provient. A vous de mesurer le niveau d’aventurier/explorateur qui sommeil en vous. Excepté quelques problèmes de maniabilité (rares et visiblement plutôt dus à l’ergonomie en mousse des Joy-Cons – *hihi*), je ne trouve rien à reprocher à ce jeu. Breath of the Wild est passionnant et me rappelle sans arrêt la « Graaaande époque » Nintendo, quand ils pouvaient nous sortir des jeux qui changent la donne du média. Car oui, le plus grand défaut du jeu pourrait être de rendre votre vie bien fade une fois celui-ci terminé, en enlevant toute envie de jouer à autre chose. Heureusement, après plus de 50 heures de jeu, je n’en ai pas fait plus d’un tiers. Je suis d’ailleurs mort très souvent, le jeu est difficile!! HALLELUJAH! Puisque nous sommes là pour parler de l’aspect portabilité, elle prend tout son sens avec un jeu comme celui-ci. Durant notre semaine de ski, tout le monde se l’est arraché pour s’y plonger goulument (attention à pas niquer mes sauvegardes). Il serait possible de parler pendant des pages entières de ce Zelda qui se pointe gentiment dans mon top 3, même si je ne sais pas encore lequel dégager entre Link to the Past, Ocarina of Time ou Twilight Princess. Alors au lieu de tergiverser, je préfère conclure avec notre groupe, discutant du choix du prénom de l’enfant à naître de l’un d’entre nous. Après que « Optimus Barack Sputnik (Junior) » ait été accepté à la – quasi – unanimité, je me suis rendu compte du potentiel existentialiste de baptiser correctement son cheval dans un Zelda. « En avant, Jean-Luc Mélanchon!« 

Des tables et une tablette.

Switch controller pro

Pour palier le manque d’ergonomie des Joy-Cons et leur perte de signal sporadique (par exemple si un téléphone potable se trouve entre la console et vous), le Controller Pro est une bonne alternative, mais onéreuse (80 CHF). Par contre, rien à redire sur sa qualité!

Alors que nos collègues de chambrée grimpent sur la table du Krazy Kanguruh pour sauter et renverser leur choco-rhum au rythme de DVBBS & Borgeous – Tsunami (Original Mix), Vertigo et moi expérimentons le mode « tablette ». La console repose sur le support arrière et nous jouons chacun avec un Joy-Con (oui bon, vous avez saisi). Premières constations, la gravité ça craint et la Switch n’a beau ne pas être une pomme, elle tombe de la même manière. Et elle tombe souvent, même sur une table sans skieurs bourrés dessus. L’écran reste d’une taille agréable, tant que l’on ne pratique pas un jeu en écran splitté. Les Joy-Cons (ça suffit on a dit) restent également très petits en main, mais on s’y fait selon les jeux. Ayant à coeur de voir ce que le catalogue de la console a réellement à proposer, nous avons décidé de tester quatre jeux proposés à la presse (les codes pour Bomberman étaient bizarrement en rupture de stock).

 

New Frontier Day Founding Pioneers Switch coverNew Frontier Days – Founding Pioneers

Ce qui se présente comme un jeu de stratégie, lorgnant du côté de Settlers avec une pointe de « farm game », foisonnant sur mobile et réseau sociaux, aurait pu être une bonne surprise. De prime abord, le côté portable de la console trouve chaussure à son pied, mais la gestion à la manette prend rapidement la tête. Nous avons opté pour un maniement via l’écran tactile, mais cette possibilité a visiblement été pensé par des gens qui aiment se planter des cure-dents dans les gencives. Donner des ordres à ses pionniers pour qu’ils récoltent des ressources, puis qu’ils s’en servent pour construire différentes structures, relève plus du TOC répétitif que de l’épanouissement ludique. On appuie sur le petit bonhomme, puis sur le caillou pour qu’il le casse. Mais… Non pas le cheval, le caillou. Non, mais pas le cheval SUR le caillou! Et pourquoi ce cheval attaque un sanglier maintenant?? Finalement Vertigo mettra fin à l’expérience avec ce commentaire très juste: « C’est mignon, mais c’est comme s’ils avaient réussi à aspirer tout le fun hors de ce jeu.« 

 Vroom in the night sky Switch coverVroom in the night sky

Ma bière est verte?! Ah, c’est la St-Patrick et les serveurs ont trouvé marrant d’ajouter du colorant dans nos breuvages, soit. Tandis qu’un groupe d’irlandais rouges écarlates entame une gigue, en marquant les temps avec leurs fesses sur la tête de mon pote (j’ai la vidéo qui le prouve), je réalise que ma stupéfaction face à Vroom n’est donc pas due à de l’alcool frelaté. Vous vous souvenez de Superman sur Nintendo 64? C’était chiant hein? Il fallait piloter l’homme d’acier à travers des ronds dans le ciel et … et c’est tout. Vroom in the sky parvient à rendre ce concept encore plus inintéressant. Non mais il faut le faire. Au moins dans l’autre on avait un type en collant avec une cape. Ici on a une sorcière sur un … scooter (d’où le vroum), qui… vole (d’où le sky). Ah et il fait nuit (vous avez compris). Aucune sensation de vitesse, aucun challenge, de vagues combats contre une autre sorcière de temps en temps, durant lesquels il suffit de balancer trois sorts-à tête-chercheuse et ensuite on vise le portail pour terminer le niveau. Stupéfaction, je ne pensais pas qu’il était autorisé de sortir une telle bouse en 2017, surtout sur le shop payant d’une console. Affligeant. Même votre petit neveux découvrant les jeux vidéo ne mérite pas ça. Et c’est très moche en plus. Poussez-vous, je rejoins les irlandais. « …IPPING UP TO BOSTON, WHEY HEY HO!« 

ACA NEO GEO Waku Waku 7 Switch CoverACA NEOGEO WAKU WAKU 7

Ben forcément, quand on se balance avec nos chopes à la main, ça fini toujours par se renverser. Faut juste éviter que ça ne tombe dans le dos de ce celte jovial mais colérique, au risque de voir la soirée se muer en rixe. Ou alors, proposez-lui de régler ça à l’amiable, pad en main, dans un jeu de combat. Mais alors évitez Waku Waku 7. Dans le  Nintendo eShop de la Switch, on trouve pas mal de portage de jeux NeoGeo. Cette console a gagné un statut mythique au fil des ans de par son côté élitiste: trop chère à sa sortie en 1991 et dotée de jeux particulièrement exigeants en terme de difficulté. Peu ont pu se gargariser de faire partie des élus. Quoi de plus normal que de jouer à la fois sur la nostalgie et sur un sentiment probable de frustration vieux de vingt ans, pour rendre ces jeux accessibles à tous? Alors celui-ci est rigolo trois minutes, les personnages sont originaux, tout comme leurs palettes de coups, mais la maniabilité des Joy-Cons (…cessez) ne parvient pas à donner le change. Qui plus est, portage oblige, l’écran de la Switch est encore amputée de plusieurs centimètres de chaque côtés. Il semblerait que votre différend avec ce britannique (NDZyvon: traiter un Irlandais de britannique? Tu cherches vraiment à te faire démonter toi.) (NDMoi-même: non mais « techniquement parlant »,  j’entends. Pis c’est la rixe j’ai dit, d’abord) ne puisse se résoudre autrement qu’à grand coup de bourre-pifs finalement. Ou quitte à choisir, optez plutôt pour Ultra Street Fighter 2, un autre ancêtre sorti de la naphtaline mais qui a offre un portage décent, avec une super qualité d’animation. Si vraiment il faut.

 ACA NEO GEO Metal Slug Switch CoverACA NEOGEO METAL SLUG 3

Tout comme une soirée d’après-ski, il est préférable de ne pas terminer sur une impression trop négative. C’est pourquoi j’ai gardé un petit bout de Metal Slug pour la fin. Si vous avez connu le Club Dorothée, vous êtes assez vieux pour vous souvenir de ce jeu dans lequel on désoudait des tas de militaires, en tirant dans toutes les directions que la 2D nous offrait. L’avantage de ce 3e opus, c’est qu’il permet de jouer en coop. Tout comme Waku Waku, on peut modifier des tas de paramètres, grâce à une sorte « d’Action Replay » intégrée au menu principal. Ce qui implique de s’octroyer des vies infinies, par exemple. « Jeux élitistes« , que je vous disais. Le jeu est effectivement super difficile, mais la possibilité de revenir à volonté coupe tout l’effet de la punition. Est-ce mieux ou moins bien finalement? Ça dépendra de votre vision des choses. Une fois encore, la maniabilité aux fraises fait qu’il est très difficile de tirer dans la bonne direction, même sur un crabe-tank géant avançant en scrolling derrière vous. C’est encore Metal Slug 3 qui s’en sort le mieux parmi ce que nous avons testé, ça ne reste pas plus amusant très longtemps pour autant.

C’est l’heure d’aller se coucher.

Alors que nous regagnons notre chalet en commentant la hauteur démesurée des sauts de l’après-midi, ou le style très artistique de ce pauvre anglais (encore lui) (ReNDZyvon: putain il est anglais ou irlandais? Parce que les anglais c’est pas des celtes bordel!) (ReNDMoi-même: Nan mais ils étaient plusieurs… et t’as vu tout ce qu’on a bu jusque-là? C’est un peu flou, ok?) qui tentait d’enfiler ses gants en guise de chaussures de ski, l’heure est venue de faire les comptes. Le principe de portabilité est clairement un plus, mais il est perfectible. Seul, aucun problème. À deux, ça se complique. On notera quand même que l’interface est continuellement très bien pensée et que les jeux se lancent très rapidement. Si l’arrivée de la console s’accompagne de promesses tentantes, il n’y a malheureusement pas grand-chose de concret pour le moment. Bien sûr, ce que je vous présente ici n’est absolument pas exhaustif et le catalogue continue de s’étoffer. Mais on a plutôt l’impression que c’est du remplissage pour caler plus qu’autre chose. Depuis mon escapade montagnarde, certaines annonces de titres (peu connus mais prometteurs) comme Rime ou State of Mind pourraient se révéler intéressantes (mais non-exclusives à la Switch) et Mario Kart 8 Deluxe a pointé le bout de sa carlingue. Il est donc toujours recommandé de plutôt attendre avant d’acheter. A l’approche de Noël le futur de la machine devrait être plus facile à évaluer. Avec un concept innovant et un Zelda qui nous rappelle que les gars de Nintendo savent faire des jeux époustouflants quand ils s’en donnent les moyens, nous avons envie d’y croire. On croise les doigts en attendant, mais c’est peu pratique pour jouer.

Les Saints-de-glace c’est un peu badass non?

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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