Géométrie politique [Triangle Strategy]

Chez Semper Ludo, on aime la technologie et on aime être en avance sur son temps – sauf pour les tests de jeux, cela va de soi. C’est pourquoi, afin de rentabiliser au mieux mon précieux temps, ce test sera intégralement rédigé par une intelligence artificielle ultra-moderne. Moi, je vais me recoucher.

Voici donc mon avis sur le jeu Triangle Strategy avec une touche d’humour-artificiel :

« J’ai récemment eu l’occasion de jouer à Triangle Strategy et j’ai été agréablement surpris ! Le concept de base est simple, mais addictif : il faut utiliser des triangles pour bloquer l’avancée de carrés ennemis tout en protégeant son propre triangle de base. Cela peut paraître facile, mais il faut vraiment réfléchir stratégiquement pour remporter la victoire. Et le meilleur dans tout ça ? Les triangles sont de véritables petits génies de la guerre, avec des quips spirituels à chaque nouvelle partie. J’ai passé de nombreuses heures à essayer de défendre mon triangle, et je recommande ce jeu à tous ceux qui cherchent un défi cerveau en feu. Allez, tous à vos triangles ! »

Chez Semper Ludo, on sait aussi reconnaître nos limites et celles des autres. La révolte des machines n’est pas pour tout de suite. Comme j’ai passé quelques heures sur ce jeu, autant coucher mes impressions sur pixels, avant que le chef remarque que j’ai essayé d’être plus malin que lui.

 

Triangle Strategy

Nom d’un petit polygone

Triangle Strategy n’est ni une simulation de foot, ni un jeu pour apprendre la géométrie, mais bien un petit RPG de l’illustre maison Square Enix. Visuellement proche d’Octopath Traveller, il est plutôt parent de Final Fantasy Tactics ou Fire Emblem au niveau du gameplay.

On y guide l’épée de Sérénor, jeune héritier de la famille Wolffort, dont le père souffrant vient de lui déléguer la direction du domaine. Si tout commence sous de bons augures – les fiançailles de Sérénor et le lancement d’un projet minier pharaonique entre les trois nations du contient, encore en guerre à la génération précédente – la situation tourne rapidement au vinaigre. C’est justement ça qui m’a fait accrocher à Triangle Strategy. Les jeux politiques et les trahisons, pas le vinaigre.

 

Triangle Strategy

La démocratie a choisi le sentier de la guerre !

 

Qui dit intrigue, dit aussi narration. Presque sans exagérer, je pense que j’ai joué une vingtaine de minutes seulement durant la première heure (et heureusement il n’y a pas de perso à créer !). Étant initié aux JRPG et autres Zero Escape, les séquences narratives sont loin de me décourager, bien au contraire. Tous les personnages principaux ont leur petite histoire, qu’on découvre au fil des discussions et quêtes annexes. Un procédé pas exactement novateur, mais bien maîtrisé. Et les doublages ? Est-ce que j’ai parlé des doublages ? Les voix originales collent aux personnages et je ne me lasse pas de les écouter parler. Tant mieux, parce que ça cause beaucoup.

Par Pythagore !

Mais où sont ces fameux triangles ? Et cette prétendue stratégie dans cette télénovela sauce chevalier ? Plusieurs éléments viennent par paquets de trois, à commencer par les trois pays qui se partagent les terres de Norzélia, aucun n’étant complètement dominant ni dominé par les autres. Comme on s’y attend, la stratégie se passe en bonne partie sur le champ de bataille. Les arènes, divisées en cases, ne sont pas trop vastes et se jouent avec une vingtaine de personnages au total. Le style de jeu est au tour par tour, en se basant sur la vitesse des personnages pour savoir qui aura la prochaine action. Les assassins et voleurs peuvent donc agir plus fréquemment que les chevaliers en armure.

 

Triangle Strategy

Il est possible d’afficher des aides visuelles pour mieux lire le champ de bataille

 

L’accent est mis sur la position relative des combattants : une position en hauteur donnera un avantage en précision, une attaque dans le dos causera plus de dégâts et voit ses chances de critique augmenter. Et lorsqu’un adversaire est pris en sandwich par deux alliés, chaque tranche de pain peut porter un coup au jambon. En combinant ces avantages tactiques aux faiblesses des ennemis, il est possible d’asséner de grosses torgnoles – et de s’en prendre au passage.

La possibilité d’interagir avec certains décors voire de les combiner avec de la magie offre aux stratèges la créativité dont ils sont avides. Il est possible par exemple de briser un tonneau d’huile, puis de l’enflammer avec un sort de feu, ou de profiter que des adversaires aient les pieds dans l’eau pour invoquer la foudre. Des bottes assez difficiles à placer selon moi, car le système de tours basé sur la vitesse rend l’anticipation des positions assez complexe.

 

Le jeu de la Dame des Trônes de Fer

L’absence de permadeath à la Fire Emblem rend les affrontements plutôt permissifs, car la perte d’un personnage, même Sérénor, signifie juste que la suite de la bataille sera un peu plus ardue. Ce personnage ne recevra simplement pas de points d’expérience pour cette manche. Points que l’on peut facilement récupérer lors des entraînements au camp. En mode normal, la plupart des combats ne m’ont pas posé problème, au contraire des autres passages stratégiques : les prises de décisions politiques.

 

Triangle Strategy

Pas de spoil, mais ça pue #thenorthremembers

 

L’histoire fait plusieurs embranchements, déterminés par les choix « démocratiques » qui doivent être pris. Durant ces phases, on peut à loisir discuter avec ses alliés et se promener aux alentours pour ouïr la populace, glanant au passage des rumeurs qui pourraient faire changer d’avis les indécis. Suite à quoi, on peut à nouveau approcher nos alliés pour tenter de les convaincre de voter pour l’une ou l’autre alternative, en plaçant le bon argument dans la discussion. Si les premiers votes sont assez faciles à diriger et les conséquences sans grand impact, je me suis assez vite retrouvé à devoir choisir entre la peste et le choléra, en plus sans être d’accord avec les personnages que j’affectionne. Une vraie torture pour un weeb comme moi !

 

Triangle Strategy

Farpaitement, Monsieur !

 

La quadrature du Triangle

À l’instar d’un clafoutis, Triangle Strategy contient moult ingrédients que j’apprécie, c’est sans surprise qu’il est à mon goût. On peut lui reprocher d’avoir un roster un peu hétéroclite en dehors des huit personnages principaux, dont certains ont des capacités assez situationnelles et qu’il faudra répétitivement entraîner au campement pour les garder à niveau. J’ai aimé découvrir l’histoire du continent et ses habitants, certains passages étant dignes d’un épisode de Game of Thrones. Ce côté jeu de pouvoir m’a fait à la fois me dire « Je veux connaître la suite de l’histoire ! », ressentir de l’empathie pour la situation de protagonistes et aussi penser « Mais faut aller leur péter la gueule ! ».

Si l’on n’est pas allergique à son rythme narrant, c’est sans autre un titre à rajouter dans sa bibliothèque de jeux de rôle nippons, ni mauvais.

Note: 8 ennéagones sur 10

Testé sur Switch, disponible également sur Steam.

 

Author: Vertigo

Un jour de départ à la Gamescom, une gastro foudroyante avait terrassé pratiquement l’ensemble de la rédaction de Semper Ludo. C’est donc sur un quai de gare que fût recruté Vertigo, à titre de stagiaire porte-gobelet. Il aurait pu s’appeler Augustin, mais non. Le pérégrin sillonnait la région, à pied nus, bien dans ses baskets, en quête d’une pauvre âme à soulager d’un fardeau, d’un prochain à aider ou d’une veuve à dés-éplorer. Sa 3DS ne quitte jamais sa poche et il est doté d’une connaissance de la culture japonaise éclairée et d’une sagesse mystique lorsqu’il s’agit de refuser les petits fours d’un éditeur véreux (ceux aux anchois). Il boxe dans la catégorie Nintendo depuis la NES, mais ne rechigne pas à tâter du PC et sait lire dans les étoiles les mouvements de ses adversaires sur Towerfall. Vertigo a ainsi embrassé (avec la langue) la cause semperludienne et a su prouver sa valeur en gagnant ses galons de chroniqueur. Certaines rumeurs et Paris Match affirment qu’il est capable de parler aux yoshis les soirs de pleines lunes et qu’il les rejoindra lorsque le moment sera venu. En attendant, on lui demande juste de rendre ses textes.

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