Gamescom 2022: Decarnation

La vie c’est comme une grande partie de loto au jambon. Des fois, même quand t’as les bons numéros tu repars avec un maillot du FC Corminboeuf. Mais d’autres fois, dans le panier garni il y a une petite terrine de campagne, mon pauvre ami, tu m’en diras des nouvelles. Ça se voit que je commence à m’essouffler pour trouver des intros, là, non?

Toujours est-il que j’avais les bons numéros ce jour-là. Je pensais voir un jeu d’horreur un peu gore, d’après les premières images que j’avais en ma possession et, surprise, Decarnation est bien plus que ça. Pour cette session de trente minutes de jeu, je suis accompagné par Quentin de Beukelaer, son réalisateur, qui s’est frotté à Assassin’s Creed III, Black Flag, Unity et

Il m’annonce donc tout de suite que son équipe souhaite montrer l’horreur en visant les recoins obscurs du subconscient, plutôt qu’en misant sur les monstres et le sang. Même si au-dessus de nous, à ce moment-là, se trouve un poster gigantesque de l’artwork de chairs, de fleurs et de viscères. Mais effectivement, dès que j’ai la manette entre les mains, je peux constater que c’est autre chose que Decarnation veut nous faire vivre. Je salue la direction artistique, quand Quentin me fait remarquer que certains décors représentent des lieux de Paris, dans les années 90. C’est toujours une forme de pixel art, mais avec un niveau de détail inspire la tranquillité. Du moins au début. Assez rapidement, le côté horrifique du jeu me rattrape.

 

Decarnation paris

 

Sans trop vouloir en dévoiler, car je pense avoir compris que l’un des intérêts majeurs de Decarnation sera d’en découvrir le scénario, sachez qu’on y incarne une jeune femme, danseuse-effeuilleuse, qui va peu à peur sombrer dans une spirale noire, suite à une histoire d’agression sexuelle. Celle-ci ne prendra pas la forme que vous imaginez. Ou peut-être que si? Est-ce une métaphore? Une hallucination? Un souvenir? Le jeu étant ainsi habilement construit pour qu’on alterne entre des phases « normales » et des moments où l’on joue un trouble. Une émotion forte, comme le dégout, se matérialise alors dans une séquence de gameplay. C’est très ingénieux et bien écrit pour ce que j’en ai vu.

 

Decarnation danse

 

Pendant que je découvrais la vie de cette jeune femme (intégralement en VF), Quentin m’expliquait avoir voulu aborder des thèmes sérieux dans un jeu, sans que cela sonne prétentieux. Le scénario et les dialogues sont ainsi co-écrit avec une collaboratrice. Mon expérience s’est terminé par un affrontement de boss, avec une symbolique forte. Les différentes phases de gameplay alternaient entre l’exploration, rythme, infiltration et résolution d’énigmes. On m’a indiqué que la difficulté de la version finale serait augmentée et que certaines séquences avaient été supprimées pour faciliter la démo. Je dois effectivement reconnaître que je n’ai pas rencontré une grande résistance et que je n’aurais rien contre un défi un peu corsé.

 

Decarnation chambre

 

La sortie de Decarnation n’a pas encore de date de sortie, mais mars serait dans le collimateur, sur Steam et Switch. Avec son style graphique soignée et sa manière d’aborder des thèmes adultes et sérieux sans sombrer dans la surenchère débilitante, j’ai été séduit. Heureusement qu’il n’était pas ce à quoi je m’attendais. Et pendant que je jouais, la conversation allait bon train avec Quentin qui a des choses à dire, sur la manière de produire des jeux aujourd’hui, sur l’école EJMIN à Angoulême où il donne des cours, mais surtout sur le game design et la manière dont on peut s’en servir pour raconter une émotion. Si ce jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains, compte tenu du contenu qu’il aborde, je suis très curieux de pouvoir l’investir de bout en bout.

Retrouvez tous nos articles concernant l’édition 2022 de la Gamescom dans notre sommaire!

 

Author: Founet

A ne pas confondre avec le village vaudois, est à peine plus jeune qu’une Famicom. Vouant un culte à George, il découvrit son amour du jeu vidéo et de la techno allemande pendant les grandes années de Lucas Arts. De ses nombreuses heures passées à cliquer lui vient son humour absurde et sa cleptomanie. Frappé d’une mystérieuse malédiction, les machines semblent se rebeller lorsqu’il les manipule ou fait mine de les regarder. Founet ne roule jamais en-dessous de 88 miles à l’heure et rêve de maîtriser la télékinésie grâce à la Force. En attendant de passer maître Jedi, il joue à la Wii U. Accessoirement rédacteur en chef, quand il arrive à se faire entendre des autres, qui mettent le son trop fort, les farceurs.

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