Du poivre, mais quand même un peu de sel [Pepper Grinder]

La plateforme 2D fait partie de ces genres qui ont eu droit à un nouveau sursaut depuis l’émergence du jeu indépendant. Les développeurs qui s’y essaient proposent la plupart du temps une sorte de gimmick, que ce soit au niveau des mécaniques de jeu ou bien de la présentation visuelle, tout en allant chercher l’inspiration chez les grands classiques (Mario, MegaMan, etc.). Pepper Grinder, développé par le studio Ahr Ech et édité par Devolver, fait plutôt penser à Dig Dug ou encore à Drill Dozer, puisqu’ici on ne va pas tant sauter, mais plutôt creuser !

 

« Et là la foreuse elle fait VRRRRRRROUM »

Pepper Grinder ne perd pas de temps à nous lancer dans l’aventure : on y dirige Pepper, une jeune pirate qui se retrouve échouée sur une plage. Armée de sa foreuse à bras Grinder (oui, vraiment), elle va devoir récupérer son trésor qui lui a été dérobé. Pour cela, on doit la diriger à travers des niveaux linéaires, dont le but est simplement d’arriver à l’autre bout, en récoltant si possible quelques doublons et gemmes sur le passage. Si notre personnage dispose malgré tout d’un saut, c’est bel et bien sa foreuse qui constitue le principal mode de déplacement. En effet, on peut creuser dans la plupart des sols et murs qui nous entourent, ce qui permet à Pepper de s’y déplacer à 360 degrés.

 

Pepper Grinder décors

Les surfaces dans lesquelles on peut creuser sont toujours clairement identifiées.

Un jeu pour les visseurs

Bien évidemment, les niveaux sont entièrement conçus autour de cette fonctionnalité, il ne faut donc pas s’attendre à pouvoir foncer en ligne droite. Sans être particulièrement difficile, Pepper Grinder demandera tout de même quelques minutes d’adaptation afin de s’approprier le contrôle du personnage. Et force est de reconnaitre qu’une fois qu’on a pris le coup, les sensations manette en main sont très agréables.

Pepper se déplace sous terre très vite, et lorsqu’elle sort du sol de façon ascendante, elle prend suffisamment de hauteur pour atteindre des murs ou plafonds, afin de continuer sa traversée du niveau sans interruption. On a donc comme l’impression de contrôler un dauphin qui bondirait hors de l’eau, et qui n’est pas sans rappeler le feeling que j’avais pu ressentir dans les jeux Ori. Évidemment, il arrive parfois que notre course folle soit interrompue par un obstacle repéré trop tard, surtout si c’est la première fois que l’on tente un niveau ; mais quand tout se passe bien et qu’on est dans le « flow », Pepper Grinder est très plaisant.

 

Pepper Grinder glace

Certains niveaux (surtout vers la fin du jeu) proposent des séquences intéressantes.

« À vendre : foreuse portative, autonomie 3h… »

La structure du jeu est très classique : après trois ou quatre niveaux, un boss doit être vaincu avant de pouvoir accéder au monde suivant, et ainsi de suite jusqu’à la fin du jeu. Le principal problème de Pepper Grinder, c’est que cette fin, elle arrive bien trop tôt ! Seulement quatre mondes sont présents, pour un total d’une petite vingtaine de niveaux ; quelques heures suffisent à en voir le bout. Et bien que les niveaux deviennent au fur et à mesure plus complexes (les meilleurs se trouvent d’ailleurs dans le dernier monde), ils restent rapides à parcourir. Paradoxalement, le boss de fin est lui bien plus difficile que tout le reste du jeu, et m’a demandé une heure d’essais très rageants (soit 25% de mon temps de jeu total) avant d’en venir à bout. Autant dire que mon enthousiasme initial a vite été refroidi !

 

Pepper Grinder carte

Les mondes sont malheureusement parcourus beaucoup trop rapidement.

…« et en plus, il lui manque des pièces »

Le temps passé dans les niveaux pourra bien sûr varier d’une personne à l’autre (il parait que j’ai une tendance à rusher, selon certains). À l’image de bon nombre de jeux de plateforme modernes, on peut dans Pepper Grinder récolter jusqu’à cinq pièces d’or par niveau. Certaines sont bien cachées et demandent de creuser dans des tunnels parfois peu visibles pour les trouver, d’autres nécessitent de prendre des risques pour les atteindre. Il va sans dire que les joueurs un tant soit peu maniaques se devront de toutes les trouver !

Au-delà d’assouvir sa collectionnite aigüe, ces pièces permettent notamment de se procurer dans le magasin de chaque monde une clé ouvrant l’accès à un niveau supplémentaire ; mais il n’y en a qu’un seul par monde. Enfin, après avoir terminé le jeu, un mode contre-la-montre devient disponible, pour les personnes qui aimeraient tester leurs connaissances des niveaux, et obtenir quelques trophées au passage.

 

Pepper Grinder boutique

Dans les magasins de chaque monde, on peut aussi acheter des objets à collectionner comme des autocollants ; pas forcément indispensable.

Ça tourne pas rond

Finalement, mon ressenti face à Pepper Grinder est quelque peu en demi-teinte. Je ne peux pas nier ses qualités : le concept est original, et les déplacements du personnage offrent de bonnes sensations. Le pixel art est joli sans être inoubliable, et les animations des différents personnages ajoutent un petit charme. Même constat pour les musiques, qui accompagnent bien l’ensemble, mais ne resteront pas forcément en mémoire.

Mais il est difficile de ne pas être frustré par le contenu famélique. Le concept est suffisamment accrocheur pour qu’on en veuille plus, surtout que les niveaux du dernier monde donnent un aperçu de ce que pourraient donner des stages pour complexes. Personnellement, j’aurais en tout cas préféré quelques niveaux supplémentaires plutôt que ce boss de fin inutilement long et difficile. C’est dommage, et on ne peut qu’espérer qu’une suite plus complète voie le jour. Au moins, le jeu ne coûte pas bien cher, et on ne pourra pas lui reprocher de s’étirer plus que nécessaire !

 

Note : 6 vrilles / 10

Testé sur PC (Steam, Epic Games Store, GOG), aussi disponible sur Nintendo Switch

 

Author: Milambert

Bien qu’un doute subsiste sur l’accent à adopter lorsqu’on prononce son blaze, ses ascendances gauloises nous font pencher pour la rime avec le camembert. Né avec une console portable du petit artisan nippon entre les mains, Milambert brille toutefois par son éclectisme. Si son régime alimentaire se résume au gras et aux animaux morts, d’un point de vue vidéoludique il est l’antithèse du sectarisme incarnée. C’est bien simple, il touche à tout ce qui peut s’acheter sans se jouer. Il paraîtrait que c’est même encore plus savoureux si ça peut s’acheter sans se déballer. Derrière son calme et ses allures stoïques se cache un véritable speedrunner. Sa maîtrise des éléments du tableau périodique lui permet en effet de transformer les heures en minutes et les minutes en secondes. Ce talent secret le fait considérablement baisser les moyennes de « How Long to Beat » à lui seul. Ses ambitions alchimiques et sa quête de montagnes épargnées par les étés caniculaires ont fini par le faire s’exiler en Helvétie. Depuis, c’est avec le gruyère que rime Milambert.

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