On avait dit pas les mamans ! [The binding of Isaac : Repentance]

Sorti le 31 mars dernier, Repentance est le DLC ultime de The binding of Isaac: Rebirth (Nicalis, E. McMillen, 2014). Très attendu par les nombreux fans, sa sortie a été reportée, alors initialement prévue fin 2020. Un jeu enfantin déconseillé aux âmes sensibles et aux gens trop sérieux. Décryptage par nos experts d’un phénomène au potentiel ludique infini.

Abjure ta foi en Belzebuth et tu mourras pardonné

Au commencement, il y avait le vide. Puis, Edmund McMillen et Florian Himsl créèrent The binding of Isaac, un petit jeu indépendant d’action-aventure. Sorti en 2011, l’opus fit grand bruit et devint rapidement culte. On y incarne Isaac dont la mère, accro aux télé-évangélistes, entend une voix lui demander de sacrifier son fils. Interprétant cette injonction comme un signe divin, elle s’arme d’un couteau et poursuit le garçon qui se réfugie dans un souterrain. Dans ce donjon généré de manière procédurale, il sera confronté à des figures bibliques dans un monde proche de l’imaginaire freudien. Cet enfant traumatisé n’aura, pour se défendre, que ses yeux pour pleurer. Blasphématoire, politiquement incorrect, rempli d’humour noir et de références en. tout genre, The binding of Isaac ressemble, sur la forme, à un The legend of Zelda (Nintendo, 1987) sous acide. Repentance Repentance

Isaac zelda

Isaac se prend pour Link

 

Après le DLC Wrath of the Lamb (Nicalis, 2012), tel le serpent tentateur, le roguelike fit peau neuve lors de la sortie de The binding of Isaac: Rebirth en 2014. Fin du moteur flash, nouveaux designs, grandes salles, nouveaux personnages et objets, ce fut une petite révolution. L’engouement devint fanatisme. Les sorties successives d’Afterbirth et Afterbirth+ rajoutèrent de l’huile sur le buisson ardent. Rien ne semblait freiner l’ascension du jeu promis.

Le joueur du cellier

Puis vint le moment où un fan du jeu de base dénommé kilburn, eût besoin d’exprimer son talent et d’augmenter le challenge. Il se mit donc à travailler sur un mod de son propre cru. Deux ans plus tard, il accouchât du bébé Antibirth. Ce projet fût très bien accueilli par la communauté et tout ce monde était d’accord pour dire qu’on tenait là le meilleur mod disponible pour Rebirth. Le succès fut tel que Sa Sainteté Edmund McMillen décida de faire appel à lui pour développer le dernier DLC de son jeu The binding of Isaac : Repentance. Celui-ci intégrera le mod Antibirth en version améliorée ainsi que de nombreux changements dont nous parlerons plus en détail dans la partie spoiler.

 

Tuto issaac

Magdalène vous présente le tutoriel

Et tu sauras pourquoi mon nom est l’Éternel

Concernant le gameplay, rien de trop compliqué. On se déplace et on tire des larmes dans quatre directions (haut, bas, gauche, droite), on place des bombes et… c’est presque tout. On avance dans les niveaux, on loot, on bat les boss, on descend d’un étage et on recommence jusqu’à l’un des boss finaux. Là où le jeu se démarque, c’est sur les centaines d’items et leurs innombrables effets. Tout le sel est là. Il y a deux catégories d’objets, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent (euh non c’est pas ça) les passifs et les actifs. Les premiers, cumulables, modifient vos stats et/ou vos projectiles jusqu’à ce que votre foi demande pitié. Les seconds provoquent des effets une fois chargés (apparition du soutif de maman, invulnérabilité, invocation de bébés partis trop tôt, etc.). Toutefois, dans votre build, il ne peut en rester qu’un.

 

Boss fight

Lazarus combat son premier boss. C’est bien gamin.

 

L’aléatoire engendrera les saintes synergies. Les combinaisons de certains items vont rendre des runs super fun alors que d’autres vous donneront envie de vous pendre. Par exemple, si l’on a eu les larmes laser et l’épée de Link, poum, voilà un sabre laser sith. Au contraire, si l’on a des larmes explosives et l’objet miroir, bim, des bombes boomerangs, pour notre plus grand malheur. Bref, des parties très drôles, car aucun run ne ressemblera aux précédents.

Les moyens d’obtenir des items sont légion. Les différents types de mendiants, les salles de sacrifices, les magasins, les pactes avec le diable, etc. L’optimisation des runs sera notre sauveur. Les possibilités sont telles que même après six cents heures de jeux, impossible de maîtriser toutes les variables. La simplicité du gameplay mélangée aux très nombreuses mécaniques et aux étages générés de manière procédurale produira chez vous des décharges d’adrénaline, de dopamine et de sérotonine. Seringues incluses.

Un jeu parfait pour la famille Addams

Maintenant, imaginez ce joyeux merdier (on en a pas parlé, mais il y est très souvent question de caca et autres fluides dans ce jeu) à quatre joueurs. Eh oui, The binding of Isaac : Repentance comprend désormais un mode co-op en local (et en pseudo online grâce à un certain launcher). Tout ça pour pouvoir se rendre en enfer afin de terrasser « Mega Satan » et d’autres affreux avec des amis. Et oui, il y a encore de bonnes âmes qui utilisent leur temps libre pour vaincre le malin.

 

co-op Isaac

Un run en famille

Always look on the right side of fight

Tout comme les versions précédentes, Repentance fourmille de références. Passé les autocitations, le clin d’œil le plus appuyé concerne Link’s awakening. (Nintendo, 1993), mais on trouve aussi des hommages à Doom (id software, 1993), New Super Mario Bros (Nintendo, 2006) ou encore Pokémon (Game Freak, 1998). Certaines inspirations étaient attendues, notamment la religion chrétienne. (Genèse, Purgatoire, Rédemption…) et d’autres sont plus surprenantes, comme la mythologie grecque, le vaudou, l’astronomie ou la psychologie. Certains objets citent Led Zeppelin, les contes de Canterbury, Balzac ou encore « The Dark Knight » de Chrisopher Nolan. Enfin, certains éléments rappellent la culture populaire avec des attrape-rêves, des références à la tourista ou encore une savonnette glissante qui augmentera assurément votre débit de larmes…

 

4 brimestones

Avec le bon build, on roule sur le jeu

Isaac is back

Su-blime. D’une manière glauque, gore et suintante, la direction artistique est sublime. Ça a un petit côté « body horror » à la Cronenberg. Du character’s design des monstres et des variations des ennemis déjà existants aux reflets dans l’eau des niveaux inondés, tout est beau. Beauté fade, comme un poème triste un jour de pluie… Plus sérieusement, Repentance est rempli à ras bord d’idées visuelles bien exploitées, formant un tout cohérent et harmonieux. La musique du groupe Ridiculon est de très bonne facture. Principalement orientée rock, elle accompagne très bien l’action et vous plongera dans une ambiance grave et mystérieuse. Le sound design a également évolué pour le meilleur et les effets sont extrêmement satisfaisants. On en ferait une playlist ASMR pour s’endormir. (Ah le doux bruissement des pièces sonnantes et trébuchantes…)

 

Devil deal Isaac

Sacrifier de la vie pour un bon objet ?

Vous qui pénétrez ici, abandonnez tous vos cœurs (ALERTE SPOILER)

Des itinéraires alternatifs avec de nouveaux boss et de nouvelles fins, plus de 100 nouveaux ennemis, 10 nouveaux challenges, 19 nouveaux personnages, Repentance ne lésine pas. Il faudra désormais compter sur les synergies des 716 items et 88 trinkets. Certains ont subi un rééquilibrage. La plupart des objets les plus forts ont été amoindris tandis que les plus inutiles ont été améliorés. La méta a donc été totalement revue et les anciennes stratégies pour casser le jeu sont désormais caduques. Selon les développeurs, pour chaque item nerf, 2 ont été buff. Donc même si au début on se sent abandonné par nos objets favoris, on se rend vite compte que la méta générale est très bien équilibrée.

Sinon on en parle du mode hard qui est devenu vraiment très difficile à cause de la vitesse des tirs ennemis qui a significativement augmenté ? Non, on se contentera de rager avant de retenter un run.

Moyennant certaines conditions relativement vicieuses, vous aurez accès à des planétariums. Ces salles spéciales vous permettront d’obtenir des objets en lien avec le système solaire. Les propriétés hallucinantes de ces objets auront de quoi impressionner les plus blasés d’entre vous. Les versions « tainted » des personnages sont toutes des variations intéressantes. Du Juda ninja au Samson Berzerker en passant par Lilith (pas sûrs que vous vouliez savoir…) tout est surprenant. Avec ces personnages alternatifs, le jeu nous offre 17 nouveaux gameplays totalement inédits et très réussis.

 

planétarium Isaac

Azazel a la tête dans les étoiles. Et il porte un masque !!!

La première règle du Isaac club

Malgré tous nos efforts, The binding of Isaac est un jeu qui ne s’explique pas. On tombe dedans, par hasard ou par erreur, et ça fait partie de nous. Et c’est un cercle fermé, car s’entendre dire, au détour d’une conversation : « J’ai trouvé le bébé décapité et la tête de chat » peut déconcerter. Tout comme un certain club, on ne parle pas de ce jeu en public. Toutefois, pour peu que vous accrochiez au gameplay et à son délire, le jeu en vaut la chandelle. Le prix du DLC (15.-) peut paraître élevé, mais lorsqu’on prend en compte les CENTAINES d’heures de jeu en perspective, ça fait pas cher la minute…

Attention, ce jeu est hautement addictif. Nos testeurs n’ont pas vu leurs familles depuis la sortie du jeu.

 

10 larmes de joies sur 10

Testé sur PC, DLC disponible sur PC uniquement. Et prochainement sur PS4/5 et Switch

Article rédigé à quatre mains par Dinomik et Plissken.

 

Author: Plissken

Élevé dans les hautes terres du Val-de-Travers, au sein d'une secte vénérant l'absinthe, il en fut banni à la suite de ses propos, bientôt qualifiés d'hérétiques. En effet, le visionnage du film «The Big Lebowski» lui fit remettre en question son éducation obscurantiste. Honni de tous, il hante désormais les supérettes vêtu d’un peignoir, sirote des russes blancs et joue sur son PC (c’est chiant comme Drucker, le bowling). Lors de ses moments de lucidité, il se plonge dans les écrits du Necronomicon afin de maudire les développeurs de DLC abusifs et de tailler le bout de gras avec les grands anciens. Virtuellement, Plissken se complaît dans les jeux moralement ambigus, absurdes et difficilement compréhensibles par le commun des mortels. Ses tests sont-ils autant maudits que son livre préféré ? Oserez-vous les lire ?

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2 Comments

  1. Trop bien!!!
    Et si jamais pour les gamers Mac, c’est possible d’y jouer aussi, même sans dual boot. Installez steam dans Porting Kit et le tour est joué.

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    • Merci ermood de nous aider à convertir les âmes perdues.

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