Problème de côlon, la vieillesse est un naufrage. [The Settlers : New Allies]

Il est des jeux qui bercent notre enfance et qui laissent au fond de nous des traces indélébiles. Settlers 2 est de ceux-là pour votre humble (et vieillissant) serviteur.

Mais qu’est-ce qu’est Settlers 2, me direz-vous les jeunes? Alors il s’agit de beaucoup de choses en même temps. D’abord une aventure dans laquelle on menait son peuple perdu, d’inspiration vaguement romaine, à la recherche de ses ancêtres à travers une dizaine de missions. Pour ce faire, il s’agissait chaque fois de s’étendre sur une carte en bâtissant une économie cohérente ainsi qu’une logistique intelligente pour gérer tout cela. Si la première mission faisait office de tutoriel, les suivantes introduisaient rapidement des ennemis en travers de votre chemin. La conquête de territoire devenait ici plus intéressante et nécessitait une gestion des ressources lucide pour s’en sortir. La gestion de la troupe, son salaire et de ses armes s’ajoutant sur la pile des potentiomètres à ajuster. Les pierres et les métaux se trouvant en nombre fini sur chaque carte, la parcimonie était de mise.

 

La légende, l'original.

La légende, l’original.

 

Une de ses originalités résidait dans le fait qu’on ne contrôlait pas sa population directement, mais qu’on lui donnait des ordres en posant des bâtiments et des chemins. Le peuple s’organisait alors là autour. De ce fait, c’était au joueur de mettre en place des trajets réfléchis entre tous les flux de matière.

Settlers, c’était mieux avant. Au moins.

En plus de ce gameplay bien huilé (NdFounet: comme un gladiateur d’inspiration vaguement romaine?), le jeu se targuait d’être mignon comme tout bardé de couleurs méditerranéennes et printanières.

Il était multijoueur tant en réseau (la norme actuelle) que localement (à deux sur le même écran avec… deux souris!) et offrait également des escarmouches paramétrables en termes de nombre d’adversaires sur une jolie fournée de cartes.

Je dois avoir fini la campagne cinq ou six fois en cinq ans. C’était toujours un plaisir d’y revenir. Je me souviens notamment avec que, fuyant une catastrophe, on s’échappait via des portails qui s’ouvraient uniquement quand ils étaient sous notre contrôle et ne nous permettaient d’emporter qu’un minimum de matériaux. Ceci posait un peu de cohérence dans le principe de recommencer à développer sa base « from scratch » à chaque mission. Et le dépaysement était renforcé par les ennemis que l’on rencontrait, tour à tour d’inspiration sub Saharienne, est-asiatique et viking.

Nouveaux à lier

Pourtant je ne suis pas censé tester Settlers 2, mais son lointain descendant. Alors pourquoi je vous écris tout ça? Ce n’est pas parce qu’on a un nombre de signes à faire pour plaire à Founet Notre Chef, non. Mais parce que The Settlers : New Allies, c’est un remake qui n’annonce pas la couleur trente ans après la sortie du premier opus. (Bon, en vrai, Ubisoft a finalement communiqué que c’était, « indeed », un redémarrage de la série.)

 

Il a du charme quand même non?

Il a du charme quand même non?

 

Si la franchise a compté un sacré nombre de jeux, du très bon The Settlers 7: Paths to a Kingdom (qui permettait de gagner avec la science ou le commerce et pas uniquement à la baston), à certains autres titres parfaitement oubliables, aucun ne m’a laissé un aussi bon souvenir que Settlers 2 donc. Et aucun ne m’a semblé aussi bien équilibré… à part peut-être Settlers 2 Anniversary, sorti pour les 10 ans de l’original… en 2006. Un remake officiel ce coup. Avant même que ça soit un truc qui se fasse couramment d’ailleurs. Donc c’était Settlers 2 quoi.

Bref, on est donc devant une équipe de développeurs (ou est-ce venu du bureau marketing, cette cour des miracles capable de sublimer n’importe quel titre? #toimêmetusais) qui a choisi d’essayer de réexploiter la mine d’or du siècle passé. Et comme dans Settlers 2 l’original, ben la mine, elle ne contient qu’un nombre fini de matériels. Et finalement, le résultat est, étonnamment, moins bon.

Settlers, t’as pas bonne mine

Mais commençons quand même par ce qui fonctionne bien dans cette nouvelle mouture. Déjà, le jeu dégage une ambiance vraiment agréable. Un côté cartoon moderne ( la patte de la série) maitrisé. Des animations propres et efficaces et un paysage et une bande son relaxants juste ce qui convient.

 

On s'adapte à l'environnement. Dénivelés compris.

On s’adapte à l’environnement. Dénivelés compris.

 

L’histoire de la campagne, sans être une copie conforme de son aïeule, reste quand même très proche. Moins originale et plus attachée aux détails, je l’ai vite trouvé longuette. Les cinématiques interminables, avec des personnages clichés et manichéens qui feraient passer les protagonistes d’un Disney pour des gens échappés d’un livre de G.R.R. Martin, n’aident pas à en apprécier le déroulement.

 

Ces protagonistes me sortent par les trous de nez... Ils ont tellement inintéressants...

Ces protagonistes me sortent par les trous de nez… Ils ont tellement inintéressants…

C’est l’heure

Mais dans l’absolu, on pourrait faire abstraction de cette tare d’emballage si le jeu parvenait à magnifier la formule. Malheureusement, le gameplay, bien que présentant quelques sympathiques améliorations (sur lesquels j’ai écrit une petite bafouille plus bas), a été simplifié dans les grandes lignes. Les mines ne s’épuisent plus, les soldats sont maintenant dirigés comme dans un (pauvre) RTS. Alors qu’avant, on donnait des ordres généraux du style « Attaquez cette région! » et celle-ci dépendait de ses structures défensives. Les sièges se réglaient automatiquement et une fois la forteresse locale détruite, la région était libérée de toute occupation. L’enjeu actuel se mue en la destruction des camps adverses en attaquant chaque construction. On peut certes se contenter de détruire uniquement tous les entrepôts (ce qui suffit à vaincre l’adversaire) : notre armée traversant le territoire ennemi, ignorant les bâtiments défensifs et autres structures de production pour éliminer seulement ce type de d’édifices de stockage. Ainsi le champ de bataille ne ressemble vraiment plus à rien.

 

La bagarre!

La bagarre!

 

In fine, le jeu se résume à sécuriser quelques mines de métaux, construire quelques tourelles défensives à nos frontières pour tenir à distance nos ennemis. Puis à empiler une montagne d’unité de différentes armes (archers, lanciers, porteurs de bouclier, etc.) et lancer tout ce beau monde comme une énorme déferlante sur le ou les camps ennemis. Je crois que quand on leur a dit, « On va jouer sur la nostalgie, les mecs », ils ont compris:  » Faites un jeu avec un gameplay moyen de la fin des années nonante ». C’est triste parce que l’original, sans être extraordinaire non plus à l’aune de ce qui se fait de nos jours, était bien mieux équilibré.

C’est pas si mal meh

J’ai quand même passé une petite dizaine d’heures potable. L’organisation de chaque colonie reste quelque chose de prenant. Même si la gestion des flux est elle aussi simplifiée et pas pour le meilleur (même si cela se déroule de manière peut-être plus logique pour une population humaine).

Settlers : New Allies n’est donc pas désagréable, mais j’ai le sentiment qu’on tient là un nouveau et estimable membre de la confrérie des jeux oubliables. Et Dieu sait si la franchise en connait de nombreux. Comment vous dire… j’ai vraiment l’impression d’avoir affaire à un jeu de commande. Un truc qui remplit un cahier des charges sans passion ni génie. Et c’est un peu triste.

5 nostalgiques/10

Testé sur PC. Disponible également sur Xbox, PlayStation, Nintendo Switch.

 

Les améliorations (parce qu’il y en a quand même) par rapport à Settlers 2

Settlers 2 reste un jeu du siècle passé. Il n’est donc pas étonnant de pouvoir y faire des changements constructifs qui s’avèrent plutôt bons ma foi. Voici, pêle-mêle un certain nombre d’améliorations qui m’ont plu:

Le commerce

Premièrement, l’ajout d’une gestion du commerce permet d’orienter sa production dans certaines directions adaptées à l’environnement. Par exemple, sur une carte ne possédant pas de mine de fer, il est possible d’en acheter contre de grandes quantités de bois récolté dans les luxuriantes forêts des alentours, entre autres. (Note: cette perspective de commercer se retrouve dans des versions précédentes de la série, mais pas dans mon maitre étalon).

Les soldats

On trouve maintenant une assez grande variété d’unités militaires. En plus des traditionnels moyens de trouer son prochain, il est possible de recruter des shamans tant offensifs (utilisation de boule de feu et autres joyeusetés du style) que défensifs (surtout du soin, mais également de la bénédiction). Du coup, le gameplay RTS (qui reste à mon avis moins intéressant que l’ancien quand même) bénéficie d’un bonus de profondeur.

Les frontières

La gestion des frontières (qui est une des composantes fondamentales de la franchise) a été étendue. Si les bâtiments, spécialement les militaires, augmentent notre territoire, il est aussi possible d’envoyer des géomètres pour agrandir les limites de sa propriété. C’est efficace et cohérent.

Les académies

Il est possible de construire des académies dans lesquelles on peut améliorer un tas de choses en faisant des recherches adéquates. Il existe deux arbres de découvertes fixes et un troisième à choisir entre trois autres. Une sorte de mini spécialisation (attaque, défense ou expansion économique) permet d’orienter un peu sa civilisation. Ça reste assez basique cependant.

Les bonus de fin d’année

Presque chaque type de production peut-être « dopé » avec un autre produit. La scierie, par exemple, augmente son débit de planche si on lui fournit du poisson. Ce qui permet de booster la fabrication de certaines ressources présente en petite quantité. Le principe est très bon (et là aussi pas forcément nouveau dans la série), mais le jeu étant trop facile, il ne sert surtout que d’accélérateur de partie. Je salue le geste quand même.

 

Author: Zyvon

Élevé à la dure par des parents aux penchants amish, hermétiques à la technologie, l’accès aux jeux vidéo n’a pas été facile pour Zyvon. C’est en utilisant l’argent de sa bar-mitzvah, reçu lors de sa première communion, qu’il s’acheta lui-même un ticket pour les mondes diaboliques de la perversion sous la forme d’une Megadrive. #TeamSonic. Malheureusement, il vécu la crucifixion du hérisson bleu comme une trahison et renonça à jamais aux consoles, pour rejoindre les rangs bénis et accueillant de la glorieuse “PC Master Race”, en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Son éducation sévère mais néanmoins rustique, lui a donné le gout des choses bien faites et faites jusqu’au bout. Zyvon est dur mais juste mais dur.

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